En résumé

    Un savoir-faire entretenu par des formations régulières.

    Des investissements au profit de la qualité et de la sécurité.

    Reportage paru dans PréventionBTP n°262-Mai 2022-p. 22

    Photo : 262_Entreprise Zamora (ouverture)

    Crédit photo : Frédéric Vielcanet

    262_Entreprise Zamora (ouverture)

    Aux portes de Bayonne, la zone artisanale Saint-Frédéric aligne les entrepôts et usines de tôles. Rien d’original, à une exception près… Là, sur les rives de la rivière Adour, Zamora fait le show ! Spécialisée dans la rénovation et la préservation du patrimoine, l’entreprise a érigé un bâtiment de style basque labourdin (en briques, chaux et bois), qui se remarque de loin. Avec leurs deux chiens, Pépette et Saucisse, au milieu des piments d’Espelette accrochés aux fenêtres, Jacques et sa femme Vanessa y accueillent chaleureusement leurs visiteurs, particuliers et gestionnaires d’immeuble à la recherche d’une PME au savoir-faire reconnu en maçonnerie, ravalement et pose d’enduits (70 % de l’activité), et en taille de pierre (30 %). À une poignée de kilomètres, dans un bâtiment plus classique, l’entreprise stocke ses matériaux et a aménagé un atelier de taille.

    Favoriser l'atmosphère familiale

    Ce showroom reflète l’état d’esprit de Zamora, attachée aux traditions et au patrimoine de la région. « Bayonne est une ville au périmètre sauvegardé, et la rénovation des bâtiments est réglementée, explique Jacques Zamora. C’est lors d’un premier chantier de restauration d’une façade que j’ai compris l’intérêt de se spécialiser et contribuer à préserver la beauté des bâtis. Le travail ne manque pas et exige la maîtrise de techniques à l’ancienne, comme l’enduit à la chaux. Mais au-delà, c’est d’abord une passion ». Le showroom témoigne aussi de l’atmosphère familiale (le fils César, maçon et tailleur de pierre, apporte sa pierre à l’édifice) de l’entreprise, qui prend soin de ses salariés. Des vestiaires et une cuisine ont été aménagés à l’arrière, ainsi qu’une salle utilisée notamment pour les formations. « Je veux que mes gars soient fiers d’être maçon, se sentent en confiance. Il est de plus en plus difficile de recruter dans le bâtiment, et il faut entretenir cet état d’esprit familial, rendre les tâches moins pénibles et former régulièrement pour souder les équipes et continuer à faire du bon travail », poursuit-il.

    Multiplier les formations

    Cela passe par des formations professionnelles mais également des formations à la prévention, avec des séances régulières dédiées au montage des échafaudages, au travail en hauteur, au port du harnais ou à l’habilitation électrique. Vanessa, qui a bénéficié de l’accompagnement de l’OPPBTP, est chargée de cette prévention depuis dix-huit mois, une tâche supplémentaire qu’elle prend à cœur. « Il est important que les salariés comprennent que ce n’est pas qu’une contrainte obligatoire, explique-t-elle. C’est un élément essentiel pour leur bien-être au travail et leur sécurité. Pour plus de convivialité et aussi d’efficacité, nous réalisons ces formations le plus souvent dans nos locaux, avec la venue régulière d’intervenants extérieurs, par exemple pour les quarts d’heure sécurité organisés chaque trimestre. Tous les salariés ont également bénéficié de formations aux gestes de premiers secours, d’autant plus importants qu’ils peuvent servir dans leur vie quotidienne ».

    Des vélos pour remplacer les VUL

    La sensibilisation à la prévention se double d’investissements conséquents dans des machines-outils et matériels, mais aussi des véhicules électriques : une brouette bénante (8 000 euros) et un triporteur Amsterdam Air (2 500 euros), équipé d’une caisse de transport acceptant 120 kg de charges. Un second triporteur complétera prochainement ce parc, qui améliore les conditions de travail en diminuant les manutentions et en allégeant les ports de matériaux, tout en répondant à la nécessaire transition écologique. Ils sont d’autant plus importants que Zamora travaille dans l’hypercentre de Bayonne, dont l’accès est réglementé. Ainsi, les trois camions de l’entreprise (deux sont équipés d’une grue auxiliaire et le troisième d’une polybenne) ne peuvent y accéder qu’avant 9 heures le matin, pour livrer des matériaux ou évacuer les gravats. En complément, outre les triporteurs, un utilitaire Nissan NV2000 100 % électrique permet un accès toute la journée. Dernière originalité : l’achat de six vélos, mis à disposition des salariés. Ils rejoignent l’entreprise avec leur véhicule personnel, qu’ils peuvent troquer pour un deux-roues afin d’accéder plus facilement aux chantiers, en deux à trois kilomètres d’un agréable trajet le long de l’Adour. « Ce n’est pas obligatoire, mais cela entre progressivement dans les mœurs, notamment chez les plus jeunes », conclut Jacques Zamora.

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    Dans l’entrepôt, les matériels et matériaux (échafaudages, étais, sacs d’enduits…) sont rangés avec un ordre précis pour diminuer les manutentions.

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    Une débiteuse, équipée d’un disque d’un mètre de diamètre et d’une table motorisée, facilite le travail des tailleurs de pierre.

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    L’acquisition récente d’une brouette électrique avec benne facilite le transport des marchandises.

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    Un triporteur électrique peut embarquer jusqu’à 120 kg, pour se faufiler rapidement dans le centre de Bayonne.

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    Le montage des échafaudages Altrad Métrix, aux gardes corps légers, se fait en sécurité et avec les équipements requis : gants, harnais…

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    Pour hisser des matériaux, les ouvriers utilisent un treuil plutôt qu’une poulie afin de diminuer les risques de TMS.

    Bilan de performance

    Si les investissements réalisés depuis deux ans contribuent à améliorer la sécurité au travail, ils ont également un impact économique. Selon Jacques Zamora, ils permettent de gagner en productivité, avec au final une amélioration sur la rentabilité, qu’il estime à 15 %. Au-delà, ils contribuent à améliorer la notoriété de l’entreprise, reconnue pour ses efforts en matière de prévention et d’environnement.

    Focus

    Des investissements réguliers et porteurs de sens

    Des échafaudages aux machines-outils, l’entreprise n’a de cesse d’innover pour gagner en performance.

    Depuis 2018, la PME a investi des dizaines de milliers d’euros afin de gagner en productivité et répondre aux défis environnementaux. Ces investissements rendent également le travail moins pénible, comme le confirme Jacques Zamora.

    Quels sont les principaux investissements réalisés ces dernières années ?

    Pour être plus autonome et gagner en sécurité, nous avons investi 200 000 euros, dont 25 000 euros de subventions de la Carsat, dans l’achat de 2 500 m2 d’échafaudages Altrad Métrix. Ils facilitent les montages et diminuent les risques de chute en hauteur. Parallèlement, nous utilisons des treuils électriques plutôt que des poulies pour hisser les matériaux. Ces investissements sont essentiels pour rendre le travail moins pénible, et in fine, attirer les jeunes.

    Qu’en est-il pour votre activité de taille de pierre ?

    Nous avons équipé nos deux tailleurs de pierre d’une machine qui coupe les blocs à l’eau avec une lame spéciale et limite les poussières. Un caniveau dirige l’eau sale vers un bac filtrant qui bloque les rejets. L’eau propre est ensuite réutilisée via un circuit fermé. Nous avons également investi dans deux équipements d’occasion, pour 55 000 euros : une machine Gracia équipée d’un disque d’un mètre de diamètre et d’une table pivotante qui facilite les manutentions pour découper les gros blocs, et une polissoire à « genouillère » pour le polissage et la réalisation des moulures.

    Quelle est votre politique en matière de prévention du bruit ?

    Chaque salarié dispose de protections moulées Earsonic. Le coût est d’environ 120 euros par personne, pour une durée de vie de trois à quatre ans. Un filtre permet de sélectionner la protection, de léger à fort. Elles ne sont pas obligatoires mais de plus en plus utilisées, notamment par les tailleurs de pierre et pour les opérations d’hydrogommage des bâtiments.

    Pour être plus autonome et gagner en sécurité, nous avons investi 200 000 euros dans l'achat de 2 500 m2 d’échafaudages.

    Jacques Zamora, dirigeant de l’entreprise

    Avec un père maçon, Jacques Zamora (53 ans) a toujours vécu dans le monde de la construction. « J’allais sur les chantiers, je commandais une brouette pour Noël », s’amuse-t-il. Un CAP de carreleur-mosaïste en poche, et après un passage chez les compagnons, il a d’abord rejoint Delta Construction avant de créer sa propre entreprise ; avec l’envie d’une structure où les ouvriers se sentent en confiance et ont le goût du travail bien fait.

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    Crédit photo : Frédéric Vielcanet

    La méthodologie appliquée

    Zamora a choisi de se spécialiser dans la rénovation et préservation du patrimoine. Cette stratégie a permis de développer une expertise, avec des ouvriers au savoir-faire reconnu. Le secteur protégé du centre de Bayonne apporte du travail toute l’année.

    Échaudée par les longs trajets, l’entreprise préfère concentrer son activité à 90 % dans Bayonne, quitte à refuser des chantiers ! La cohésion d’équipe et l’esprit familial s’en trouvent améliorés, des critères essentiels « si l’on veut que les ouvriers se sentent en confiance et fassent du bon travail ».

    Le verdissement de la flotte d’engins est en cours, avec l’achat de véhicules électriques. La proximité des chantiers autorise ce choix, également guidé par l’accès réglementé au cœur de Bayonne. Avec la hausse des prix du carburant, l’entreprise ne regrette pas sa décision !

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