« La reconnaissance au travail est cruciale pour prévenir les RPS » - témoignage de Christophe Laval, président fondateur du cabinet VPHR
Le manque de reconnaissance est un facteur de risque de détresse psychologique au travail. Décryptage avec l’expert Christophe Laval, président fondateur du cabinet VPHR.
Date de mise à jour : 7 déc. 2022 - Auteur : Armelle Gegaden
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Pour l’expert Christophe Laval, il est possible de compenser la pénibilité au travail, par de la reconnaissance. Selon ce spécialiste, il existe quatre formes de reconnaissance en entreprise, toutes aussi importantes les unes que les autres.
En quoi la reconnaissance au travail est-elle un élément important de la lutte contre les RPS ?
La reconnaissance est absolument cruciale pour prévenir les risques psychosociaux. Les experts du monde entier s’accordent à dire qu’elle figure parmi les tout premiers facteurs de risque associés à la détresse psychologique au travail. En Amérique du Nord, ils ont d’ailleurs identifié que son manque est un facteur de risque pour la santé mentale.
Quand on parle de reconnaissance, de quoi s’agit-il exactement ?
Il existe quatre formes de reconnaissance dans toute organisation : la reconnaissance de la personne, de ses compétences et de la qualité de son travail, des efforts fournis, et des résultats. Les organisations les plus vertueuses présentent un équilibre dans la cartographie des quatre composantes précitées. Depuis 2009, j’ai rencontré dix mille salariés, dirigeants, managers, représentants d’organisations syndicales. Tous ont une conception différente de la reconnaissance. Les dirigeants, par exemple, ont tendance à se focaliser davantage sur la reconnaissance des résultats. Pourtant, les quatre formes se complètent et sont aussi importantes les unes que les autres.
Quid de la reconnaissance des salariés envers leur manager ?
On associe volontiers la reconnaissance à celle du manager ou de l’organisation vis-à-vis des salariés. Mais la reconnaissance ascendante, c’est-à-dire des équipes à leur chef est, elle aussi, essentielle. Pour le manager, c’est souvent plus important que la reconnaissance de son propre patron.
Il existe d’autres formes de reconnaissance : entre collègues, de la part des clients, des sous-traitants… Pour prévenir les risques psychosociaux, il faut travailler sur leur ensemble et garder en tête que ce facteur n’est pas isolé.
Peut-on compenser de la pénibilité par de la reconnaissance ?
L’Université Laval au Québec a identifié cinq facteurs de risque principaux pour la santé mentale au travail, qui font aujourd’hui consensus dans le monde entier : charge de travail, manque de reconnaissance, de latitude décisionnelle, de soutien des supérieurs et des collègues.
Les facteurs, quand ils ne sont pas à risque, jouent un effet de protection. Les risques psychosociaux, c’est comme une balance qui pencherait d’un côté ou d’un autre.
Quand la charge de travail est très importante, comme dans la restauration et le BTP, si les salariés sont très reconnus et disposent d’une bonne autonomie, alors globalement, la situation peut s’équilibrer. Malheureusement, les organisations qui ont des risques pyschosociaux ont tendance à cumuler plusieurs facteurs de risque.
La reconnaissance ascendante, c’est-à-dire des équipes à leur chef est, elle aussi, essentielle.
Son ouvrage « Le pouvoir de la reconnaissance au travail » a reçu, en 2019, le prix du livre RH de l’année au Québec. Ce livre propose trente fiches pratiques pour allier santé, engagement et performance. Cet ancien DRH et DG, est le fondateur du cabinet franco-québécois VPHR, expert de la reconnaissance.