Heurté par un compacteur vibrant
Date de mise à jour : 4 déc. 2023 - Auteur : Didier Renouat
Une entreprise procède à la réfection du tapis d'enrobés sur une route nationale. La mise en œuvre est réalisée par demi-chaussée. La circulation des usagers est maintenue sur l'autre moitié de la route par un alternat. Le compactage est effectué avec un rouleau tandem vibrant et un rouleau duplex. L'opérateur qui conduit le rouleau duplex stoppe son compacteur et s'éloigne de sa machine pour répondre à un appel sur son téléphone portable. Il est immobile au milieu de la chaussée. Au même moment, le conducteur du rouleau tandem entame une marche arrière et heurte son collègue. La victime, déséquilibrée, chute au sol et se fait écraser le pied droit par le compacteur. Il s'en sortira avec de multiples fractures et une longue période de rééducation.
Fiche accident parue dans PréventionBTP n°278-Novembre 2023
©Lipsum
Pourquoi est-ce arrivé ?
- La voie sur laquelle évoluaient les engins était étroite à cause du maintien de la circulation par alternat sur l'autre voie.
- Le chauffeur du compacteur se concentrait sur le côté gauche de la chaussée qu'il souhaitait longer (coté opposé à celui où se trouvait la victime).
- La victime a vu le compacteur manœuvrer en marche arrière, mais a sous-estimé sa vitesse de déplacement. Elle était concentrée sur sa conversation téléphonique.
- La victime se situait dans un angle mort au moment du heurt.
- Le compacteur ne disposait pas de dispositifs techniques destinés à limiter le risque de heurt (caméras, radars…) voire de le supprimer (freinage automatique d'urgence).
Risque de heurts
Sur les chantiers de travaux publics ou de gros œuvre, la coactivité peut être importante entre les piétons, les camions et les engins. Les risques d’accidents professionnels sont nombreux, en particulier les collisions entre piétons et engins. Mais la coactivité n’est pas la seule cause d’accidents du travail : une mauvaise visibilité (notamment liée aux angles morts ou au travail de nuit), une vitesse excessive, le fait d’être absorbé par son activité, sont autant de facteurs pouvant être à l‘origine de heurts.
3 pistes pour éviter l'accident
1. Définir des mesures organisationnelles
Un plan de circulation permet de définir où passent les poids lourds, les engins et les piétons. Il limite au maximum les croisements et supprime ainsi le risque de collision. Il permet également de prévoir, dans la mesure du possible, des zones dédiées aux manœuvres des camions et des engins, dans lesquelles les piétons ont interdiction de pénétrer. Un homme trafic peut aider à réaliser ces manœuvres dans de meilleures conditions. L’aménagement de « phone zone » avec les règles associées (interdiction de prendre ou émettre un appel sur chantier en dehors de cette zone) est également souhaitable.
2. Sensibiliser tous les acteurs
Les facteurs à l’origine des heurts sont nombreux :
- Les angles morts.
- Les vitesses de déplacement et les distances de freinage associées.
- La perte de vigilance des conducteurs.
- L’inattention possible des piétons.
Il est important que tous les acteurs du chantier soient sensibilisés et formés à ces facteurs de risque. Ainsi, par exemple, les compagnons à pied pourront se rendre compte que certains chauffeurs ne sont pas en mesure de les détecter. Ils pourront adapter leur comportement en conséquence.
3. Tenir compte de l'évolution de la technologie
Les angles morts sont l’un des facteurs de risque les plus importants. En l’absence de visibilité directe, on peut opter pour un dispositif technique qui limite ou supprime le risque de heurt. On distingue aujourd'hui quatre grandes familles d'équipements :
- Les caméras simples ou à 360° : cet outil améliore considérablement la visibilité du chauffeur de camion ou d’engin. Attention, il s’agit d’une aide à la conduite améliorant la détection et non d’un outil de guidage.
- Les dispositifs d'alerte de présence dans une zone dangereuse : radars de recul, systèmes combinés – associant des caméras et des systèmes radars à ultrasons ou infrarouge –, systèmes de détection où les piétons sont porteurs de badges. Les caméras avec analyse d’images peuvent reconnaître une forme humaine.
- Les équipements visant à alerter les piétons du mouvement d’un matériel contribuent à éviter les heurts : les alarmes de recul ou les signaux lumineux matérialisant une zone d’exclusion en font partie, tout comme certains dispositifs à badge cités plus haut.
- Le freinage automatique d’urgence : en cas de détection d’obstacles, les possibilités d’interaction de certains de ces systèmes avec les engins permettent un ralentissement automatique. L’offre chez les constructeurs d’engin est émergente, et des compacteurs équipés de dispositifs de freinage automatique d’urgence arrivent sur le marché.
Solutions et ressources
FORMATION. E-learning « La prévention des risques de heurts par engin de chantier »
Les points abordés dans ce module D-clic prévention sont : les risques de heurts par engin, organiser le chantier, sensibiliser les équipes. Les D-clic prévention sont des modules de 15 minutes composés de quatre séquences vidéo et de quiz pour acquérir les savoirs essentiels en prévention. Tous les modules, 65, sont accessibles en ligne avec le navigateur Chrome et téléchargeables gratuitement. Pour approfondir le sujet, un pack documentaire (fiches, affiches, documents…) est proposé avec chaque module.
ÉQUIPEMENTS. Veste connectée
T2S, fabricant spécialisé dans les vêtements haute visibilité, s’est associé avec Eleksen Site Guard pour proposer une parka capable de détecter la proximité d’un engin. Le système est installé sur les engins et l’ensemble des opérateurs travaillant à proximité. Dès qu’un opérateur rentre dans la zone de détection (paramétrable), une alerte visuelle et sonore se déclenche dans la cabine du véhicule ainsi que sur le vêtement du porteur. Le fabricant propose également ce système sur les gilets haute visibilité.
ÉQUIPEMENTS. Système de détection de piéton
Le dispositif Blaxtair distingue, en temps réel, une personne d’un obstacle et alerte le conducteur du danger, sans alarmes inutiles. Cet équipement de détection est destiné aux engins industriels mobiles. Il peut être également utilisé aux abords de machines dangereuses fixes. Ce système s’adapte à tous types d’engin (camions, compacteurs, niveleuses, chargeuse, pelle mécanique, chariots élévateurs…) et peut se monter en une heure. Blaxtair détecte les piétons autour des engins de 0 à 20 mètres suivant les configurations. Efficace de jour comme de nuit, il alerte le conducteur et le piéton en cas de risque de collision. Il est constitué de trois éléments : une caméra stéréoscopique, qui capture les images 3D, une unité de traitement, qui reconnaît et localise les personnes en situation de danger grâce à des algorithmes d’IA, et un dispositif d’alarmes, écran LCD ou LED/Buzzer, qui alerte le conducteur par une alarme visuelle et sonore si une personne est détectée dans la zone de danger définie.
C’est la première enquête sur un risque majeur pour le BTP : le heurt engin-piéton. En 2021, l’OPPBTP a interrogé des adhérents de CAP Prévention (réseau des acteurs de la prévention) et des participants à une matinée technique sur le risque de heurt engin-piéton, coorganisée avec la FNTP, sur leurs pratiques. Retrouvez une synthèse de cette enquête.