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Travaux de couverture en matériaux fragiles : sécuriser le travail en hauteur

Dernière mise à jour le : 09/07/2024

Couvreurs, étancheurs, charpentiers, intervenants en toiture : si vous êtes amenés à circuler sur une couverture en matériau fragile, vous devez prévoir des moyens de protection collective pour réaliser votre intervention protégé des chutes de hauteur. Voici les mesures de prévention à mettre en œuvre pour la pose ou l’entretien de la couverture.

Matériaux fragiles en couverture

Les toitures fragiles sont principalement celles composées de plaques fibres-ciment neuves (avec fibres de cellulose) ou anciennes (souvent composées de fibres d’amiante, interdites à la vente depuis 1997).

Mais les matériaux fragiles, concernent aussi les diverses plaques (planes, ondulées ou nervurées, teintées ou non, translucides) réalisées en verre (armé ou non), fibres asphaltées, résine de polyester (avec ou sans fibres de verre), polycarbonate (chlorure de polyvinyle et plus généralement les polymères thermoplastiques), les toitures traditionnelles en chaume, les tôles ondulées d’épaisseur inférieure à 80/100 de mm, neuves ou dégradées par le temps.

Plus généralement, les toitures fragiles sont constituées d’un matériau qui, neuf ou après vieillissement (UV, intempéries) ne possède pas les caractéristiques de résistance nécessaires pour supporter la masse d’une personne et résister à la chute d’une personne.

En outre, pour les travaux neufs ou de remplacement complet d’une couverture, on assimile les bacs métalliques auto-portants à des matériaux peu résistants jusqu’à leur fixation définitive.

Enfin certaines plaques servent de sous-toiture :

  • Support de tuile de type « canal »
  • Panneaux de contreplaqué ou d’aggloméré support de revêtement d’étanchéité

Elles doivent également être considérées comme fragiles, n’étant pas non plus conçues pour supporter un opérateur.

Les lanterneaux d’accès en toiture terrasse sont également à inclure dans les matériaux fragiles, lorsqu'ils ne sont pas équipés de grille antichute.

Charge admissible

Les plaques en fibres-ciment, qui constituent la grande majorité des plaques employées (tout comme les plaques translucides), quel que soit leur âge, leur marque ou leur type, ne sont pas conçues pour résister au poids d'un homme : elle sont dimensionnées pour des charges de neige, de vent, mais pas pour l’appui ponctuel d’un opérateur. Les fiches techniques de ces matériaux rappellent notamment que les intervenants en toiture doivent travailler sans prendre appui directement dessus.

Accès pour le repérage

Le besoin de repérage en toiture se fait sentir très en amont du chantier : dès la phase devis, pour la réalisation du diagnostic et des mesures.

La fragilité du support est souvent méconnue ou sous-estimée : les opérateurs circulent directement sur la couverture en matériau fragile.

Sur les deux dernières années, 25 % des accidents liés à des toitures fragiles concernent une phase de repérage (ou de préparation de devis). Les accidents ont lieu, dans la grande majorité des cas, lors de travaux de courte durée.

En tout premier lieu, cherchez à éviter les risques en supprimant le danger ou l'exposition au danger.

A minima, lors de la première prise de contact, il est indispensable de se renseigner sur les possibilités d’accès en toiture et/ou de mesure à distance. Privilégiez le drone comme moyen de repérage.

De nombreux prestataires proposent de réaliser pour vous cette phase par drone, accompagné d’un traitement des données pour réaliser le métré ou tout autre exploitation des images.

<i>Le drone, couplé à une tablette tactile, effectue les prises de vue du bâtiment, qui sont instantanément transférées à un logiciel de maquettes 3D.</i> Il est possible d'utiliser un drone et un logiciel de gestion pour le métré de couverture.

Ces solutions sont économiquement avantageuses, au regard du temps gagné et des risques évités.

Si cette solution ne peut être retenue, des moyens de protection sont à mettre en œuvre, équivalents à ceux décrits dans les paragraphes suivants.

DT - ESO

La préparation du chantier, la recherche de solutions d’accès, de moyens de sécurisation et de stockage sont des essentiels qu’il ne faut pas sous-estimer. Des aléas surviennent immanquablement sur les chantiers, l’anticipation des moyens nécessaires à l’intervention facilite leur gestion.

Lorsque le site le permet, privilégiez l’intervention pour réaliser les travaux, par le dessous, au moyen d’un équipement adapté (échafaudage, PEMP, etc.).

Si ce n’est pas possible, les mesures de prévention à mettre en œuvre sont semblables, que vous interveniez pour des travaux de réparation ou d’entretien, ou pour la pose ou le remplacement complet de la couverture en matériau fragile.

Si des dispositions ont été prises à la construction du bâtiment, pour permettre d’effectuer en sécurité les travaux d’entretien de la toiture fragile (dispositifs permanents), elles doivent figurer dans le « Dossier de maintenance des lieux de travail » ou dans le DIUO (dossier d’interventions ultérieures sur l’ouvrage) et être respectées.

Dans le cas contraire, les conditions d’intervention sont à définir pour garantir la sécurité des intervenants.

Dans tous les cas, donnez la priorité aux protections collectives.

Météo pendant le chantier

Une toiture rendue glissante par la pluie, le gel ou un coup de vent peut engendrer des déséquilibres lors d’une intervention en toiture : définissez des restrictions d’accès en toiture selon les conditions météorologiques et avant toute intervention, vérifiez les prévisions météo.

Accès à la couverture

Si un accès sécurisé à la couverture n’est pas déjà existant, une tour d’accès avec escalier permet d’accéder en sécurité au poste de travail. En cas d’impossibilité technique, pour une intervention de courte durée et si son utilisation n’est pas répétitive, une échelle, avec stabilisateur, fixée en tête, en pied et dépassant le plancher d’accès de 1 mètre minimum, peut être envisagée (après évaluation des risques découlant de la fréquence de circulation, de la hauteur à atteindre et de la durée d’utilisation).

Sécurisez la périphérie de la toiture au moyen d’un échafaudage périmétrique (de préférence MDS – Montage et Démontage en Sécurité) permettant de couvrir toute la périphérie de la zone d’intervention (bas de pente et rives). Le montage/démontage et les vérifications de l’échafaudage doivent être réalisés par du personnel formé à cet effet. Equipez votre échafaudage d'escaliers extérieurs en aluminium en remplacement des plateaux-trappes, facilitant l’accès aux postes de travail.

Dans les cas pour lesquels un échafaudage ne peut être implanté, des garde-corps en bas de versant et/ou en rives doivent être installés.

Volées d Volées d'escalier pour accès échafaudage

Exceptionnellement, en fonction de la typologie du chantier, des échafaudages en consoles peuvent également être installés : la structure doit posséder les caractéristiques de résistance nécessaires et vous devrez valider les ancrages par une note de calcul.

Des dispositifs, considérés comme des équipements temporaires de chantier, permettent de former des chemins de circulation sur la toiture. Ils reposent, par l’intermédiaire de la couverture (ou parfois directement sur les pannes), sur des éléments de la structure du bâtiment (plusieurs pannes). Ils sont généralement constitués de plaques métalliques manuportables et d’accessoires pour les assembler. Certains modèles sont équipés de garde-corps.

Attention : après installation, aucun porte-à-faux ne doit subsister à l’exception de l’extrémité située au-delà de la panne faîtière.

La mise en place sur la couverture de dispositifs de circulation n’évite pas toujours l’accident : le travailleur peut perdre l’équilibre (faux pas, effort, planchers de circulation trop étroits, vent, etc.), tomber dans le vide ou, cas le plus courant, prendre appui sur le matériau fragile et passer à travers la couverture.

Selon les caractéristiques des équipements sélectionnés (notamment présence de garde-corps ou non), il peut être nécessaire de les compléter par un système d’arrêt de chute (avec harnais) dont les points d’ancrage ou les lignes de vie sont définis par l’encadrement.

Des protections complémentaires peuvent être installées pour protéger les plaques (translucides ou non), tel que des grilles sur cadre métallique à installer directement sur la toiture en prenant appui sur des éléments structurels.

Dans le cas d’une construction neuve, d’une rénovation complète de la toiture ou d’un simple remplacement, il est recommandé, afin de supprimer le risque de chute par rupture de plaques en matériau fragile, d’installer des matériaux de couverture de résistance suffisante pour supporter la charge ponctuelle d'un opérateur.

En complément, si un lanterneau est présent sur la toiture, prévoyez son remplacement, dès le début des travaux si possible, par un produit résistant à l’essai dit «1200 joules». A minima, ce lanterneau devra être équipé d’une grille antichute (qu'il serve d'accès ou simplement de source d'éclairement).

En complément des protections collectives sur la toiture, des dispositifs de recueil souples (filets de sécurité) peuvent être positionnés sous la zone de travail ou de circulation, si la configuration du bâtiment le permet (avec tirant d’air suffisant notamment) pour le recueil en cas de chute d’un intervenant. Cette zone doit être balisée :

Utilisation d Utilisation d'une nacelle araignée pour la mise en place de filets en sous-face pour des travaux de couverture

  • Sous la toiture pour éviter tout risque de heurt (avec un tiers notamment) en cas de chute dans le filet (via le tirant d’air) ;
  • Sur la toiture, notamment si le filet ne couvre pas l’ensemble de la zone d’intervention, suivant l’organisation du bâtiment et des travaux.

S’il subsiste des zones de danger, qu’il n’a pas été techniquement possible de protéger, l’employeur prend toutes dispositions pour que seuls les travailleurs autorisés à cet effet puissent y accéder et les signale de manière visible (articles R. 4224-4 et R. 4224-20).

Les travaux sur les toitures sont soumis au respect des dispositions du Code du travail suivantes :

  • Articles R4141-1 à R4141-5 et R4141-13 relatifs à l’information des travailleurs sur les risques et leur formation à la sécurité ;
  • Article R4224-4 relatif aux dispositions limitant l’accès à la zone de danger : 'des dispositions sont prises pour que seuls les travailleurs autorisés puissent accéder à la toiture, avec les moyens appropriés pour les protéger vis-à-vis des chutes de hauteur' ;
  • Articles R4532-95 à R4532-98 relatifs au dossier d'interventions ultérieures sur l'ouvrage (DIUO).

Par ailleurs, des prescriptions techniques s'appliquent durant l'exécution des travaux en toiture et sont prévues aux articles suivants du Code du travail :

  • Article R4534-85 relatif à l'obligation de protection contre la chute de hauteur si hauteur d'intervention >3m ;
  • Article R4534-86 relatif à l'obligation d'utilisation d'un échafaudage évitant chute au vide, si impossible : protection individuelle ' système d'arrêt de chute ' (harnais) ;
  • Article R4534-87 relatif à l'obligation de vérification des GC et/ou dispositifs d'arrêt de chute existants sur le toit ;
  • Article R4534-88 (toitures fragiles) relatif à l'obligation de mettre en place un dispositif pour ne pas prendre directement appui sur le matériau fragile ;
  • Article R4534-89 : Si article l'article R.4534-88 est impossible à mettre en œuvre, ' des dispositifs propres à prévenir efficacement les conséquences d'une chute sont installés en dessous de la toiture. Lorsque la mise en place de ces dispositifs est impossible, le port d'un système d'arrêt de chute est obligatoire ' ;
  • Article R4534-90 relatif aux travaux vitres en toiture (relatif à l'obligation d'évacuer les déchets (coupants) à l'avancement ;
  • Article R4534-91 relatif à l'obligation de fixation des échelles de couvreur ;
  • Article R4534-92 relatif à l'obligation de mettre en œuvre un signalement visuel sur les obstacles en toiture lors de l'intervention ;
  • Article R4534-93 relatif à l'obligation de mettre en œuvre un chemin de circulation large et pérenne en cas d'intervention sur plusieurs jours ;
  • Article R4534-94 relatif à l'interdiction de travailler sur un toit glissant (météo) sauf si dispositif spécifique de protection.

Enfin, concernant l'interdiction d'affecter un jeune travailleur à du travail en hauteur et les dérogations possibles, les dispositions suivantes du Code du travail sont applicables :

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