L'enjeu sécurité routière est-il bien traité ?
Agir sur les comportements des usagers de la route, y compris professionnels, est au cœur de la mission de la Sécurité routière.
Date de mise à jour : 24 sept. 2024 - Auteur : Jeremy Debreu
©Dorian Prost
Déléguée interministérielle à la Sécurité routière, Florence Guillaume occupe un poste stratégique pour rappeler les grands enjeux du risque routier professionnel et pour définir des pistes d’action pour mieux le maîtriser.
À quoi peut-on attribuer la récente hausse de l'accidentologie routière ?
L’observatoire national interministériel à la sécurité routière estime que 1 218 personnes sont décédées sur nos routes au cours des cinq premiers mois de l'année 2024, soit un chiffre similaire à la mortalité constatée sur la même période en 2018 et en 2019 mais en hausse de près de +10 % par rapport à la même période en 2023. L'année 2023 a été une année historique en termes d'accidentalité routière avec la plus faible mortalité sur les routes depuis 1926. L’année 2024 démarre sous de moins bons auspices, avec une hausse qui concerne tous les modes de déplacement et l’ensemble des réseaux, notamment les autoroutes. Cette tendance nous engage à poursuivre nos actions de sensibilisation sur les risques routiers et pour un meilleur partage de la route.
L'usage professionnel d'un véhicule constitue-t-il un facteur de risque supplémentaire ?
La route et les malaises sont les principales causes de mortalité au travail. En 2023, 440 personnes ont perdu la vie, dont 296 personnes lors de trajets domicile-travail et 144 lors de trajets professionnels. C’est presque 14 % de la mortalité routière. En 2023, en particulier, 688 personnes ont été tuées dans des accidents impliquant des véhicules utilitaires ou des poids lourds. Le profil type de l’accident en VUL est généralement celui d’un homme, entre 25 et 64 ans, circulant hors agglomération. L’accident a souvent lieu en pleine semaine, entre 16 heures et 18 heures, 30 % des accidents avec les VUL sont liés aux distractions – le téléphone multiplie par vingt-trois le risque d’accident –, à la conduite en état d’alcoolémie et au non-respect des vitesses autorisées. Les angles morts, importants sur un VUL, constituent également un risque accru. Les mesures à prendre peuvent ainsi concerner l’organisation des déplacements ou le bon entretien des VUL.
De quels moyens les chefs d'entreprise disposent-ils pour mieux circonscrire ce risque ?
Selon une étude Harris menée en 2023, tous secteurs confondus, près de neuf salariés sur dix considèrent que les employeurs ont un rôle à jouer en matière de prévention routière. Très active sur la prévention du risque routier professionnel, en liaison avec le ministère du Travail, la Délégation à la Sécurité routière anime la communauté des employeurs engagés dans la charte des 7 engagements + pour une route plus sûre. Ce dispositif a été lancé en 2016 avec l’appui de vingt et un grands chefs d'entreprise. La charte compte aujourd'hui 3 070 signataires, dont 256 entreprises du BTP, et 2 231 PME. Toutes les entreprises, quels que soient leur secteur d’activité et leur taille, peuvent s’engager à leur échelle pour lutter contre les risques routiers et les comportements dangereux de leurs collaborateurs. Le Trophée des « Pros ont du talent » met ainsi en lumière l’engagement des artisans et TPE qui montrent que dès qu’on décide de s’emparer des questions de sécurité, on trouve des idées et toute l’entreprise en sort renforcée.
Toutes les entreprises […] peuvent s’engager à leur échelle pour lutter contre les risques routiers et les comportements dangereux au volant de leurs collaborateurs. 
Florence Guillaume est déléguée interministérielle à la sécurité routière depuis le 19 septembre 2022. Générale de gendarmerie, elle a commandé le groupement de gendarmerie départementale de l’Ain, avant d’exercer des responsabilités en administration centrale.