Les murs à coffrage intégré (MCI ou prémurs) peuvent-ils être utilisés en soutènement ?
Le recours aux MCI en tant que mur de soutènement n’est pas réglementairement interdit. Cependant, l’application des règles de prévention, les règles de l’art, les préconisations fabricants de MCI, ainsi que l’analyse de l’accidentologie (effondrement, rupture, des préfabriqués en pied…) montrent que ce procédé de travail est dangereux et qu’il est fortement recommandé de ne pas l’utiliser.
Pourquoi ?
- Cadre juridique
Le Code du travail précise que, dans le cadre de la mise en place d’une démarche de prévention des risques et dans la conception des postes de travail, l’employeur doit se baser sur les 9 principes généraux de prévention (article L 4121-2 du Code du travail).
Dans le respect de ces principes, la priorité est donnée aux mesures visant à éviter l’exposition des salariés aux dangers, notamment en évitant de recourir à des process ou des techniques de travail comportant des dangers. En cas d’impossibilité, l’exposition au danger (risque) doit être réduite en mettant en œuvre des mesures de protection collective, si possible intégrées aux équipements ou aux process de travail, afin de maîtriser cette exposition.
Le choix des méthodes de travail doit s’inscrire dans une démarche d’évaluation et de prévention des risques, en accord avec les principes généraux de prévention.
La réglementation précise également les exigences de stabilité des éléments préfabriqués lourds (article R4534-103 du Code du travail). Il est indiqué que leur stabilité doit être assurée, dès la mise en place, par des dispositifs rigides appropriés. L'enlèvement de ces dispositifs ne peut être accompli que sur l'ordre du chef de chantier et sous son contrôle personnel.
L’emploi d’éléments préfabriqués, notamment des MCI, nécessite d’étudier les conditions de mises en œuvre afin d’assurer leur stabilité, et ce en toutes conditions.
- Cadre technique
La fonction principale d’un mur de soutènement est de soutenir la terre devant laquelle il se trouve afin d’éviter les éboulements.
La poussée des terres est intégrée lors de l’étude de faisabilité de la solution technique MCI avec le fournisseur, mais, à cette étape, l’impact des efforts des terres est calculé dans la configuration définitive du bâtiment (après réalisation de l’ensemble de l’ouvrage).
Dans la configuration « provisoire » (terrassement, réalisation des parois périmétriques…), la stabilité des terres est évaluée par le biais d’études géotechniques (G2, G2 pro puis G3, selon les cas) qui déterminent les caractéristiques des sols et de leur adéquation avec les modes opératoires des entreprises.
Dans le cadre d’une utilisation en tant que mur de soutènement et d’une configuration de paroi de terre verticale ou s’en rapprochant, et ce quelles que soient les conclusions de ces différentes études, les contraintes environnementales et opérationnelles ne permettent pas de se prémunir d’un éboulement des sols par la présence d’eau, de gel, de surcharges de poids (stockage par exemple), de vibrations d’engins sur le terrain naturel ou fond de fouille, lors des travaux en pied de mur.
Ce type de surcharges, appliquées notamment en pied de MCI, peut entraîner une rupture et un effondrement de l’élément.
Par ailleurs, ce mode constructif et les travaux préalables qu’il nécessite en pied de parois quasi-verticales, exposent le personnel intervenant à des risques d’ensevelissement, en particulier lors des travaux de terrassements, de fondations, de réalisation des voiles et de leur étanchéisation.
Dans ces conditions, les MCI ne peuvent pas servir de blindage de fouille ou de protection contre les risques d’éboulement des terres et ne peuvent donc pas être utilisés en tant que mur de soutènement.
D’autres modes constructifs alternatifs pour le soutènement peuvent être mis en œuvre, comme le talutage, blindage, voiles par passes alternées, parois berlinoises/parisiennes, parois moulées.
Deux configurations de soutènement à privilégier, en vert, et une configuration à ne pas utiliser, en rouge.
Date de mise à jour : 24 juil. 2023