Démolition des bâtiments : « Le déchet est la pièce maîtresse de l’organisation du chantier »
Date de mise à jour : 3 juil. 2024 - Auteur : Loïc Féron
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Bien avant la loi Agec*, le déchet est depuis une dizaine d’années la pièce maîtresse de l’organisation du chantier, explique Alexandre Doyère, le président de Doyère Démolition. La démolition s’opère du haut vers le bas du bâtiment en séparant les matériaux dans les phases de curage, puis de déconstruction. » Avec un effectif de quarante-deux personnes, l’entreprise basée à Jouars Pontchartrain (78) exerce son activité depuis près de cinquante ans. Les opérations techniques urbaines pour le compte des principales majors du BTP constituent son cœur de métier.
L’étude cinématique
« En milieu urbain dense, nous commençons par étudier les accès, puis où poser des bennes dans la rue pour évacuer les déchets, reprend le dirigeant. Vient ensuite l’étude de cinématique, c’est-à-dire, comment organiser les circulations en rez-de-chaussée, l’approvisionnement des matériels dans les étages et la descente des matériaux vers les bennes. » La connaissance des fractions de déchets, des possibilités de tri sur le chantier ou à proximité et, enfin, des exutoires détermine l’organisation du travail. « La distance à l’exutoire final est une composante du choix effectué par le chef de chantier. La démolition des faux plafonds, par exemple, s’anticipe 24 eures à l’avance. Si la circulation est compliquée, mieux vaut commencer par la fraction fer et métaux, avant les gravats lourds. »
Le recours à l’aéraulique
Grâce aux diagnostics, l’entreprise dispose d’une meilleure connaissance des agents cancérogènes contenus dans les poussières, ce qui lui permet de mettre en œuvre les mesures de prévention appropriées. « La priorité est donnée à la protection collective, souligne Alexandre Doyère. Pour traiter la poussière à la source, nous avons recours à la brumisation, de plus en plus performante, mais aussi à l’aéraulique. » L’étude des flux d’air permet en effet d’orienter les poussières et les gaz d’échappement vers des points spécifiques, d’améliorer la ventilation dans les bâtiments et de faire baisser la VLEP. « Ces dispositions évitent aux salariés de porter un masque respiratoire », explique le chef d’entreprise, qui décline sa démarche prévention en trois volets : la formation, la santé-sécurité et le matériel.
Mutualiser la demande d’équipements
« Du côté des matériels, certains modèles de pelles grand bras sont maintenant équipés en série de cabines pressurisées et de brumisation, ce qui n’était pas le cas avant ». Les systèmes qui permettent de changer les accessoires de la machine sans en descendre sont également très appréciés des compagnons. « Il n’y a plus de tuyaux à enlever ou remettre et une pelle suffit, ce qui améliore aussi le rendement. » Et de conclure : « L’offre des fabricants d’équipements dépend étroitement du volume de la demande, mais nous parvenons, entre entreprises, à mutualiser des demandes spécifiques de matériels, par exemple pour la gestion d’un risque de poussières fines. »
*Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire.