UV sur les chantiers, protégez vos équipes
Les compagnons sont exposés aux UV naturels sur les chantiers. Un risque encore mal connu des équipes pour lequel des solutions organisationnelles et de protection existent.
Date de mise à jour : 10 oct. 2023 - Auteur : Cendrine Barruyer
Les UV peuvent être à l'origine de cancers de la peau et de lésions oculaires.
L’organisation du chantier et le port de lunettes anti-UV et de vêtements couvrants protègent efficacement.
Article paru dans PréventionBTP n°274-Juin 2023-p. 30
Le soleil peut être bon pour la santé : il stimule la fabrication de vitamine D, apaise des maladies inflammatoires, est bénéfique pour l’humeur, le sommeil et la tension artérielle. Mais l’excès d'ultraviolets (UV) entraîne coups de soleil, vieillissement prématuré, cancers cutanés… auxquels s'ajoutent des dommages oculaires : conjonctivites, photokératites, cataracte, altération de la rétine. En Allemagne, les cancers cutanés dus aux UV naturels sont la maladie professionnelle la plus répandue dans la construction. En France, pour l’heure, ces cancers ne sont pas inscrits au tableau des maladies professionnelles, et la réglementation (décret 2010-750 du 2 juillet 2010) ne donne de limites d’exposition que pour les UV artificiels.
UV sur les chantiers : en extérieur, tous les compagnons sont exposés
« Tous les compagnons exerçant en extérieur sont exposés aux UV naturels. Par exemple, dans les TP où l’immense majorité des chantiers se déroule en plein air ou dans le gros œuvre : maçons – en particulier coffreurs-bancheurs – charpentiers, couvreurs, façadiers, ainsi que les conducteurs d’engin, si les vitres de leur véhicule ne filtrent pas les UV », note le Dr Monique Cavet, médecin du travail à l'AST BTP-Montpellier. La neige, la mer, les surfaces blanches en réfléchissant le rayonnement, augmentent la quantité d’UV reçue. À la même heure de la journée, un façadier sera plus exposé que son camarade maçon qui travaille sur la terre battue. Le site www.soleil.info, reconnu par l'OMS, donne l’indice UV sur toute la France.
Bien organiser le chantier
« À Montpellier, beaucoup d’entreprises débutent dès 7 h 00. Cela permet de bénéficier des heures les moins ensoleillées. Nous conseillons également de mettre à disposition un espace ombragé pour les pauses, notamment celle de midi. » De plus, lorsque le soleil est au zénith, mieux vaut faire des découpes à l’ombre ou réaliser l’isolation des combles que travailler au faîtage d’une maison. Les salariés sont peu conscients du risque. « Nous les sensibilisons lors des visites médicales. Nous recherchons les grains de beauté suspects, nous vérifions leur vue… », indique le Dr Cavet. Le médecin alerte également sur les cofacteurs susceptibles d’aggraver les effets du rayonnement : de nombreux médicaments, certaines plantes et aliments, les parfums et cosmétiques et, enfin, les produits pétroliers contenant des HAP et les goudrons de houille sont photosensibilisants. La tenue idéale l'été est le tee-shirt manches longues et le pantalon (lire l'encadré). « Dans une entreprise que nous suivons, la découverte d’un cancer chez un compagnon a conduit l’employeur à rendre obligatoires les manches longues. » Sur la tête, le casque doit comporter un couvre-nuque ; les lunettes seront enveloppantes sur les côtés avec une protection de niveau 3 ou 4. Depuis avril 2018, un règlement européen* exige que les EPI destinés à protéger la peau contre les rayonnements UV puissent « absorber ou réfléchir la majeure partie de l’énergie rayonnée dans les longueurs d’onde nocives. »
*EPI (UE) n° 2016/425.
Des crèmes solaires sur les chantiers, une fausse bonne idée ?
Idéales pour les randonnées ou pour la plage, les crèmes solaires sont peu adaptées au travail sur les chantiers. Un vêtement couvrant sera beaucoup plus efficace. « Il existe aujourd’hui des tissus à maille serrée qui donnent un effet rafraîchissant. C’est plus protecteur et plus agréable à porter que le coton », indique le Dr Cavet. Ces textiles filtrent jusqu’à 98 % des UV. Les vêtements de protection et les lunettes anti-UV doivent être conformes aux normes en vigueur (EN 13758-2, EN 166-EN 170) et disposer d'un marquage spécifique.
4 mesures simples pour se protéger des UV
Porter des EPI adaptés
Un tee-shirt en coton léger est une barrière d’indice 5 (20 % des rayons solaires le traversent). Si le tee-shirt est mouillé la protection est réduite. Mieux vaut opter pour des matières adaptées « UPF 50 + » filtrant 98 % du rayonnement. Le casque doit avoir un couvre-nuque et les lunettes, niveau de protection 3 ou 4 doivent être enveloppantes sur les côtés.
Travailler à l’ombre aux heures les plus chaudes
Un arbre touffu filtre 80 % du rayonnement. Une tenture environ 50 %. Attention également au rayonnement indirect (réfléchi par le sol). Même quand on est protégé à l’ombre, les dalles ou le sable réverbèrent une part non négligeable d'UV.
Consulter au moindre grain de beauté suspect
Le rayonnement solaire entraîne divers types de cancers cutanés. Dans la construction, la majorité sont des carcinomes au pronostic favorable. Plus grave, le mélanome ne peut être guéri que s’il est découvert à un stade très précoce. Le repérage d’un grain de beauté suspect par le médecin peut sauver la vie !
UV artificiels, éviter la coactivité
Le travail de soudure à l'arc génère des UV artificiels. Le choix de la technique la moins rayonnante et le port d’écrans adaptés protègent le soudeur. L’organisation du chantier est essentielle pour que le chaudronnier, le tuyauteur puissent souder sans coactivité dans son environnement proche.