Chute d'un toit

Un salarié intervenant sur le toit d'un bâtiment agricole chute de 7 mètres en remplaçant des tôles ondulées par du bac acier. Son dispositif antichute (coulisseau sur corde) ne s'est pas déclenché.

Date de mise à jour : 29 mars 2023 - Auteur : Valérie Tournier et Didier Renouat

Trois salariés d'une entreprise de couverture interviennent sur la réhabilitation d'un bâtiment agricole (couverture et bardage). Deux compagnons sont sur le toit, l'un au faitage et l'autre en bas de pente. Ils attendent de réceptionner la tôle de bac acier pour remplacer les tôles ondulées (non amiantées) qu'ils ont déposées. Ils sont, via leur harnais, rattachés à un coulisseau sur corde relié par un mousqueton à une ligne de vie provisoire positionnée au niveau du faitage. Le chef d'équipe au sol réalise l'approvisionnement des tôles avec la grue auxiliaire du camion. Au moment de la fixation de la tôle, le salarié positionné en bas de pente glisse sur la tôle. Son dispositif antichute ne se déclenche pas, et il fait une chute verticale de 7 mètres. Il s'en sortira avec de multiples fractures et des dents cassées.

Fiche accident parue dans Prévention n° 271-Mars 2023.

©Lipsum

Pourquoi est-ce arrivé ?

L'entreprise n'avait mis en œuvre aucune protection collective (filets en sous face, protections de bas de pente, protections de rives).
La circulation sur du bac acier en pente est complexe, car c'est une surface lisse et glissante.
Les dispositifs antichute en place n'étaient pas adaptés.
Le coulisseau de la victime était monté à l'envers.
Les salariés n'étaient pas formés à l'utilisation de dispositifs antichute.

Travaux réalisés à partir d'un plan de travail

L'article R4323-61 du Code du travail précise : « Lorsque des dispositifs de protection collective ne peuvent être mis en œuvre à partir d'un plan de travail, la protection individuelle des travailleurs est assurée au moyen d'un système d'arrêt de chute approprié ne permettant pas une chute libre de plus d'un mètre ou limitant dans les mêmes conditions les effets d'une chute de plus grande hauteur... ».

3 pistes pour éviter l'accident

1. Évaluer les risques

La réhabilitation complète, ici un bâtiment agricole (bardage et couverture), n'est pas une intervention ponctuelle de courte durée. Les opérateurs doivent circuler sur le toit existant, déposer et manutentionner des plaques lourdes et encombrantes. Ils sont exposés à un risque de chute de hauteur dès qu'ils circulent sur les plaques ondulées, matériau fragile qui peut céder sous le poids d'un opérateur s'il n'y a pas de chemins de circulation adaptés. En l’absence de protection, ils sont également exposés au risque de chute de hauteur en bas de pente, dès qu’ils déposent une plaque ondulée, car ils se retrouvent face au vide, et lorsqu’ils circulent à proximité de la rive. Dans ce cas de figure, il faut impérativement envisager des protections collectives contre le risque de chute de hauteur.

2. Mettre en œuvre des protections collectives

Le risque de chute à l’extérieur du bâtiment, pour les travaux en toiture comme pour les travaux en façade, peut être traité par un échafaudage de pied :

adapté pour assurer la protection contre les chutes de hauteur des travailleurs depuis la toiture, en bas de pente et en rives (plan avec amarrages et contreventements, note de calcul),
conçu pour les travaux en façade, la réalisation du bardage… tout en protégeant les travailleurs des chutes de hauteur,
monté par du personnel formé, conformément à la notice du fabricant.

Le risque de chute dans l’emprise du bâtiment, notamment lors de cheminement sur les plaques ondulées, peut être traité par des filets en sous-face si la configuration le permet ou par des équipements spécifiques destinés à la reprise des efforts par la structure du bâtiment (chemins de circulation).

Pour les filets en sous face, vous pouvez consulter l'ouvrage : « Filets en sous-face de système S - Maîtriser une opération de travaux en hauteur ».

3. Recours à des systèmes d'arrêt de chute

Uniquement en cas d'impossibilité technique de mettre en œuvre des moyens de protection collective contre les chutes, il est possible d'avoir recours à des systèmes d'arrêt de chute. En amont du chantier, il faut analyser et identifier les équipements de protection nécessaires, vérifier sur la notice d'utilisation qu’ils sont adaptés à l’usage prévu sur le chantier et peuvent être utilisés conformément aux prescriptions du fabricant. Les salaries devront être formés à l'utilisation des systèmes d'arrêt de chute. Les points d'ancrage de ces systèmes antichute devront être précisés par l’encadrement.

Solutions et ressources

ÉQUIPEMENT. Échafaudage de façade

En tube d’acier galvanisé à chaud de 50 mm de diamètre, l’échafaudage F3000 EXM de Duarib est équipé d’un plancher alliant l’aluminium et le bois avec une surface antidérapante et indéformable. Le garde-corps EXM assure la protection lors du montage, de l’exploitation et du démontage, en protégeant la structure de toute déformation et de tout mouvement. L’entraxe, de 0,83 m des cadres en H, procure un plus grand confort aux opérateurs. Le montage se fait sans outil : le verrouillage est facile et efficace. Un seul monteur suffit.

Echafaudage de pied Duarib

ÉQUIPEMENT. Nacelle de couvreur

D’une capacité de trois personnes, la nacelle NC 1 000 proposée par Manitou est opérationnelle sur des pentes de 25 à 50 degrés (avec orientation à droite et à gauche de 90 degrés). Cet équipement offre une surface de travail de 3,5 mètres de large (avec secteurs pivotants dans les angles), accessible directement depuis les portes frontales munies de planchettes rabattables (pour éviter toute chute de matériaux). Une fois en hauteur, l’ouverture des portes et le déploiement de secteurs extensibles sont commandés par des palpeurs de détection du toit.

271 Fiche AT Nacelle couvreur

ÉQUIPEMENT. Sangle d'attache pour charpente métallique

La fixation de filets en sous face sur une charpente métallique est complexe, car les cordes et tresses habituellement utilisées s'abîment avec les angles saillants de la charpente. Le système Grippa du groupe Huck est spécialement conçu pour la fixation des filets antichute par pincement sur l'aile des poutrelles métalliques lors des travaux de couverture. Il est constitué de deux pinces crochets qui, mises en place sur les deux côtés de l'aile de la poutrelle, sont maintenues par serrage de la sangle et sécurisées par une boucle de fermeture. Il est évidemment réutilisable sur plusieurs chantiers.

271 Fiche AT Sangle d'attache pour charpente métallique

ÉQUIPEMENT. Chemin de circulation pour toiture

Kee Safety propose Kee Walk, un chemin de circulation pour toiture destiné à garantir la sécurité des opérateurs. Sa surface de marche est sûre, antidérapante, uniforme pour évoluer en sécurité sur le toit. Ce système est composé de marches ajustables, permettant de traverser un toit perpendiculairement ou transversalement à la pente. Outre la sécurité des opérateurs, il protège également la couverture des éventuelles détériorations. Kee Walk est disponible en série avec des girons en nylon ou en aluminium. Il convient pour des toitures inclinées jusqu’à 35 degrés. Pesant moins de 9 kg, les modules peuvent être facilement manipulés et installés par deux personnes. Ce système est certifié CE selon la norme NF EN 516 classe 1-C.

Chemin de circulation pour toiture Kee Safety

Filets en sous-face de système S

Ce guide donne des indications et des conseils pour faciliter l'action de tous les acteurs (maître d'ouvrage, fabricant, poseur, utilisateur) concernés par l'activité de pose de filets en sous-face.