En résumé
    • Des investissements réguliers en matériels et engins.
    • Un management qui responsabilise chaque salarié.

    Photo : 285 entreprise Deniaud photo principale (d09)

    Crédit photo : Frédéric Vielcanet

    285 entreprise Deniaud photo principale (d09)

    Lorsque Yves-Éric Deniaud reprend l’entreprise familiale en 2014, sa réputation n’est plus à faire. Depuis que son arrière-grand-père l’a rachetée à une veuve de guerre en 1920, Deniaud a trouvé sa place dans une région angevine réputée pour son artisanat de qualité. Pour poser et rénover des toitures, principalement en ardoise mais également de plus en plus souvent en zinc, la PME a longtemps mis en avant l’expertise et le talent de ses compagnons, dont les méthodes n’ont guère évolué depuis des décennies. Le jeune patron de 26 ans aurait pu se contenter de faire perdurer et amplifier encore cette tradition du travail bien fait. Mais il a d’autres ambitions : booster l’activité en améliorant la productivité et en faisant de la sécurité une priorité, le tout sans détériorer la qualité. Dix ans plus tard, les chiffres témoignent du bien-fondé de sa stratégie. Le chiffre d’affaires est passé de 880 000 euros à 3,3 millions d’euros et les effectifs ont été multipliés par trois.

    Des machines nouvelles pour l’atelier

    285 Entreprise Deniaud b08 atelier L'entreprise Deniaud a investi en matériels pour accompagner la croissance et rendre les tâches moins pénibles, en atelier comme sur les chantiers.

    Pour aboutir à cette performance, Yves-Éric Deniaud a mouillé la chemise, répondant sans relâche aux appels d’offres et multipliant les devis pour décrocher des chantiers, notamment auprès des promoteurs, collectivités et syndics qui fournissent une activité récurrente et représentent aujourd’hui 70 % de l’activité, contre 30 % pour la clientèle individuelle. Surtout, il a investi en matériels pour accompagner la croissance et rendre les tâches moins pénibles, en atelier comme sur les chantiers. « J’ai grimpé sur les toits alors que j’étais encore adolescent et j’ai pu toucher du doigt les difficultés, les dangers et la fatigue. Je me souviens m’être couché à 17 heures après ma première journée de travail! À l’époque, à part un chariot élévateur, les compagnons effectuaient toutes les tâches de manutention à la main », évoque le jeune patron. Dès 2004, son père, Philippe, avait engagé une démarche de progrès avec l’aide de l’OPPBTP. Yves-Éric a enfoncé le clou en modernisant l’entreprise à marche forcée depuis cinq ans. Dans l’atelier, une cisaille guillotine pour des découpes pointues et une plieuse à zinc à commande numérique ont remplacé les tâches auparavant effectuées manuellement. L’entreprise s’est également équipée d’une machine à fabriquer des bandes de porte solin. « Nous avions beaucoup de chutes de zinc. Désormais, nous les récupérons pour réaliser les bandes », explique Yves-Éric Deniaud qui a, par ailleurs, investi dans une dérouleuse-débiteuse permettant de travailler des bobines de zinc de 218 mètres de long, quand les compagnons devaient auparavant découper et mettre en forme des feuilles de deux mètres. « Les bobines permettent de réaliser des économies sur les volumes et sur les chutes » poursuit-il. En complément, six dérouleurs de manutention maintiennent en place les bobines, qui pèsent chacune une tonne. Elles sont installées face à la ligne de coupe, pour un confort de travail amélioré. « Le coût total pour l’ensemble de ces machines atteint 128000 euros, mais c’est un investissement que je ne regrette pas. Il permet de gagner en efficacité et en sécurité, notamment en diminuant les risques liés à la découpe et les troubles musculo-squelettiques. »

    Un moyen de fidéliser les salariés

    Avec cette mise en place, l’entreprise aurait pu confier à des compagnons dédiés les tâches à effectuer en atelier. Elle a préféré favoriser la polyvalence, pour éviter la monotonie. Chaque salarié peut prendre les cotes sur les chantiers en fin de journée, puis réaliser lui-même la découpe et le pliage le lendemain matin. Cette politique de forts investissements est également déclinée sur les chantiers, du renouvellement des échafaudages à l’achat de nouveaux engins, portée par un accompagnement de l’OPPBTP. Ainsi, en 2022, tous les salariés ont bénéficié d’une journée de formation dans le cadre de la démarche Adapt visant à améliorer les conditions de travail. La méthode pédagogique permet de débriefer ensemble diverses situations à partir de photos faites sur un chantier, et favorise la prise de parole. Plus largement, cette approche collective est au cœur du projet de l’entreprise. Yves-Éric Deniaud a opté pour un management horizontal qui favorise le travail ensemble et responsabilise chacun ; une politique qui contribue également à améliorer l’image de l’entreprise et à fidéliser les salariés. 

    285 Entreprise Deniaud d03 grue

    Une grue sur remorque hisse les matériaux sur les toits, jusqu’à 34 mètres de haut.

    285 entreprise Deniaud b02 Cisaille

    Parmi les différentes machines, la cisaille guillotine simplifie les travaux de précision.

    285 Entreprise Deniaud b04 dérouleuse

    Une dérouleuse-débiteuse permet de découper des bobines de zinc longues de 218 mètres.

    285 Entreprise Deniaud c07 chariots

    Des chariots facilitent la manutention des bobines de zinc, qui pèsent chacune une tonne.

    285 Entreprise Deniaud c03 camion nacelle

    Un camion nacelle permet d’effectuer en toute sécurité les travaux de rénovation et d’entretien.

    285 Entreprise Deniaud e03 EPI

    Une attention particulière est apportée aux EPI : casque, gants, harnais pour les chantiers sans protection collective…

    Bilan de performance

    Si les investissements réalisés sont précisés dans les appels d’offres, Yves-Éric Deniaud estime qu’ils ne constituent pas un argument décisif pour emporter un marché. En revanche, ils contribuent à attirer les talents. « Cela a clairement influencé mon choix. Par exemple, la grue apporte un confort de travail quand il faut transporter jusqu’à cinq palettes de matériaux par jour. C’est un vrai plus », confirme Alexis, qui a rejoint l’entreprise en début d’année.

    Focus

    Un parc d’engins adapté aux exigences du métier

    Des matériels récents permettent de diminuer les risques de chute en hauteur et les troubles musculo-squelettiques.

    Ces dernières années, la PME s’est équipée d’engins de dernière génération pour améliorer le confort et la sécurité des compagnons sur les chantiers. Yves-Éric Deniaud tire un bilan positif de ces investissements, qui ont également permis d’améliorer la productivité.

    Quels sont vos engagements en matière de sécurité?
    Les chutes en hauteur constituent le risque principal du métier de couvreur. Nous avons totalement renouvelé et étoffé notre parc d’échafaudages pour un budget de 40 000 euros, en passant de trois à un seul fournisseur, Tubesca-Comabi, pour gagner en efficacité. Aujourd’hui, à l’exception des réparations ponctuelles de toitures, tous les chantiers sont équipés d’échafaudages de pied et suspendus. Les compagnons ont bénéficié d’une formation au montage-démontage en sécurité de quatre jours.

    Vous avez également investi dans un camion nacelle…
    En 2019, j’ai acheté un camion nacelle d’occasion pour 30 000 euros, remplacé par un véhicule neuf en 2022. Il est plus particulièrement utilisé pour les chantiers d’entretien de couverture d’une journée ou deux et pour installer les échafaudages suspendus. Sa conduite nécessite d’obtenir le CACES® Nacelle. Nous avons banni, ou presque, les échelles de 15 mètres et les risques inhérents…

    La manutention est-elle un autre enjeu?
    En 2021, Deniaud a acquis une grue sur remorque Klass, soit un investissement de 135 000 euros avec une aide de la Carsat de 25 000 euros. Son installation ne prend qu’une vingtaine de minutes. Elle peut hisser des matériaux jusqu’à 34 mètres de hauteur, dispose d’une option nacelle et la benne basculante facilite l’évacuation des gravats. Avec cet équipement, fini les transbordements pénibles de matériaux à la main. Nous avons gagné en confort de travail, en autonomie et en productivité.

    Nous avons gagné en confort de travail, en autonomie et en productivité.

    Yves-Éric Deniaud, gérant

    Diplômé de l’École supérieure de couverture d’Angers et détenteur d’une licence en management, Yves-Éric Deniaud est aux commandes de l’entreprise familiale depuis dix ans. À 36 ans, il tente de concilier une vie personnelle et son épanouissement professionnel en dirigeant une équipe de vingt-quatre salariés, qu’il considère comme sa seconde famille.

    Photo : 285 entreprise Deniaud f05 homme clé

    Crédit photo : Frédéric Vielcanet

    La méthodologie appliquée

    ● Une partie des bénéfices est réinvestie chaque année dans de nouveaux équipements. L’entreprise gagne ainsi en productivité et se démarque de ses concurrents. Parmi eux, une plieuse de zinc connectée permet aux compagnons de prendre les cotes sur les chantiers et d’envoyer les informations à la machine via une application sur smartphone.● Des formations sont régulièrement organisées pour l’ensemble des salariés, avec un accompagnement par l’OPPBTP : montage-démontage des échafaudages, port du harnais pour les travaux en hauteur, certificat d’aptitude à la conduite en sécurité (CACES®), formation Adapt…● Grâce à sa licence en management, le dirigeant Yves-Éric Deniaud a pu améliorer sa méthode de travail, en passant d’une direction pyramidale à un management plus horizontal, qui permet de responsabiliser chaque compagnon.

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