Moins de bruit sur les chantiers, c'est possible !
De grands progrès ont été faits pour prévenir les effets du bruit sur les chantiers. Bien organiser et anticiper ses activités demeure essentiel.
Date de mise à jour : 30 oct. 2024 - Auteur : Cendrine Barruyer
● Les chantiers sont aujourd’hui moins bruyants mais le risque bruit demeure.
● Des mesures organisationnelles simples limitent l’exposition des compagnons
● Les EPI sont plus efficaces et donc mieux portés.
Article paru dans PréventionBTP n°288-Septembre 2024-p. 30.
Engins de chantier, marteau-piqueur, bétonnière, compresseurs, outillage portatif… les sources de bruit sont multiples dans le BTP. Le secteur a donc beaucoup travaillé sur les solutions pour protéger les salariés. Fondées sur la trilogie réduire le risque à la source, limiter les expositions des salariés et choisir les bons EPI lorsque le risque résiduel reste trop élevé, une multitude d’approches ont été développées. Elles ont été présentées lors de la Semaine de la santé auditive au travail (14 au 19 octobre 2024) par Mohamed Trabelsi, expert en protections auditives à l’OPPBTP. Une machine éteinte est plus silencieuse qu’une machine dont le moteur tourne. CQFD, on arrête les appareils dont on ne se sert pas. Deuxième stratégie simple : tenir compte de la propagation des ondes sonores. Le bruit décroît très vite avec la distance : une exposition à 95 dB à un mètre n’est plus que de 89 dB à 2 mètres et 77 dB à 8 mètres ! Le Dr Nathalie Aunoble, médecin du travail à l’AHI33, se souvient de ces compagnons qui restaient à côté d'un collègue utilisant la pilonneuse. « Je leur ai demandé : “ Pourquoi restez-vous là ? ” lls restaient afin d'intervenir en cas de danger pour leur camarade. » Après échange et évaluation de la situation, le conseil leur a été donné de s'éloigner de 10/15 mètres (avec les EPI) tout en gardant le contact visuel avec le compagnon. Autre action efficace, repérer les machines les plus bruyantes afin de les éloigner ou de les encoffrer. « Un bon encoffrement permet de gagner 15 à 30 dB », note Mohamed Trabelsi. Avec un accord préalable de la Carsat locale, des aides financières sont possibles. Dans un atelier, le recours à des panneaux acoustiques pour absorber les ondes et séparer certaines zones de travail contribue également à réduire les nuisances sonores. Sur un chantier, on peut utiliser des bâches acoustiques qui atténuent le bruit ambiant.
Anticiper et organiser
La coactivité impacte le port des EPI. Sur un chantier, des compagnons qui se déplacent à pied préfèrent souvent renoncer à se protéger que s'exposer à un danger potentiel de heurt avec un engin par exemple. Une bonne préparation permet non seulement de séparer les activités mais aussi de planifier une rotation des tâches afin que l’exposition au bruit ne soit pas permanente. Côté salarié, la première mesure consiste à les sensibiliser au risque. Le bruit est souvent pris à la légère, jusqu’au moment où des dégâts irréversibles (surdité, acouphènes…) se manifestent. « Bien porter ses EPI ce n’est pas nécessairement les porter tout le temps mais savoir déterminer les moments clés où il faut se protéger », insiste le Dr Aunoble. Et si les salariés sont réticents ? Il faut connaître les raisons de leur refus, ajoute le médecin, qui a été confrontée au dilemme d’un compagnon. « Ses équipes travaillaient au fond d’une tranchée, il redoutait de ne pas pouvoir intervenir rapidement en cas de danger. » Bonne nouvelle : avec les progrès remarquables des EPI, il existe toujours une solution.
Pas seulement la surdité
L’exposition au bruit favorise la perte auditive. Mais ce n’est pas le seul impact du bruit sur la santé.
● Au niveau de la fonction auditive, les traumatismes sonores peuvent entraîner des acouphènes, bruits fantômes qui lorsqu’ils deviennent permanents constituent un handicap sévère.
● De manière plus générale, le bruit engendre une fatigabilité accrue et du stress. Le bruit nocturne mais également le bruit subi pendant la journée favorisent les troubles du sommeil et accroissent le risque cardio-vasculaire.
● Le bruit augmente le risque d’accident (défaut d’attention, difficulté à percevoir un danger…).
4 moyens de limiter le risque bruit sur un chantier
Limiter la coactivité
La coactivité doit être limitée au maximum pendant les phases les plus bruyantes du chantier. Et ce d’autant plus si l’environnement réverbère le son. Une bonne organisation du chantier en amont limite la coactivité et favorise la rotation des tâches.
Acheter des outils moins bruyants
La réglementation oblige les fabricants à indiquer le niveau acoustique de leur matériel. « Entre deux modèles d'usage identique privilégier celui qui présente les meilleures caractéristiques acoustiques », conseille Mohamed Trabelsi. L’entretien de l’outillage est également essentiel pour maintenir les performances acoustiques.
Anticiper les réservations
Dès la programmation du chantier, on anticipe les réservations. Cela évitera de devoir casser, percer, scier les dalles et murs construits pour pouvoir passer a postériori des conduites, des tuyaux, des fils… En agissant ainsi on réduit non seulement le bruit mais aussi d’autres contraintes (poussières, vibrations…) pesant sur les compagnons.
Utiliser les bons EPI
Les protections auditives ont fait d’immenses progrès, tant en termes de confort que d’efficacité. Encore faut-il qu’elles soient portées. Le salarié sera d’autant plus volontaire pour les utiliser qu’il aura participé à leur choix. Les bouchons moulés sont souvent plus adaptés que les protections standard.