Chute d'un mur ossature bois
Date de mise à jour : 14 juin 2023 - Auteur : Adrien Gaudron-Kim et Didier Renouat
Trois salariés d'une entreprise de charpente procèdent à la pose d'un mur ossature bois de 6 mètres de long et 3 mètres de haut. Le panneau est stocké au sol sur des chevrons et un opérateur l'élingue avec des mains de levage sur deux vis de préhension. Il a, au préalable, raccourci une élingue pour que le panneau soit droit au moment du levage, car le centre de gravité n'est pas au milieu du fait des ouvertures asymétriques de l'élément de façade.
Le grutier relève le mur de sa position horizontale, le lève et l'approche de sa zone de pose. Durant cette manutention, l'une des vis de levage cède brusquement et provoque la chute et le basculement au sol du mur.
L'opérateur qui avait procédé à l'élingage est heurté par le panneau. Il s'en sortira avec quelques contusions.
©Lipsum
Pourquoi est-ce arrivé ?
- Les inserts de type vis de levage utilisés sur le chantier n'étaient pas conformes à ceux prescrits sur le plan d'exécution, ni à ceux prescrits par le fabricant
des mains de levage. - La configuration asymétrique des élingues a généré un effort plus important sur l'élingue la plus courte et sur son point d'ancrage, configuration qui n’a pas été prise en compte pour le calcul de la vis en question.
- Les mains de levage ne sont pas conçues pour réaliser
un levage de la position horizontale à la position verticale. - Les vis de levage étaient vissées en partie dans
les montants, mais pas perpendiculairement au sens du fil du bois. - La note de calcul ne prenait pas en compte les efforts dynamiques (vent, relevage…) et la masse volumique du bois utilisé a été fortement sous-évaluée (le bois mouillé est plus lourd que le bois sec pris en hypothèse de calcul).
Construction bois, de la conception à la mise en œuvre.
La construction bois se développe et ne cesse d'évoluer. Les évolutions dans les modes constructifs (préfabrication en atelier de murs de plus en plus complets avec revêtements extérieurs et intérieurs…) nécessitent une adaptation des modes opératoires de fabrication et de pose. La préfabrication doit, dès la conception en bureau d’études, anticiper les phases chantier, dont le levage (renforcement de l’ossature d’un mur autour des points d'ancrage).
3 pistes pour éviter l'accident
1. Établir une procédure globale (fabrication, transport, stockage, pose)
Il n’est pas rare qu’un mur ossature bois/façade ossature bois (MOB/FOB) de dimension usuelle pèse plus d’une tonne. En cas de renversement lors du stockage ou du levage, les conséquences peuvent être graves. Dès la conception en bureau d’études, il convient d’anticiper les phases chantier ainsi que les phases transitoires : anticiper le relevage du mur depuis l’horizontale jusqu’à la verticale, renforcement de l’ossature autour des points d’ancrage (vis ou élingues textiles), prise en compte d’une éventuelle asymétrie des élingues, adéquation des élingues, nombre d’utilisations, vérification, etc. Il faut également prévoir la manière dont les opérateurs vont élinguer et désélinguer les murs (prévoir par exemple des nacelles ou un quai de déchargement pour éviter l’utilisation d’escabeaux). Cette anticipation doit aussi définir les modalités de chargement : adéquation des racks/remorques pour le transport, stabilisation provisoire et arrimage, ordre de pose.
2. Réaliser un examen d'adéquation des engins et accessoires
Avant les opérations de levage, un examen d'adéquation est nécessaire. Il consiste à s'assurer que les équipements de travail (engins et accessoires de levage) sont adaptés à l'opération à réaliser, et qu'ils pourront être utilisés conformément à la notice du fabricant. Cet examen doit tenir compte de l’environnement du chantier. Il est indispensable qu’il soit effectué avant les travaux afin de valider ou non le choix de l’équipement. Il portera sur la vérification des caractéristiques de l’engin de levage et des accessoires de levage et prendra en compte les conditions du chantier (environnement, accès, nature du terrain) et les caractéristiques des charges à manutentionner (poids, surface, centre de gravité…). Sur le chantier, une brise de 30 km/h peut empêcher le levage d'un MOB par les contraintes amenées tant sur le mur, ses organes de levage mais aussi sur l’engin même.
3. Mettre en œuvre des vis et manilles
Le recours à des mains de levage et des vis est un procédé couramment utilisé pour le levage d'éléments en bois. Il est important de respecter les préconisations du fabricant concernant les inserts (en intégrant des coefficients dynamiques) et notamment :
- Dimensionnement des vis (longueur, diamètre) selon les efforts statiques et dynamiques.
- Positionnement et angle de vissage
- Vissage transversal (perpendiculaire au fil du bois)
- Nombre d'usages, de réemploi
- Vérification des mains et des vis avant utilisation (dont l’utilisation de vis préconisées par le fabricant et le plan d’exécution
Un palonnier réglable peut être utilisé pour les panneaux asymétriques.
Solutions et ressources
ÉQUIPEMENT. Palonnier réglable
Développé conjointement par la société Auwaerter et A2C, le châssis de levage Transmob déplace des plateaux de stockage de murs et cloisons bois à vide ou en charge avec un simple chariot élévateur d’atelier ou de chantier. Il les soulève grâce à deux vérins hydrauliques. La hauteur du plateau se règle via des pieds télescopiques. L’intérêt de ce système est de ne pas dépendre d’un camion semi-remorque. Lorsque celui-ci est en livraison, les éléments de murs ou panneaux en bois peuvent être chargés sur un plateau mobile directement dans l’atelier de fabrication au fil de la production.
ÉQUIPEMENT. Palette de transport
La palette M@n-Tech, mise au point par Les Charpentiers de l'Atlantique (LCA), remplit les deux fonctions de stockage et de manutention. Elle répond en priorité aux besoins des entreprises de construction de maison à ossature bois qui préfabriquent des éléments de grande taille en atelier. L'intérêt de cet équipement est de pouvoir stocker les panneaux (jusqu'à 12 mètres selon le modèle) à l'atelier avant de les charger sur une remorque jusqu'au chantier où la palette est déposée. Rabats et sangles d'arrimage assurent la sécurité et la stabilité de la charge pendant le transport comme en phase de stockage.
ÉQUIPEMENT. Grue sur remorque
Approvisionner, sans effort et en sécurité, des postes de travail en hauteur en libérant de l’espace au sol et en préservant les abords de l’ouvrage en chantier. Dans cette situation, courante pour le métallier, la grue sur remorque présente bien des avantages. D’installation simple et rapide, le modèle K23-33 TSR City de Klaas permet d’atteindre 33 mètres de hauteur de travail et jusqu’à 23 mètres de portée avec une charge de 250 kg. Tous les mouvements de la grue, y compris sa rotation à 360° en continu infinie, sont effectués à partir d’une radiocommande qui assure également la stabilisation totale de l’équipement. D’un poids total inférieur à 3,5 tonnes, la grue sur remorque peut être tractée par un fourgon de chantier manœuvré par un conducteur titulaire d’un permis BE.
ÉQUIPEMENT. Crochets de levage radiocommandés
Avec les crochets de levage Ludwigsystem, disponibles en deux versions (2 tonnes et 5,3 tonnes), la charge peut être accrochée directement ou par des moyens d’accrochage. Ils sont également compatibles avec des charges sanglées. Le décrochage se fait à distance par radiocommande (portée : 50 mètres), ce qui réduit les accidents de travail. À noter que le crochet ne peut pas être décroché sous tension. Le nombre de levages augmente grâce au gain de temps généré. Cet accessoire est particulièrement préconisé pour les manutentions dans le domaine de la construction en bois, de l’industrie et de la logistique.
À l’atelier comme sur chantier, des solutions évitent les manutentions manuelles, les mauvaises postures ou les risques de heurts et de renversement de charges. Retrouvez ces équipements innovants aux multiples fonctionnalités qui permettent d’améliorer l'ergonomie des postes de travail à tous les stades de la construction bois.