Programme Bois Harel à Rennes : un mode constructif innovant pour un chantier singulier
À Rennes, la réalisation du programme Bois Harel se distingue par la mixité des matériaux, l’assemblage d’éléments préfabriqués et une coactivité très réduite.
Date de mise à jour : 17 janv. 2024 - Auteur : Loïc Féron
● Une exécution simplifiée pour un bâtiment durable.
● Un important travail d’études en amont avant l’assemblage.
Reportage paru dans PréventionBTP n°279-Décembre 2023-Janvier 2024-p. 15
Photo : 279 Chantier du mois Bois Harel Ouverture
Crédit photo : DR
Gros œuvre
La réalisation du programme Bois Harel se distingue par la mixité des matériaux, l’assemblage d’éléments préfabriqués et une coactivité réduite.
À proximité de la rocade de Rennes, les deux immeubles en structure bois et acier prennent forme à vitesse grand V. Et pourtant, en ce jour d’octobre, très peu de personnes s’affairent dans la zone d’assemblage au sol ou dans les niveaux en construction. Poteaux, poutres, planchers, les éléments constitutifs des bâtiments à vocation tertiaire sont assemblés à la grue et à la nacelle. D’une surface globale de 6 850 m² (avec parkings), l’opération sous maîtrise d’ouvrage du Groupe Lamotte et de Nexity va être labélisée BBCA. Elle remplit les exigences environnementales du référentiel bas carbone de Rennes Métropole.
Un bon ordonnancement des éléments
« La spécificité de cet ensemble réside dans son mode constructif, explique Corentin Chevalier, conducteur de travaux chez CEB, la filiale de CCE (Constructions Côte d’Émeraude) spécialisée dans la construction de charpente, ossature et bardage bois. Sur le socle en béton réalisé par l’entreprise Angevin, nous venons assembler des planchers CLT et des poutres acier, des murs à ossature bois et des poteaux bois qui, en R+2, vont reprendre la charpente. » Les murs à ossature bois (MOB) sont préfabriqués dans la toute récente usine-atelier de CEB. Quant aux panneaux CLT, composés de plusieurs couches croisées de planches d’épicéa séché, ils sont livrés par Piveteau Bois depuis la Vendée. « La gestion des rotations des semi-remorques et le bon ordonnancement des pièces de bois numérotées sont au cœur du mode opératoire », témoigne le conducteur de travaux.
Libérer la place aux autres corps d’état
Alan, Raphaël et Thibault sont habituellement chefs d’équipe. Associés pour cette opération d’envergure, ils font office de chef de chantier « à trois têtes », s’occupant tout à la fois de la logistique, de l’interface avec l’atelier et des relations avec les autres entreprises. Ils procèdent aussi à l’assemblage des éléments de construction. « Le principe retenu sur les deux bâtiments est de terminer les parties poutres métalliques, poteaux bois et planchers en rez-de-chaussée et R+1 pour laisser la place libre aux autres corps d’état, le couvreur, l’étancheur, le menuisier, puis l’électricien, explique Alan Le Bollan. Cette façon de procéder réduit énormément la coactivité et permet à chacun de travailler dans les meilleures conditions. »
La gestion des rotations des semi-remorques et le bon ordonnancement des pièces sont au cœur du mode opératoire.
Un retour d’expérience riche d’enseignements et de gains
Le programme étant constitué de deux bâtiments (A et B), l’entreprise CEB a pu bénéficier d’un précieux retour d’expérience sur les travaux menés sur le bâtiment B, le premier. Le travail d’analyse et de synthèse a permis de corriger les détails et de réduire très sensiblement le temps d’exécution du bâtiment A, le second, de quatre à trois mois.
À raison de 485 m2 par jour, la pose des planchers CLT à l’aide de la grue mobile, louée pour l’occasion, se fait avec une extrême rapidité. L’efficacité et la sécurité du dispositif réside dans la bonne maîtrise de la logistique. Marquées de lignes blanches correspondant aux raccords, les pièces de bois numérotées arrivent sur les plateaux des semi-remorques.
Comparativement à un chantier de gros œuvre traditionnel, l’absence de banche, de coffrage et de ferraillage a pour avantage de fluidifier les flux et de libérer l’espace au sol. « La préfabrication en usine requiert un travail d’étude très poussé en amont mais réduit les impondérables au moment
de l’exécution », commente Xavier Le Delliou, directeur technique régional du Groupe Lamotte.