Bétonnière bas carbone sur un chantier BTP

©UMGO/FFB

Quel est le bilan carbone global du béton ? Si c’était un pays, le béton serait le troisième plus gros pollueur, derrière les États-Unis et la Chine. Et c’est le ciment qui représente 85 % de son impact carbone. Il s’agit du matériau le plus consommé dans le monde, avec 150 tonnes par seconde, selon l'Association mondiale du ciment et du béton (GCCA). Or il représente à lui seul 7 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, le triple du transport aérien. « Il est possible de diviser par trois l’impact carbone de certains ciments, assure François Cussigh, directeur ingénierie du matériau béton de Vinci Construction France. Même pour les bétons qui ont des exigences fortes en prise et en durcissement, on va jouer sur les formules pour diminuer de 20 à 30 % les émissions de CO2. »

Autant de types de béton que d’utilisations

Pour parvenir à ces résultats, il est nécessaire de réduire la quantité de clinker – ingrédient du ciment, produit par la cuisson d’argile et de calcaire à 1 400 °C, libérateur de dioxyde de carbone. Cela est rendu possible grâce à l’utilisation de liants alternatifs comme les laitiers issus des hauts-fourneaux ou les fumées de silice des usines de ferrosilicium. « Ces méthodes sont utilisées depuis très longtemps, notamment en génie civil, rappelle François Cussigh. En revanche, ce sont les applications qui sont nouvelles. On va utiliser des bétons bas carbone pour des fondations profondes, des planchers voire la superstructure d’un bâtiment. » Inconvénient : la cinétique de prise et le durcissement de ces bétons moins carbonés vont être ralentis, avec un impact sur les pratiques du chantier.

Des risques nouveaux à anticiper

Une fois que le matériau s’est hydraté et que les réactions ont eu lieu, on a les mêmes performances. « Mais on a un point de vigilance sur les vingt-quatre premières heures et le jeune âge du béton bas carbone. Les questions qu’on se pose avec le durcissement sont les mêmes que pour la pose du béton en plein hiver, où les niveaux de résistance sont ralentis à cause des températures », détaille François Cussigh. La solution ? « On va d’abord étudier ces questions de durée de prise en laboratoire, mais aussi l’efficacité de solutions de chauffage. » Ensuite, la sensibilisation des équipes du chantier pour réduire les risques, notamment avec des délais rallongés des coffrages et des étaiements pour obtenir le niveau requis de résistance à la compression. Ceci constitue un enjeu de sécurité, notamment pour la stabilité des ancrages, comme les douilles d’étaiement ou les inserts de levage. Les usages se généralisent et les exemples de construction 100 % béton bas carbone se multiplient, comme la livraison récente de l’hôtel Marriott à Roissy réalisé par Vinci Construction France. Mais l’utilisation d’autres matériaux bas carbone se développe, un article y est consacré sur preventionbtp.fr.

Les bétons bas carbone ne sont pas nouveaux. Ce qui l'est, ce sont ses nouvelles applications dans le BTP.

François Cussigh

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