262 Dossier Avis d'expert

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Les entreprises ont été sensibilisées aux exigences minimales pour sécuriser les chargements des VUL ainsi que sur l'évaluation des risques. Mais il demeure essentiel de les mobiliser sur ces sujets, selon Thierry Fassenot, ingénieur conseil à la direction des risques professionnels à la Cnam.

À partir de quel constat l'aménagement des véhicules dans le BTP est-il devenu un enjeu de sécurité?

Le constat de départ repose sur l'analyse de la sinistralité dans le BTP, aggravée, en termes de conséquences matérielles et humaines, par des chargements aléatoires, voire des surcharges fréquentes par rapport à la charge utile. Même en l'absence de choc, l'absence d'arrimage et de retenue des charges, qu'il s'agisse de matériels ou de marchandises, peuvent présenter des risques réels pour le véhicule – jusqu'à le déstabiliser – et, évidemment, pour les passagers.

Quel travail normatif a été effectué dans ce domaine?

À partir de 2006, nous avons travaillé à la définition d'exigences minimales pour sécuriser les chargements des VUL en matière d'arrimage et de cloison de séparation, ce qui a contribué à établir la norme ISO 27956, sortie en 2009. L'idée n'est pas de rouler dans un coffre-fort mais d'assurer, par exemple, un freinage d'urgence sans risque, grâce à des points d'ancrage et une cloison de séparation avec l'habitacle. Mobiliser les entreprises dans l'évaluation des risques du chargement de leur véhicule est passé par une concertation avec les aménageurs, puis par l'élaboration par l'INRS de la note scientifique NS 286*. Cette note décrit un protocole de test permettant aux équipementiers de valider la résistance des aménagements en cas de freinage d'urgence ou de collision frontale.

Comment mobiliser les entreprises concernées?

Au fil des ans, l'enjeu de l'aménagement des VUL semble être tombé en désuétude, jusqu'à devenir un parent pauvre de la sécurité routière. Il manque clairement un fléchage spécifique, même si les Carsat peuvent dresser, dans le cadre de contrats de prévention, en fonction du projet, un état des lieux sur l'aménagement. Avec risqueroutierpros.fr, l'Assurance maladie-Risques professionnels, avec l'INRS, la Cnam et les Carsat, a mis en place un outil en ligne, simple d'utilisation, en accès libre ou via la création d'un compte pour un suivi de progression. Cet outil permet à chaque entreprise de dresser un état des lieux du risque au sein de son établissement, d'évaluer son niveau de prévention, et de prendre en compte des propositions de pistes d'action dont fait partie l'aménagement des véhicules. Définir les règles, équiper le véhicule, utiliser des dispositifs de calage et d'arrimage des charges, prendre en compte le poids de l'aménagement sont quelques-uns des points à respecter. Enfin, j'attends de la prochaine campagne ciblée « Risques routiers professionnels dans le BTP », la relance d'un dialogue avec les représentants des entreprises sur les risques routiers professionnels. Ce sera, je l'espère, l'occasion de porter des préconisations sur le sujet de l'aménagement, à la fois utiles en termes d'organisation mais aussi de sécurité routière.


*Note intitulée « Risque routier-Retenue au choc de mobilier embarqué en zone arrière de fourgons ou de fourgonnettes. Exigences et méthode d'essai. »

Un outil en ligne permet à chaque entreprise de dresser un état des lieux du risque au sein de son établissement.

Thierry Fassenot, ingénieur conseil à la direction des risques professionnels à la Cnam

Ingénieur conseil à la direction des risques professionnels à la Caisse nationale de l'Assurance maladie depuis 2007, Thierry Fassenot est l'auteur d'un rapport sur le risque routier professionnel, rendu en 2021, à titre d'expert du Conseil national de la sécurité routière.

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