Les risques liés au bruit sur les chantiers.

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    Pour la neuvième année consécutive, une étude menée par l’Ifop à la demande de l’Association nationale de l'audition avec le soutien du Groupe Lourmel, fait le point sur l’exposition au bruit des travailleurs telle qu’elle est vécue par les premiers concernés. Cette étude paraît en amont de la Semaine de la santé auditive au travail qui se déroulera du 14 au 19 octobre. Au total, 62 % de l’échantillon d’un millier de personnes interrogées témoigne d’une gêne auditive dans le cadre de l’activité professionnelle. Ce taux, en hausse de dix points par rapport à l’an dernier, est remonté au niveau de l’avant-crise sanitaire, conséquence possible d’un recul du télétravail. Sans surprise, il est bien plus élevé dans les secteurs traditionnellement les plus touchés par les nuisances sonores, atteignant 83 % dans le BTP, devant l’agriculture et l’industrie (72 %), mais il l’est aussi chez les salariés exerçant en open space, à hauteur de 73 %. Traversant les générations, ce ressenti est davantage partagé par les moins de 35 ans (64 %) que par les plus de 50 ans (59 %).

    Des conséquences sur la santé physique et mentale des salariés

    Au-delà d’une simple gêne, près des trois quarts des actifs se plaignent de répercussions sur leur santé au quotidien. Si 49 % d’entre eux signalent un impact sur leur audition, ils sont 60 % dans le BTP. Quant à la proportion de salariés souffrant d’acouphènes, elle est de 32 % dans l’ensemble du panel mais grimpe à 42 % dans le secteur de la construction. Enfin, la surdité concerne près d’un quart des actifs (24 %), et jusqu’à un tiers des salariés du BTP.

    Les conséquences de cette surexposition au bruit en contexte professionnel sont multiples. Sur le plan de la communication, celle-ci peut générer une diminution momentanée de la compréhension de la parole, relevée par plus de la moitié des salariés du BTP, contre 37 % des répondants au total. Par ailleurs, elle entraîne de la fatigue pour 60 % des enquêtés, mais aussi du stress, des troubles du sommeil, une souffrance psychologique, voire de l’hypertension. L’étude pointe également une corrélation entre différentes atteintes liées à l’audition et le burn-out.

    Un recul de la mise à disposition de protecteurs auditifs dans le BTP

    Face à ces constats, le niveau de prise en charge existant apparaît comme insuffisant tant au niveau des intéressés eux-mêmes que de leurs employeurs. Parmi les premiers, seule la moitié connaît les dispositifs pouvant être sollicités en cas de perte auditive, et 26 % en ont une vision précise. Ils ne sont que 25 % à avoir déjà réclamé un équipement de protection auditive sur le site de travail. En parallèle, une minorité de répondants (44 %) estime que son entreprise prend suffisamment en compte la santé auditive de ses collaborateurs, de manière « tout à fait » satisfaisante pour seulement 11 % d’entre eux. Dans les faits, 53 % des personnes ont vu des solutions leur être proposées. Parmi celles-ci figurent des protecteurs individuels contre le bruit, cités par 31 % des actifs dans leur ensemble, et par plus de la moitié (57 %) des salariés du BTP, de l’agriculture et de l’industrie. Cependant, alors qu’il reste stable pour la moyenne des salariés, ce taux recule dans les secteurs précités par rapport à 2023, en particulier dans le BTP où il est en baisse de quatorze points. Parmi les freins identifiés par les sondés en termes de prévention, figure en premier lieu le manque de connaissances et d’informations sur les impacts du bruit vis-à-vis de la santé, cité par 31 % d’entre eux. Sont ensuite mentionnées l’insuffisance de la communication interne, l’absence de politique RH inclusive et la nature même de l’activité, parfois considérée, notamment par les ouvriers, sous un angle fataliste.

    Une prise en charge liée à une meilleure connaissance des risques induits

    Lors de la webconférence organisée par l’Association nationale de l’audition à l’occasion de la publication de cette étude, les différents intervenants ont ainsi insisté sur la nécessité de remobiliser entreprises et pouvoirs publics. Jean-Luc Puel, président de l’Association, a mis l'accent sur la charge cognitive qui découle de la gêne auditive. Christine Vannier, directrice d’un centre de prévention santé Agirc-Arrco, a elle-même pointé « le déficit d'appareillage chez les seniors actifs, source potentielle de vertiges et de malaises ». Ces différents impacts extra-auditifs peuvent générer des risques importants dans un contexte professionnel. Mais stress et distraction, notamment, affectent aussi la productivité des salariés, comme l'a observé l’économiste Laurence Hartmann. Or les troubles auditifs sont encore souvent considérés comme un problème individuel, dont certaines répercussions, à long terme en particulier, sont mal appréhendées, comme l'a noté Nicolas Dauman, maître de conférences en psychologie.

    Le directeur général de Préventica, Éric Dejean-Servières, en appelle ainsi au volontarisme des dirigeants d’entreprise et à des efforts de sensibilisation accrus auprès de toute la chaîne de décision impliquant également les managers d’équipe et les médecins et services de santé au travail. L’OPPBTP met à disposition des acteurs concernés de nombreux outils en ce sens, comme l’a rappelé Mohamed Trabelsi, responsable EPI de l’organisme, qui animera un webinaire autour de l’offre de solutions en matière de protections auditives le 18 octobre.

    S'inscrire au webinaire Bien choisir ses protections auditives.

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