Face au sujet des RPS, les préventeurs sont parfois confrontés à des réactions hostiles. Comment les dépasser ?

« Ton truc, on n’y croit pas, c’est pour les bonnes femmes. » Cette petite phrase entendue auprès de chauffeurs routiers par le psychologue du travail Adrien Chignard, fondateur du cabinet Sens & Cohérence, pourrait aussi l’être dans le secteur du BTP et de la construction où il exerce également. Pour ce spécialiste des risques psychosociaux, directeur de publication d’un guide méthodologique sur les RPS, dans ces univers marqués par une forte masculinité et une culture « viriliste », les stratégies de prévention des risques, et plus particulièrement des RPS, sont souvent perçues comme « des marqueurs de faiblesse ». Il est donc nécessaire de dépasser les premières réactions hostiles pour aller chercher les vrais facteurs explicatifs du stress. Quand il fait travailler les personnes sur le rapport Gollac, Adrien Chignard leur donne des exemples très concrets : « Est-ce que tu aimes si ton chef te parle comme à un chien, si tu es prévenu au dernier moment, que toute ton organisation est en carafe et que tu ne pourras pas aller chercher tes gamins à l’école ? ». Alors que certains ont, au départ, tout balayé d’un revers de main, ils découvrent leur sensibilité à la reconnaissance, à l’autonomie et au management considérant.

Pour Isabelle Tarty, vice-présidente de la Fédération des intervenants des risques psychosociaux (Firps) et responsable des partenariats de l'IAPR, qui intervient dans le BTP, cette culture particulière du secteur suppose d’aller au-devant des personnes. « Dans ces milieux masculins peu sensibilisés à la santé mentale, un numéro vert, par exemple, est insuffisant ». Accompagner, former les managers d’équipe à détecter et réagir quand un collègue ne va pas bien, produit plus d’effet. « D’habitude Georges, il est toujours nickel, en ce moment, ce n’est plus le cas… Qu’est-ce que je lui dis ? Jusqu’où puis-je aller ? De nombreux organismes forment à la détection des signaux faibles sur des personnes qui vont difficilement se livrer sur leur état de santé mentale. »