En résumé
  • Une maîtrise des matériels, gérés avec efficacité.
  • Des formations en adéquation avec la spécificité des métiers.

    Reportage paru dans PréventionBTP n°292-Février 2025-p. 24

Photo : 292 _ Entreprise Aevia Ouverture

Crédit photo : Frédéric Vielcanet

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Durant deux mois, six compagnons ont œuvré sans relâche pour changer les joints de chaussée d’un pont de l’autoroute A4, dans l’est de la France. Ce travail exigeant, qui nécessite un savoir-faire particulier sur un site à la circulation dense, est la marque de fabrique d’Ævia. Filiale d’Eiffage Génie Civil, l’entreprise a vu le jour en 2019, à la suite du rachat de plusieurs sociétés, dont TSV en Moselle. Son objectif : proposer une force d’intervention dans le secteur de la réparation et la réhabilitation d’ouvrages d’art et valoriser sa haute technicité, notamment en matière de manutention par hissage, ripage et vérinage ou en renforcement d’ouvrages par post-précontrainte. « Les altérations du béton et des armatures sont autant de facteurs qui s’ajoutent au vieillissement naturel. La gestion de ces ouvrages est un enjeu crucial. Ævia s’appuie sur son expertise technique pour répondre à toutes les demandes », explique Pierre Lhote, directeur de l’agence mosellane spécialisée dans la précontrainte, la manutention et la réparation d’ouvrages.

Deux jours de formation pour tous

Des chantiers spectaculaires (pont de Tancarville, Forum des Halles à Paris…) au remplacement de ponts ferroviaires ou renforcement de structures (barrages, ouvrages souterrains…), les travaux ne sont jamais monotones. Ils exigent des solutions sur mesure développées par une direction technique intégrée, avec des salariés formés par l’entreprise, car aucune école ne permet d’apprendre ces métiers si particuliers. Avec pour difficulté de trouver des compagnons prêts à voyager. « Nous œuvrons partout en France et dans le monde, ce qui se traduit par des déplacements et des contraintes logistiques », confirme Pierre Lhote. Les exigences sont également particulières en termes de sécurité, avec notamment des risques de chutes de hauteur, liés aux manutentions de charges lourdes ou au travail dans des environnements complexes ou en exploitation (voies routières et ferroviaires, sites occupés…). À ce titre, la prévention s’inscrit dans le cadre de la politique d’Eiffage en général et de sa filiale Ævia en particulier, autour de trois principes fondateurs : exigence, exemplarité et discipline. Tous les compagnons bénéficient d’une formation spécifique à la sécurité d’une durée de deux jours, via le cursus SMS (savoirs maîtrisés de sécurité) créé spécifiquement par Eiffage. Et les formations dédiées à l’acquisition d’une compétence certifiée font l’objet de la délivrance d’un passeport nominatif, détaillant le niveau précis d’habilitation de chaque salarié. Depuis 2021, les fondamentaux de ces formations sont répertoriés dans un livret « 100 % Sécurité » distribué à tous les salariés, recensant vingt exigences de sécurité (du port des EPI à la bonne utilisation des engins) issues de l’analyse d’événements accidentels survenus chez Eiffage Génie Civil en une décennie

Un pont roulant prévu pour 2025

292 Entreprise Aevia photo supp. ouverture En avril 2023, l’agence Ævia de Moselle a recruté Sarah Saddouk en tant qu'animatrice QSE.

En complément, l’agence Ævia Grand-Est a décidé de renforcer sa politique de prévention en recrutant Sarah Saddouk en avril 2023, chargée d’animer la politique QSE. Le ton est donné dès le dépôt, où quatre salariés travaillent à l’entretien et la préparation des matériels. Sur les rayonnages, des centaines de mètres de rails et un millier de vérins de toutes tailles sont rangés avec soin, pour alimenter la dizaine de chantiers mensuels. « Nous avons choisi de posséder nos matériels, pour maîtriser nos méthodes d’exécution et préserver notre savoir-faire. Un chantier bien préparé permet d’optimiser le travail et de diminuer les risques », poursuit le dirigeant. Si, pour l’heure, la manutention se fait avec des chariots élévateurs, une extension du site prévue cette année permettra l’installation d’un pont roulant pour gagner encore en efficacité et sécurité. En attendant, l’entreprise a investi dans une filmeuse pour conditionner le matériel à expédier et diminuer la pénibilité. Plus largement, les diverses formations sont relayées par des actions sur le terrain : briefing de chantier chaque matin avec les tâches de la journée à effectuer, les risques et les moyens de prévention associés ; quart d’heure sécurité toutes les semaines sur des thématiques spécifiques ; flash en cas d’incident avec actions correctives à mettre en place… Depuis 2024, de nouvelles actions complètent encore le dispositif. Autant d’engagements qui permettent à l’agence d’afficher zéro accident avec arrêt depuis dix-huit mois.

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Étagères soigneusement identifiées, filets de sécurité… l’atelier est aménagé pour optimiser les manutentions.

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Un chariot élévateur permet de déplacer les matériels, notamment les vérins qui pèsent parfois plusieurs dizaines de kilos.

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Une filmeuse sert à conditionner les matériels envoyés sur les chantiers et contribue à diminuer la pénibilité.

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Un camion nacelle télescopique facilite les travaux en hauteur, dans des conditions de sécurité optimales.

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Le port des EPI fait l’objet d’une attention particulière, avec un briefing chaque matin avant de démarrer le chantier.

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Pour les travaux sur béton qui dégagent de la silice cristalline, des mesures particulières – comme le port du masque – s’ajoutent aux règles de prévention.

Bilan de performance

L’agence Grand-Est est certifiée Mase (manuel d’amélioration sécurité des entreprises). « Cette certification, qui garantit un niveau d’exigence, constitue un atout compétitif, car elle est de plus en plus souvent exigée par nos clients industriels pour des chantiers sur des sites en activité », précise Pierre Lhote. Elle est même obligatoire chez EDF, notamment pour les travaux sur des barrages ou centrales nucléaires.

Focus

Des outils pratiques pour gagner en sécurité

Nouvelles technologies et ateliers sur des thématiques variées contribuent à atteindre l’objectif « 100 % sécurité ».

Depuis la politique de prévention initiée par Eiffage jusqu’aux mesures spécifiques au niveau local, Pierre Lhote détaille les principales actions mises en place par l’agence mosellane d’Ævia, certaines avec l’accompagnement de l’OPPBTP.

En quoi consiste Safety Force?
Par-delà les formations à la prévention, tous les collaborateurs (quelle que soit leur fonction) qui disposent d’un smartphone d’entreprise doivent télécharger l’application prédictive Safety Force développée par Eiffage. C’est un outil essentiel pour améliorer la culture de la prévention au quotidien. L’application informe en temps réel, permet de partager des informations, d’anticiper sur les écarts aux règles de sécurité et d’agir en mettant en œuvre les bonnes pratiques…

Comment se décline la politique de prévention au niveau de l’agence?
Sarah Saddouk nous a rejoints il y a deux ans pour animer la politique QSE de l’agence. Elle veille à l’application des actions mises en place par le groupe et développe des actions spécifiques, par exemple des exercices d’évacuation avec les pompiers sur les chantiers de grande hauteur. C’est ainsi que l’agence s’est rapprochée de l’OPPBTP afin que l’organisme participe à la journée de sécurité que nous avons organisée en juin 2024.

Comment cette journée s'est-elle traduite?
Plusieurs ateliers ont permis de délivrer des messages essentiels avec divers partenaires, sur des thématiques aussi variées que les dangers de l’alcool et de la drogue avec Cliema à travers la conduite d’un karting à pédales avec des lunettes simulant une alcoolémie ou la bonne utilisation des outils portatifs avec Hilti. De son côté, l’OPPBTP a animé un atelier sur le risque lié à la silice. Cette journée a été très bien accueillie par les salariés et sera reconduite chaque année.

Safety Force est un outil essentiel pour améliorer la culture de la prévention au quotidien.

Pierre Lhote, directeur de l'agence Grand-Est

Après une école d’ingénieur à Paris, avec un cursus en alternance dans une PME spécialisée dans la réparation d’ouvrages d’art, Pierre Lhote (34 ans) a rejoint TSV en 2016, intégrée ensuite au groupe Eiffage. D’abord ingénieur méthodes durant deux ans, il a rapidement gravi les échelons, occupant le poste de responsable d’exploitation avant de prendre la direction de l’agence Ævia Grand-Est depuis 2023.

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Crédit photo : Frédéric Vielcanet

La méthodologie appliquée

● « À son arrivée chez Ævia, Sarah Saddouk a pris contact avec nous, via le site internet de l’OPPBTP, afin que nous participions à une journée sécurité. J’ai alors rencontré l’entreprise pour faire le point sur sa politique en matière de sécurité », précise Cécile Le Gendre, conseillère en prévention.● « Après l'évaluation de leurs besoins, j’ai animé un atelier sur le thème de la silice cristalline, présente dans le béton. Inhalée, elle peut être très dangereuse : elle est classée agent cancérogène. Pour prévenir ce risque, on peut utiliser des EPI, installer des systèmes d’aspiration sur les outils… ».● «  Cette première collaboration a permis de mettre en place une relation durable, avec un contrat d’accompagnement. Et Sarah Saddouk a intégré notre Club avenir prévention, qui permet d’échanger par petits groupes, quatre fois par an. »

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