Vaccins professionnels, quelques rappels s’imposent
Certains risques biologiques sont présents sur les chantiers. La vaccination doit s'intégrer dans une démarche globale de prévention des risques professionnels. Tour d'horizon.
Date de mise à jour : 28 sept. 2023 - Auteur : Cendrine Barruyer
Les travaux du BTP exposent à certains risques biologiques.
En complément des protections collectives et des EPI, la vaccination peut être recommandée.
Article paru dans PréventionBTP n°276 p. 30-Septembre 2023.
Êtes-vous à jour de vos vaccinations ? Si l’on pose la question au hasard dans la rue, il y a bien des chances que la personne interrogée ne sache pas quoi répondre. De nombreux vaccins sont obligatoires dans la petite enfance. À l’âge adulte, la vaccination relève de la volonté de chacun. Pourtant, ces vaccinations sont importantes, notamment dans le secteur du BTP.
DTP, on n’oublie pas les rappels
Le DTP c’est le fameux vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, des maladies qui faisaient autrefois des ravages. Désormais, la vaccination contre la coqueluche y est associée de façon systématique jusqu'à 25 ans. Le schéma vaccinal initial est terminé à l’âge de 12 ou 13 ans, mais la protection n’est pas éternelle. Il est donc conseillé un rappel à 25 ans, un autre à 45, à 65 puis tous les dix ans à partir de 65 ans. Ce conseil est particulièrement important pour les professionnels du BTP. En effet, le bacille du tétanos est omniprésent dans l’environnement, notamment dans la terre et sur les outils rouillés. Il suffit d’une plaie pour que l’infection débute. Le tétanos est une maladie grave, potentiellement mortelle : grâce à la vaccination, il a pratiquement disparu en France.
Ne pas négliger la grippe
De même, la grippe peut être extrêmement grave chez l’adulte, en particulier si ce dernier est en surpoids, fumeur ou s’il présente une maladie comme l’asthme, la bronchite chronique, le diabète, ou une affection cardiovasculaire. Chez ces salariés fragilisés, la vaccination contre le pneumocoque est également recommandée. Une grippe ou une pneumonie peuvent aggraver une maladie existante, ou la révéler. « Une personne qui s’ignorait coronarien est susceptible de faire un infarctus à la suite d’un épisode grippal », avertit le Dr Jacques Gaillat, infectiologue au Centre hospitalier d’Annecy.
Des métiers exposés à la leptospirose
Parfois appelée « maladie du rat », la leptospirose est une infection dont l'incidence augmente. Transmise par les urines de rongeurs, notamment le rat, la bactérie peut contaminer les eaux et sols boueux et provoquer la leptospirose, maladie liée à une activité de loisirs (baignade et pêche) ou professionnelle. Les personnels travaillant sur les réseaux d’assainissement peuvent se trouver au contact d'eaux contaminées. La maladie peut également concerner les personnes exerçant dans les mines, carrières, souterrains, et celles qui entretiennent les berges et voies navigables… « La vaccination est proposée après avoir mis en œuvre toutes les mesures de protection générale et collective, notamment le port de gants », insiste le Dr Gaillat. La vaccination contre l’hépatite A peut également être proposée aux personnels exerçant dans les égouts : une dose suivie d’une seconde dose à six mois-un an. Les vaccinations liées à des risques professionnels sont à la charge de l’employeur. Les vaccinations contre les maladies tropicales peuvent être réalisées dans les centres dédiés et les autres peuvent être faites par le généraliste ou le médecin du travail et, sur prescription, par les infirmiers. Les pharmaciens et infirmiers peuvent vacciner contre la grippe, sans prescription.
Convaincre un salarié hésitant
En dehors du secteur de la santé, où certaines sont obligatoires, les vaccinations sont réalisées sur proposition du médecin du travail et avec l’accord du salarié (lettre circulaire du 26 avril 1998). « Quand je discute avec des artisans, je constate bien souvent qu’ils ne voient pas la nécessité de se faire vacciner », indique le Dr Gaillat. Or une simple grippe peut désorganiser complètement un chantier. Autre frein : la crainte des effets secondaires et notamment la conviction que le vaccin peut transmettre la maladie contre laquelle il protège. « Il faut savoir entendre ces craintes, rassurer sur la sécurité de la vaccination et rappeler que le vaccin est l'un des plus grands progrès de la médecine, au même titre que l’eau potable ! »
4 situations où il faut penser à la vaccination
Ne pas partir en déplacement sans être protégé
Les expatriés et les salariés en mission sur des chantiers en Asie, en Amérique latine ou en Afrique doivent se faire vacciner contre les maladies endémiques dans le pays d’accueil (information sur le site internet de l'Institut Pasteur). Une recommandation qui s'applique également aux migrants qui retournent dans leur pays d'origine pendant les vacances.
indispensable contre le tétanos !
Le tétanos est une infection grave, souvent mortelle. Le bacille est présent dans les sols. Un rappel est recommandé à 25, 45 et 65 ans. Si le médecin du travail ne dispose pas d’information sur le statut vaccinal des salariés, il leur délivre une information sur le risque et la nécessité de vaccination.
Leptospirose, la prudence s’impose
La leptospirose est une maladie professionnelle (tableau 19). La vaccination est proposée au cas par cas pour les métiers à risque. Dans les territoires d'outre-mer, l’incidence est 10 à 100 fois plus élevée et la souche plus virulente. Le protocole vaccinal comporte deux injections à un mois d’intervalle, un rappel quatre à six mois plus tard, puis tous les deux ans.
Grippe et pneumocoque, une protection simple et efficace
Chaque année, la grippe entraîne en moyenne 20 000 hospitalisations et 9 000 décès*. En France, seules 35 % des personnes à risque de complications après une grippe sont vaccinées. Le vaccin contre la grippe est annuel. Pour le pneumocoque, c’est tous les cinq ans.*Source : Haute autorité de santé.