Démolition vs déconstruction des bâtiments : pour quelle valorisation des déchets ?
Date de mise à jour : 3 juil. 2024 - Auteur : Loïc Féron
©Olivier Degoulange
Réunis depuis 2018 au sein du Syndicat des entreprises de déconstruction, dépollution et recyclage (SEDDRe), les professionnels de la filière font désormais cause commune. Nathanaël Cornet-Philippe, son secrétaire général, détaille les évolutions propres à ces métiers et les enjeux.
Quelles sont les évolutions du métier de démolisseur ?
Outre le traitement des déchets, la technicité apportée par les bureaux d’études est une tendance de fond. Les plans structurels des bâtiments facilitent aujourd’hui le phasage en 2D puis en 3D. Cette évolution technique est une réponse à l’exigence croissante des grands donneurs d’ordre pour plus de compétences en matière de gestion du risque et de l’assurance.
En quoi l’acquisition de connaissances sur le bâtiment influe-t-elle sur sa démolition ?
L’adjonction du savoir des ingénieurs dans la déconstruction trouve sa justification dans l’évolution des modes opératoires, eux-mêmes associés au progrès de la mécanisation. Depuis une vingtaine d’années, les entreprises disposent d’engins plus puissants, capables d’aller plus haut. Plus récemment sont apparus des robots radiocommandés qui mettent l’opérateur à distance, puis de petits engins électriques adaptés aux travaux intérieurs ou encore des mini-broyeurs.
C’est là où la démolition devient déconstruction… ?
Allant du général vers le particulier, de l’abattage vers le curage, la déconstruction est effectivement devenue l'une des modalités de la démolition. Les axes de réflexion et les outils proposés aux opérateurs dans le cadre du plan européen Digital Reconstruct vont dans ce sens. Les logiciels de reconnaissance 3D font par exemple progresser l’acquisition des données. Ils facilitent le diagnostic et améliorent le traitement des déchets.
Justement, jusqu’où peut-on aller en la matière ?
Analyser les gisements de matériaux en amont, au moment de la conception d’une opération de démolition, permet de rédiger un cahier des charges et de trouver l’entreprise adaptée. Mais ensuite ? Pour créer un cercle vertueux vers une déconstruction ou une dépose sélective propice à la revalorisation des déchets, il faut se poser les bonnes questions. Quelle est la prestation correspondante, avec quels moyens et vers quelles filières ?
Que penser de la question du réemploi posée aux entreprises ?
Il existe déjà des responsables réemplois chez les gros acteurs du secteur. Certains marchés indiquent une clause de réemploi et un chiffre mais rien n’est prévu derrière. Ce qui crée un hiatus. On ne peut pas continuer à raisonner sur d’anciens schémas. Une étude sur les pratiques de tri montre trois leviers majeurs : l’incitation financière, la volumétrie et l’existence d’une filière de valorisation. La question n’est donc pas de trier, puis d’envisager le réemploi mais bien de savoir quoi trier avant de le réemployer.
Créer un cercle vertueux vers une dépose sélective propice à la revalorisation des déchets.
Après une expérience dans l’industrie chimique, puis dans la transformation plastique, Nathanaël Cornet Philippe a exercé son activité chez EPC Groupe comme secrétaire général puis directeur de la branche Explosif industriel. Aujourd’hui président de Prestosid, il est, depuis 2019, délégué général du SEDDRe.