En résumé
  • Une politique de management qui favorise l’échange.
  • La création d’un poste de responsable SQE pour améliorer la sécurité.

Reportage paru dans PréventionBTP n°275-Juillet-Août 2023-p. 24

Photo : 275 Entreprise du mois Roger Delattre Ouverture

Crédit photo : Frédéric Vielcanet

275 Entreprise du mois Roger Delattre Ouverture

Un pour tous et tous pour un… En devenant président et actionnaire minoritaire du groupe Roger Delattre en 2017, Bertrand Crépin a fait sienne la célèbre maxime des trois mousquetaires. Il a pris sa plus belle plume pour écrire un nouveau projet, partant des compétences de chacune des dix filiales qui constituent l’ossature du groupe pour imaginer son futur, tout en leur laissant une large autonomie afin qu’elles avancent à leur rythme en suivant leur propre chemin, au service d’une vision commune. 
La belle histoire a démarré à Boulogne-sur-Mer en 1957, lorsque Roger Delattre a créé l’entreprise de charpente du même nom, dont il a passé les commandes à son fils Reinold. Au fil des années, ce dernier va s’attacher à la faire grossir à coups de développements et d’acquisitions. Il en élargit les compétences au-delà du travail de l’acier pour s’essayer aux métiers de la menuiserie en aluminium puis de l’enveloppe du bâtiment, étend son territoire en s’installant autour de Lille et dans la région parisienne. Avant d’inviter Bertrand Crépin, ancien directeur opérationnel de Vinci Construction pour les régions Hauts-de-France et Grand Est, à participer à l’aventure afin de préparer sa succession.

Des PME aux différents profils

Depuis cinq ans, Bertrand Crépin a structuré le groupe en trois pôles (aluminium, acier et bardage/couverture), a réorganisé juridiquement l’ensemble en le transformant en holding, et a poursuivi une politique maîtrisée de développement afin de faire de Roger Delattre une référence des métiers de l’enveloppe et de la structure des bâtiments publics et industriels, alors que la rénovation énergétique va doper les besoins dans les prochaines années. Après les rachats de Desmoinaux (charpentes en acier) et de SBPF (fermetures industrielles) en 2019, le groupe a notamment créé Arcadia Services (maintenance des bâtiments) en juin 2022, puis repris Pandom (ossature bois) en décembre 2022 et Façades & Toitures le 1er avril dernier.
Chaque entreprise est dirigée par son propre directeur délégué, possède son atelier, son bureau d’études, son équipe de pose… Les fonctions supports – finances, RH, systèmes d’information – interviennent en soutien. Elles sont regroupées au siège, installé dans un ancien bâtiment industriel réhabilité avec goût, et placées sous la responsabilité d’un directeur général qui a rejoint le groupe il y a un an, en l’occurrence, David Empereur, passé lui aussi par Vinci. « Nous sommes en quelque sorte une fédération de PME aux profils différents et tailles variées employant de 3 à 100 salariés, mais qui avancent ensemble», précise Bertrand Crépin. Parmi elles, outre Roger Delattre, PMN (à Lille) et R&D (Pas-de-Calais) constituent ses principaux piliers. Et parce que l’union fait la force, des groupes de travail réunissent régulièrement les directeurs, les chefs de production ou encore les bureaux d’études, afin de partager les bonnes pratiques.

Faire passer les bons messages

La même logique guide les choix en matière de prévention. Bertrand Crépin en a fait une priorité alors que le nombre d’accidents légers progressait depuis quelque temps, en même temps que le groupe grossissait. « Le dirigeant est perçu comme l’homme providentiel sur ce sujet mais il n’a pas toujours le temps de s’impliquer entièrement. Et même s’il a une autorité hiérarchique naturelle, il y a un moment où il ne se fait plus entendre», explique-t-il. Pour faire passer les bons messages et mettre en place des améliorations, il a donc fait appel à l’OPPBTP afin de l’accompagner et de travailler avec le service SQE du groupe, animé par Allison Leclercq qui occupe le poste de responsable du service sécurité, qualité et environnement depuis 2019.
Une démarche de management ACE (accompagner, créer, engager) avec l’OPPBTP a été entreprise dès le printemps 2021. Une journée de formation et quatre demi-journées d’atelier ont permis de mettre tous les directeurs d’entreprise au même niveau de connaissances puis d’écrire une vision commune de prévention. Cette démarche a ensuite été déclinée dans les diverses entreprises en fonction des caractéristiques de chacune, avec l’ambition que la sécurité devienne un axe majeur. Le groupe ne s’est pas fixé d’objectifs et il est trop tôt pour tirer un bilan. «L’inflexion du nombre d’accidents est encore mineure, il y a toujours un délai. Mais si nous n’avions pas mis en place un plan d’action, nous aurions pu être confrontés à des accidents plus graves. Sur le terrain, nous constatons une évolution positive dans le comportement de chacun ; il ne faut surtout pas baisser les bras, c’est un travail de longue haleine», conclut Bertrand Crépin.

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Les règles d’or de sécurité s’affichent à l’entrée de l’atelier de l’entreprise R&D implantée à Wimille (Pas-de-Calais).

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Les consignes de sécurité et les EPI obligatoires – comme les bouchons d’oreilles – sont rappelés sur chaque poste de travail.

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Des ponts roulants et convoyeurs aident à la manutention et contribuent à diminuer les risques de troubles musculo-squelettiques.

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Des palonniers à ventouse (jusqu’à quatre tonnes de charges) permettent de transporter les plaques d’acier à usiner, d’une machine à l’autre.

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Les soudeurs sont équipés de casques ventilés avec un système qui aspire les fumées, et d’équilibreurs qui facilitent le travail.

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Pour certaines soudures, des paravents limitent les risques de coup d’arc (brûlure des yeux) auxquels sont exposés l’ensemble des salariés.

Bilan de performance

Dans une période tendue sur le front de l’emploi, Bertrand Crépin est persuadé que les bons résultats économiques et le niveau de salaire ne suffisent plus. Une entreprise se démarque également par le bien-être au travail, en particulier la sécurité. « Elle constitue désormais un atout concurrentiel pour attirer de jeunes talents de plus en plus sensibles à la politique RSE de leur employeur » explique le dirigeant. 

Focus

Les « règles d’or », clés de la politique de prévention

Avec l’accompagnement de l’OPPBTP, le groupe Roger Delattre a formalisé une politique de prévention qui engage chaque salarié.

Une démarche collective a permis de définir des règles d’or, avec l’objectif que la prévention devienne un réflexe quotidien dans les dix entreprises du groupe. Allison Leclercq, responsable du service SQE, fait le point sur cette stratégie.

Quelle a été votre démarche ?
Chaque entreprise a identifié un « pilote » (volontaire) puis a organisé des groupes de travail réunissant l’ensemble des salariés. Ils ont permis de faire remonter les informations du terrain et d’identifier les risques majeurs pour définir une stratégie globale. Chaque directeur délégué a ensuite écrit sa propre politique sécurité, en fonction de sa vision et du profil de son entreprise. Quatorze risques majeurs ont été identifiés, huit par société, en moyenne.

Comment cela se traduit-il concrètement ?
Par une communication améliorée à travers la mise en place de quatre à six « règles d’or » propres à chaque entreprise. C’est un outil managérial qui aide à gérer les risques majeurs. Elles sont communiquées dans les livrets d’accueil, affichées dans les ateliers et bureaux, et même imprimées sur les tee-shirts ! Les messages sont percutants, accompagnés de visuels, pour gagner en efficacité : par exemple « Sous la charge, tu dégages ». La communication est également déclinée dans les quarts d’heure sécurité, organisés en moyenne une fois par mois.

Quelles sont les prochaines étapes ?
Les fondations sont posées, ces règles doivent ruisseler pour que la sécurité devienne un réflexe. Il faut éviter que le soufflé ne retombe pour obtenir des résultats concrets. Cela passe par un management au quotidien, des communications renforcées et des ajustements réguliers. Cette année, nous imposons une remontée des informations pour apporter d’éventuelles corrections.

Les règles doivent ruisseler pour que la sécurité devienne un réflexe.

Allison Leclercq, responsable SQE

En 2019, Roger Delattre a créé le poste de responsable SQE (sécurité, qualité, environnement), confié à Alisson Leclercq. Forte d’un master QHSE obtenu à Lille, la jeune femme de 34 ans a travaillé chez Nord France Constructions (Fayat) en tant qu’animatrice QSE avant de rejoindre le groupe boulonnais pour mettre en place sa politique de prévention. Elle est directement rattachée au président Bertrand Crépin, pour plus d’efficacité.

Photo : 275 Entreprise du mois Delattre Femme clé

Crédit photo : Frédéric Vielcanet

La méthodologie appliquée

● À la manière d’une fédération, le groupe Roger Delattre accorde une large autonomie à ses filiales, y compris en matière de sécurité. Cette politique vise à responsabiliser chacun et à favoriser les interactions en interne afin de faire émerger les meilleures idées.● La sécurité passe par des investissements forts permettant d’améliorer l’ergonomie des postes de travail et le transport des matériaux. Dans l’entreprise R&D, de nouvelles machines Voortman facilitent l’usinage, des chariots et convoyeurs soulagent la manutention… ● L’OPPBTP travaille main dans la main avec Roger Delattre depuis plusieurs années. Cette collaboration se traduit notamment par des formations variées, encore durant l’hiver dernier où plus d’une centaine de personnes de l’encadrement ont pu améliorer leurs compétences pendant deux jours.

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