Syndrome de Raynaud, savoir s'en protéger

Qu'est-ce que le syndrome / maladie de Raynaud et quels en sont les symptômes ?

Deux ou trois phalanges qui blanchissent (certains parlent de doigts bleus), une sensation de froid aux mains associée à une perte de sensibilité des doigts puis une douleur vive lorsque le sang irrigue à nouveau les doigts de la main. Ainsi se manifeste le plus souvent le syndrome de Raynaud.

Les crises évoluent en trois phases :

• contraction des vaisseaux sanguins / vasoconstriction (les doigts deviennent blancs, froids et insensibles),
• cyanose / acrocyanose (les doigts bleuissent)
• rougeur accompagnée de fourmillements et de douleurs (quand le sang revient dans les extrémités).

Ces phases se succèdent sur une période allant de plusieurs minutes à une heure. Parfois une seule phase est présente. Le syndrome de Raynaud touche principalement les mains, à l’exception du pouce pour les formes professionnelles. Sans gravité dans la majorité des cas, il est toutefois très désagréable. Cette maladie touche surtout les femmes jeunes, sauf dans le contexte professionnel où elle affecte prioritairement des hommes.

Les vibrations, l'une des causes du syndrome

Dans le bâtiment, l'exposition répétée à des vibrations est une cause majeures de syndrome / phénomène de Raynaud. Des études^* mettent en avant que l’utilisation régulière d’outils vibrants tels que les tronçonneuses, marteaux-piqueurs ou encore perforateurs pneumatiques est retrouvée chez 14,6 % des personnes souffrant de ce trouble.

Autre cause importante : le syndrome du marteau hypothénar ou Hammer. « Il est dû aux chocs répétés provoqués par les instruments percutants ou par l’utilisation du talon de la main comme outil pour frapper des objets », indique le Pr Marc Lambert, chef du service de médecine interne au CHU de Lille, centre de référence des maladies artérielles rares. Ces chocs finissent par entraîner une altération des artères de la paume. Environ 1 à 2 % des syndromes de Raynaud seraient liés au Hammer.

Ces deux affections sont reconnues au tableau 69 des maladies professionnelles.

Troisième cause, la silice. Elle peut être responsable d’une sclérodermie, elle-même à l’origine d’un syndrome de Raynaud. La maladie est inscrite au tableau 25 A3 du régime général. Certains solvants sont également incriminés dans l’apparition de sclérodermies. « Chaque année, je vois en consultation deux ou trois cas compliqués de syndrome de Raynaud. Il est parfois alors difficile de maintenir le salarié en emploi », témoigne le Pr Lambert.

Une adaptation du poste de travail peut s'avérer nécessaire, surtout si le syndrome de Raynaud est lié à votre activité professionnelle. Si tel est votre cas, n'hésitez pas à en discuter avec votre médecin du travail.

Syndrome de Raynaud : en cas de crise, premier réflexe, se réchauffer les mains

Que faire en cas de crise ? D’abord réchauffer ses extrémités, mais pas seulement (lire l'encadré). Pour diminuer la survenue des crises, il faut en éviter les facteurs déclenchants : exposition au froid, à l’humidité, au tabagisme, changement de température brusque, utilisation d'outils vibrants.... C'est pourquoi, l'hiver sur les chantiers, il faut régulièrement faire des pauses et se mettre au chaud et/ou boire une boisson chaude (lire ci-dessous). 

^*Cohorte de Framingham, le plus grand suivi de cohorte au monde sur les pathologies cardiovasculaires avec trois générations suivies depuis 1948.

Importance de l'alimentation et de l'hygiène de vie pour prévenir les crises

Il est également important de veiller à son alimentation pour prévenir ou atténuer les crises de maladie de Raynaud. Une alimentation équilibrée, riche en vitamines C et E, peut aider à renforcer la paroi des vaisseaux sanguins et ainsi améliorer la circulation sanguine. Boire suffisamment d’eau et éviter les boissons très froides permet de maintenir une bonne hydratation, essentielle pour la circulation sanguine. Il est conseillé de limiter la consommation d'aliments riches en sel et en gras saturés, qui peuvent aggraver les problèmes circulatoires en favorisant la rigidité des vaisseaux sanguins. La consommation de tabac, cannabis, cocaïne ou encore l'excès de boissons caféinées (café, thé, boisson au cola) sont à proscrire.

En complément, la pratique régulière d’une activité physique modérée favorise une meilleure circulation sanguine et peut aider à réduire la fréquence des crises.