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SANTÉ

Légionellose, il faut y penser !

La légionellose affecte chaque année entre 1500 et 2000 personnes. Ce risque reste méconnu dans le BTP. Des mesures simples permettent de s’en prémunir.

Dernière mise à jour le : 30/09/2024

C B

Cendrine Barruyer

En résumé :

● La légionellose est méconnue sur les chantiers.
● Un bon entretien des installations sanitaires est indispensable.

Article paru dans PréventionBTP n°287-Septembre 2024-p. 30.

Une toux, de la fièvre, un syndrome grippal. Ce sont les signes les plus fréquents d’une contamination par la légionelle. Souvent, cela conduit à une simple fièvre de Pontiac, forme bénigne de légionellose qui guérit spontanément en quelques jours. D’autres fois, une infection plus sévère se développe. Traitée par un antibiotique adapté, la maladie disparaît en général sans séquelles, mais dans 10 % des cas elle conduit au décès. D’où l’importance de maîtriser à la fois la prévention primaire – prévention de la contamination – et la prévention secondaire – identifier rapidement la maladie en cas de syndrome grippal. La légionellose touche chaque année entre 1 500 et 2 000 personnes.


La légionelle est une bactérie qui se développe dans les eaux stagnantes, à température mitigée (entre 25 et 43 °C). On peut donc la retrouver dans des citernes et des tonnes à eau, notamment en été, ainsi que dans des outils et engins disposant de réservoirs d’eau, non régulièrement vidés et nettoyés. La contamination se fait par inhalation de microgouttelettes d’eau contaminée. Dans le BTP, de nombreuses situations sont susceptibles de générer des aérosols d’eau. Myriam Bouslama, expert assistance conseil sur les risques biologiques à l’INRS, cite ainsi l’exemple de cas de légionellose survenus en Espagne en 2009. Ils étaient probablement liés à l’utilisation d’une asphalteuse dotée d’un réservoir d’eau. En France, trois cas documentés, dont un mortel, émanaient de l’utilisation de douches de chantier, ajoute Myriam Bouslama.

Installation des sanitaires, les bonnes pratiques

Dès l’installation du chantier, des mesures doivent être prises : enterrer ou calorifuger les conduites d’adduction d’eau afin que l’eau reste à moins de 23 °C, même en pleine canicule ; simplifier le tracé du réseau (pas de bras mort, peu de raccords, pas de changements brusques de direction). Il faut aussi privilégier les chauffe-eau instantanés et, à défaut, utiliser des ballons de stockage verticaux (meilleure stratification des températures), dotés d’un thermomètre et réglé au minimum à 55 °C. Enfin, veiller à poser les mitigeurs au plus près des douches. Le Dr Christian Morel, médecin du travail à Pôle Santé Travail (Lille) alerte sur les chantiers en réhabilitation où l’on réutilise des installations déjà présentes mais mal entretenues. « Là, le risque est important. » En cas de prolifération de légionelles dans des sanitaires, deux méthodes curatives complètent la maintenance préventive : le choc thermique (écoulement d’eau brûlante pendant 30 minutes) et le choc chimique (chlore à forte concentration pendant douze heures par exemple).
Lorsqu’un cas survient, il est automatiquement signalé à l’Agence régionale de santé (ARS), qui mène une enquête. Après la contamination survenue sur l’un des chantiers suivi par le Dr Morel, toutes les équipes présentes ont été interrogées. Quant au salarié infecté, sensibilisé au fait que son tabagisme avait favorisé le développement de la maladie, il a désormais arrêté de fumer ! 

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Un risque encore mal identifié par les entreprises

« Le risque légionelle n'est pas assez connu dans le secteur du BTP », regrette le Dr Christian Morel, qui a lui-même été confronté à deux contaminations de compagnons au cours de sa carrière. Ainsi, pour les plombiers, le DUERP et les fiches d'entreprises devraient mentionner la possible présence de légionelles dans les réseaux sur lesquels ils opèrent et les précautions à respecter. Ce n'est pas assez souvent le cas. Quant au risque lié aux douches de chantier et aux pulvérisations ­– qui peut concerner de nombreux salariés du BTP – il est globalement ignoré par les entreprises. Or, comment prévenir un risque si on méconnaît son existence ?

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