En résumé

    ● Évaluer ce risque méconnu est obligatoire pour l’employeur.

    ● Les Carsat peuvent accompagner cette démarche.

    Article paru dans PréventionBTP n°262-mai 2022-p. 28

    On ne le voit pas, on ne le sent pas, et pourtant il est là. Le radon est un gaz naturellement radioactif, que l’on retrouve particulièrement dans les zones granitiques (Bretagne, Vosges, Massif central…). « Sur les chantiers, à l’air libre, il n’y a pas de risque », indique Pierre Laurent, expert au Centre interrégional de mesures physiques à Limoges. Le radon se dissipe dans l’atmosphère. En revanche, dans les sous-sols ou les rez-de-chaussée mal aérés, sa concentration augmente. Les poussières de l’environnement deviennent radioactives. En se fixant dans les poumons, elles peuvent entraîner des lésions. Depuis juillet 2018, les entreprises sont tenues d’évaluer le risque radon et de l'intégrer leur DUER. Par ailleurs, le niveau de référence à partir duquel il convient de prendre des mesures de prévention a été abaissé à 300 Bq/m3. Le Plan santé au travail 2022-2026 comporte un axe de travail sur le radon.

    Risque radon : mesurer, évaluer

    « Évaluer ce n’est pas forcément mesurer », rassure Pierre Laurent. Régulièrement mise à jour par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), la carte de France interactive indique le niveau de risque (de 1 à 3). Pour les entreprises situées en zone 3, il sera nécessaire de faire des mesures. Pour les communes en zone 1 ou 2, l’évaluation ne requiert pas de mesurages systématiques. Pour les activités souterraines (tunnel, ouvrage d’art enterré…), l'évaluation est requise sur l’ensemble du territoire national. L’entreprise peut faire ses mesures en disposant des détecteurs solides de trace nucléaire (DSTN) dans ses locaux. Après deux mois minimum, elle les renvoie au laboratoire pour analyse. Publié en juillet 2020 par la DGT, le « Guide pratique Prévention du risque radon » indique les modalités du diagnostic. L'employeur peut aussi s’adresser aux Carsat ou à l’un des organismes agréés par l’IRSN.

    La protection collective avant tout

    Si les mesures indiquent un niveau trop élevé de radon, des solutions techniques existent pour y remédier. Elles sont de trois ordres : travailler sur l’étanchéité de l’interface sol/bâtiment et colmater toutes les fuites, ventiler, et enfin capter le radon sous la dalle (système de dépressurisation du sol). « Après les travaux, on réitère la mesure, indique le Dr Anne Bourdieu, du département Études et assistance médicales de l’INRS. Si le taux reste supérieur à 300 Bq/m3, il faut évaluer la dose cumulée annuelle des salariés. Au-delà de 6mSv, les salariés concernés bénéficient d'un SIR (suivi individuel renforcé, NDLR) ». Actuellement les examens réalisés dans le cadre du SIR sont au choix du médecin du travail. « C’est en train d’évoluer et l’on va s’orienter vers un suivi plus formalisé. L’intérêt du scanner basse dose est en cours d’évaluation ». Ces salariés exposés relèvent également du suivi post-professionnel.

    Les Carsat en première ligne

    Depuis le 1er juillet 2018, l’évaluation du risque radon est obligatoire pour toutes les entreprises (décret n° 2018-437). Pour soutenir les PME et TPE dans cette démarche, la Carsat Centre-Ouest a mis en place l’année dernière une subvention radon. S’adressant aux entreprises de moins de 50 salariés, couvertes ou non par une convention nationale d'objectifs, cette subvention peut aider à financer le diagnostic initial (dépistage de l’activité volumique, identification des voies d’entrée du radon), réaliser des travaux de réduction du niveau d’exposition, ou encore déployer un dispositif de surveillance. L’allocation est limitée à 25 000 euros. Deux autres Carsat (Bretagne et Auvergne) ont effectué une démarche semblable.

    Quatre pièges à connaître pour identifier le risque radon

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    Une exposition différente dans des bâtiments similaires

    Deux locaux semblables situés dans une même zone peuvent avoir une exposition très différente. Il suffit d’une fissure dans la dalle, d’un passage de tuyauterie mal étanché pour que le radon remonte à la surface !

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    Tabac + Radon = risque aggravé !

    Deuxième facteur de risque de cancer broncho-pulmonaire après le tabac, le radon est responsable de 10 % de ces tumeurs. De plus, les deux risques s'aggravent l'un l'autre. Il est indispensable d’informer les salariés de l’interaction néfaste radon-tabac (Code du travail, article R4451-58).

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    Le chauffage accroît la présence de radon

    La taille des poussières et l’humidité sont des facteurs aggravants. De même le chauffage entraîne une « dépression » dans le local qui aspire le radon et accroît sa présence dans l’atmosphère.

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    Travail physique intense : plus de particules inhalées

    Le risque radon dépend de nombreux facteurs, notamment du type d’activité… Si le travail est très physique, le débit respiratoire augmente et la quantité de particules inhalées s’accroît en proportion.

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