En résumé
    • Une entreprise engagée dans la construction bois-béton.
    • Le management de la sécurité comme composante de la conduite du changement.

    Photo : 287 - entreprise du mois - CEB 1

    Crédit photo : Frédéric Vielcanet

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    En ce jour de juin, une poignée d’experts planchent dans les bureaux de l’entreprise CEB sur l’optimisation du nouvel atelier, à commencer par la gestion des flux de matériels et matériaux. Un an après l'installation dans les lieux, il est question d’organisation, d’ergonomie, mais aussi de management de la sécurité. Cette réunion animée par Yannick Ecobichon, le dirigeant de CEB, s’inscrit dans le cadre du développement fulgurant de la société localisée à La Mézière, près de Rennes (Ille-et-Vilaine). Avec l’appui du groupe CCE (Constructions de la Côte d’Émeraude) dont elle est filiale, l’entreprise spécialisée dans la construction de charpente, bardage et ossature bois a pris le tournant de la construction mixte bois-béton. Bureaux, logements collectifs, maisons individuelles d’architectes ou de promoteurs, écoles, mairies… en neuf ou en rénovation, les commandes privées et publiques affluent. De 5 millions d'euros en 2022, le chiffre d’affaires a progressé à 6,9 millions d'euros en 2023, le prévisionnel pour 2024 est de 8,9 millions. Dans le même temps, l’effectif est passé d’une quinzaine de salariés à près de cinquante, dont une trentaine est dédiée aux chantiers. Les autres collaborateurs officient au bureau d’études (de prix et structure), en méthode, en direction de travaux, en ordonnancement et logistique, à l’atelier et à la direction de l’entreprise.

    La conduite du changement

    287 - entreprise du mois - CEB 2 Dans la zone de stockage, un chariot à chargement latéral est utilisé pour la manutention des pièces de bois.

    Mais faut-il encore parler d’atelier ou bien d’usine ? Atelier à caractère industriel semble le plus approprié. « La création de cet outil va de pair avec l’industrialisation du process de production, confirme Yannick Ecobichon. L’ambition du groupe CEB est d’associer la maîtrise des métiers de la charpente avec ceux du béton pour aller vers l’écoconstruction» Alexandra Beraud est arrivée chez CEB en 2022 pour une mission à durée déterminée de responsable de l’amélioration continue : « J’interviens de façon transverse dans la conduite du changement. Nos enjeux de l’année sont la structuration des postes, la gestion des flux d’informations et de matières et la communication interservices. » Après une phase de diagnostic, cette spécialiste du déploiement des organisations et du Lean management a entrepris de « restructurer humainement l’entreprise » en impliquant les salariés et en créant des postes clés. « Avant, le responsable d’atelier gérait tout. Aujourd’hui, il existe des fonctions support, un responsable de production, un responsable des méthodes en lien avec les travaux et un responsable de la logistique» Son plan d’action prévoit l’application de trois chartes portant sur le management de la sécurité (2024), l’optimisation de la qualité (2025) et l’environnement (2026).

    Mieux quantifier les besoins

    Sur la voie à sens unique qui ceinture l’atelier, les camions se succèdent pour livrer les pièces de bois. « Les approvisionnements sont démultipliés et variables d’une semaine sur l’autre, confie Ludovic, le chef d’atelier. Nous avons actuellement plus de stock que nécessaire. » L’équipe de production collabore activement avec le bureau d’études pour mieux quantifier les besoins et cadencer les livraisons. À l’intérieur du bâtiment, conçu et construit par ses soins, l’entreprise a suivi les recommandations de la Carsat et de l’OPPBTP en matière d’isolation acoustique (et thermique) et d’aspiration des poussières à la source. Une machine de découpe à commande numérique alimente deux pôles de fabrication. Le montage du bardage (percement, pose de l’isolation, montage des portes et fenêtres) fait appel à des matériels de pointe (tables de transfert, pont roulant, palonniers à ventouse, fosse à bardage). « L’objectif est de monter le plus d’éléments possibles à l’atelier pour préserver la sécurité sur le chantier », commente Ludovic. Le pré-assemblage des charpentes traditionnelles, en revanche, se fait manuellement. « Nous sommes en début d’industrialisation, notre capacité de production dépend des îlots faisant appel au travail manuel », explique Yannick Ecobichon, qui cherche encore le moyen d’assembler les fermes de bois, non plus au sol, mais à hauteur d’homme. Comme sur le chantier, où CEB s‘emploie à anticiper ses modes opératoires*, le potentiel d’amélioration de l’atelier est considérable. Tant du point de vue de l’efficacité que de la sécurité. « CEB est une entreprise jeune dans ses organisations, disposant d’une grande marge de progrès, estime Alexandra Beraud. Après l’acquisition d’un outil de travail dimensionné, la priorité est d’organiser les flux et de bien accompagner chaque collaborateur à chaque poste. »

    *Lire l’article « Chantier du mois » dans PréventionBTP279 (décembre 2023), page15.

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    Stockés verticalement sur des chaises, les murs à ossature bois, déjà équipés du bardage, sont prêts à être élingués, levés et posés. 

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    La manutention des panneaux d’OSB à l’aide d’un palonnier à ventouses permet à l’utilisateur de les positionner sans effort sur la scie.

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    L’implantation dans l’atelier de deux fosses à bardage (de 2,50 mètres de profondeur) facilite le travail à niveau de l’opérateur chargé des percements.

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    Le pont roulant télécommandé permet de manutentionner les éléments de charpente et les panneaux bois jusqu’à la zone de départ.

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    L’atelier lumineux bénéficie d’un traitement acoustique (murs en béton bois) et d’un système d’aspiration des poussières à la source.

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    Sur le chantier, les éléments de charpente sont assemblés au sol à l’aide de platines métalliques (support de poutres).

    Bilan de performance

    La réalisation du nouvel atelier a été financée par la groupe CCE à hauteur de 5 millions d’euros pour le bâtiment lui-même, y compris les aménagements extérieurs, et par CEB à hauteur d’1,6 million d’euros pour l’investissement en matériels.La mécanisation de la production permet à l’entreprise de répondre à un plus grand nombre de commandes et de multiplier le nombre de chantiers simultanés, une quarantaine en tout dont quatorze en cours chaque semaine, au lieu de quatre ou cinq. 

    Focus

    Un nouvel atelier, vitrine du savoir-faire de l’entreprise

    Installée dans une nouvelle unité de production, CEB se restructure pour exploiter cet outil performant en veillant aux conditions de travail. 

    Commencer par la base. Yannick Ecobichon, le directeur de CEB, apporte autant de soin à l’organisation de ses chantiers qu’à l’optimisation du nouvel atelier. La recherche de productivité va de pair avec la santé et la sécurité des salariés.

    Comment le nouvel atelier a-t-il été conçu ?

    En gros œuvre comme en charpente, j’ai toujours adopté un esprit d‘ouverture en matière de santé et de sécurité. Notre projet a été présenté à la Carsat et à l’OPPBTP, et nous avons tenu compte des problématiques d’éclairage, d’acoustique, de poussières, de flux et de sécurité en général, comme l’accès en toiture. Cela nous a permis de bénéficier d’aides et de faire de cette réalisation une galerie de notre savoir-faire.

    Quelles sont les spécificités de la construction bois?
    À la différence du gros œuvre béton, où les items, matériaux et matériels, sont toujours les mêmes et assez peu nombreux, la construction bois requiert une multitude de petits éléments. Des pièces de bois, mais aussi des pare-vapeur, des pare-pluie, du bardage et beaucoup de quincaillerie. Cela a une incidence sur la logistique, sur le plan d’installation de chantier, mais aussi sur la standardisation que nous recherchons.

    C’est-à-dire, sur les façons de travailler et la productivité…?
    L’industrialisation s’applique à la production, avec des machines à commande numérique, mais aussi à la construction avec un recours très appuyé aux méthodes. La difficulté est de parvenir à standardiser autant que possible la réalisation d’ouvrages qui restent des prototypes. D’où le renforcement du bureau d’études, la nomination d’un responsable des méthodes et la nécessité d’un plan d'accompagnement managérial sur mesure. Habituer nos collaborateurs à travailler en transverse et coconstruire les process décisionnels est un immense défi. 

    La construction bois exige un recours très appuyé aux méthodes.

    Yannick Ecobichon,
    P-DG de CEB

    « Venu du béton », Yannick Ecobichon s’est pris de passion pour le bois et l’écoconstruction. Quand, en 2010, il a proposé au groupe CCE de racheter l’entreprise CEB, c’était avec l’ambition de développer l’activité de charpente et ossature bois et de défricher de nouveaux territoires. L’attractivité du mixte bois-béton et ses vertus environnementales lui donnent aujourd’hui raison.

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    Crédit photo : Frédéric Vielcanet

    La méthodologie appliquée
    « Le cycle de formations organisé en août 2024 a été l’aboutissement du travail mené avec l’entreprise depuis quatre ans », explique Slimane Aimeur, conseiller en prévention qui accompagne CEB depuis 2021. Une vingtaine de sessions sur cinq jours ont été animées par des formateurs de l’OPPBTP. Au programme : accueil, animation d'un quart d'heure sécurité, arbre des causes, Prév'Action chef d'équipe, élingage, arrimage… ».« Les collaborateurs du bureau d’études, l’encadrement intermédiaire, conducteurs de travaux et chefs d’équipe et l’opérationnel, les compagnons du chantier, ont été mélangés de façon à croiser les niveaux d’information et les problématiques. »« La transition opérée par CEB, d’un cadre artisanal vers un mode industriel, nécessite des actions de management, de la formation et de la formation au management de la prévention. Le nombre de levages sur chantier ayant considérablement augmenté, nous focalisons entre autres cette année sur l’élingage et l’arrimage des charges. »

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