Comment anticiper les enjeux de prévention du chantier bas carbone ?

Établissement public au service de l'innovation dans le bâtiment, le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) intègre la transition environnementale parmi les critères d’évaluation des produits et des procédés de construction. Rencontre avec Valérie Gourvès, directrice opérationnelle Sécurité, structures, feu, du CSTB.

Comment va se décliner la transition vers un BTP plus sobre en émissions de GES ?

Le bas carbone est favorisé par une pression réglementaire avec la RE2020 et la responsabilité élargie du producteur, qui entrera en vigueur le 1^er janvier 2023. La notion d’écoconception permet de jouer sur les matériaux mais aussi sur les assemblages, avec le sujet de la déconstruction et de la réutilisation de la matière. On va privilégier le choix de matériaux peu carbonés, comme le bois, mais il serait inimaginable que la ville de demain soit 100 % bois. Donc nous devons aussi mener une réflexion sur les matériaux de type béton, qui doivent aussi tendre vers le bas carbone, ainsi que tous les procédés mixtes associant différents matériaux entre eux. En parallèle, les procédés de construction évoluent également, avec plus de préfabrication et de construction hors site.

Qu'est-ce qui va changer en termes de sécurité ?

Sur ce dernier sujet du hors site, on identifie un côté assez vertueux pour les opérations de manutention avec de meilleures conditions de travail, sous abri avec plus d’outils d’assistance et moins de troubles musculosquelettiques. Concernant les matériaux, qu’ils soient nouveaux ou issus de la déconstruction, il est nécessaire de progresser en recherche et développement pour s’assurer de la sécurité de la manipulation. Est-ce que les différents composants d’un bâtiment que vous allez déconstruire sont au standard de santé-sécurité actuels ? Cela sera conduit en lien avec les éco-organismes qui vont structurer la filière.

En termes de sécurité et de prévention, où porter les priorités d'action ?

Nos demandes d’évaluation de produits nécessitent de s’intéresser à l’ensemble des enjeux : environnement, acoustique, performance, durée de vie… Un matériau écologique doit donc être aussi sûr et performant qu’un autre. Nous essayons de porter un regard holistique, avec des équipes qui ont une approche transversale, et une direction de l’économie et des ressources, tout juste créée cet été par le CSTB, qui travaille sur l’économie circulaire et la prospective. Sur le chantier, ces changements induisent de nouvelles façons de faire et la formation de toute la chaîne de la construction constitue un défi pour nous adapter en toute sécurité.