Dans le BTP, comment peut-on intéresser les jeunes à la santé et à la sécurité ?
Les innovations pédagogiques utilisées dans les organismes de formation en apprentissage visent à faciliter l’acquisition des savoirs en santé et sécurité. Approche participative, jeu, réalité virtuelle impliquent les jeunes directement. Détails avec Jonathann Mayette, ingénieur formation pour le CCCA-BTP.
Date de mise à jour : 31 juil. 2023 - Auteur : Armelle Gegaden
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Pour Jonathann Mayette, ingénieur formation pour le CCCA-BTP, il y a manière et manière de parler de santé et de sécurité aux apprentis. Sortir du cadre purement obligatoire permet de capter leur attention.
Comment les apprentis sont-ils formés à la santé et à la sécurité au travail (SST) ?
Les apprentis suivent des cours en prévention, santé, environnement (PSE) et bénéficient d’un apprentissage concret dans les ateliers des CFA, où ils s’initient, par exemple, à l’utilisation des machines dangereuses. La prévention fait partie du référentiel professionnel obligatoire. Certains bénéficient également d’un parcours de prévention complémentaire et d’événements spécifiques tout au long de leur formation. Ce parcours démarre dès leur semaine d’accueil. Beaucoup d’organismes travaillent avec l’OPPBTP sur des modules d’accueil construits.
Quand les jeunes sortent du CFA, ont-ils toutes les compétences ?
Ils ont les compétences pour exercer un métier, mais pas pour travailler dans l’entreprise ! Celle-ci doit s’assurer des capacités de ses salariés à utiliser leur matériel et veiller à ce que la pratique soit sécurisée. L’entreprise a un rôle primordial à jouer. Elle doit accompagner les jeunes dans trois domaines en particulier : les travaux en hauteur, l’intervention à proximité des réseaux et la prévention des risques électriques. En ce qui concerne les formations Sauveteur secouriste du travail et Prévention des risques liés à l’activité physique, le centre de formation permet à l’apprenti d’être certifié.
Certaines innovations pédagogiques autour du jeu fonctionnent très bien et permettent d’introduire le sujet de la prévention auprès de ce public connecté.
La manière de parler aux apprentis est importante, dites-vous…
Le formateur d’atelier qui dit au jeune « Mets tes EPI, c’est obligatoire », ça ne fonctionne pas… Sans pédagogie, le caractère obligatoire est destructeur. L’explication est à la base de tout le travail d’ingénierie pédagogique, pour faire d’une obligation un incontournable à leurs yeux : « Attention, tu risques de te brûler : comment peux-tu réduire le risque ? » Cette approche toute simple est trop rare.
Comment les innovations pédagogiques contribuent-elles à donner du sens ?
Certaines innovations pédagogiques autour du jeu fonctionnent très bien et permettent d’introduire le sujet de la prévention auprès de ce public connecté. Les outils de réalité augmentée ou virtuelle, les serious game, font office d’entrée en matière, complémentaire d’un appui pratique en atelier et d’un apport théorique en PSE. Le jeune fait ensuite des ponts entre ce qu’il a vu et entendu.
À quoi la réalité virtuelle peut-elle servir ?
C’est une clé d’entrée ludique pour les jeunes, qui les met en sécurité. Elle leur offre de découvrir des situations qu’ils ne peuvent pas expérimenter. La réalité virtuelle leur permet, par exemple, de s’initier à la prévention des risques électriques : un avatar réalise les branchements. Elle est très utile pour leur faire toucher du doigt la coactivité dans les travaux publics ou les travaux en hauteur, quand plateau technique et échafaudage coûtent très cher.
Ingénieur formation au sein du pôle innovation et ingénierie pédagogique du CCCA-BTP, Jonathann Mayette crée et supervise des projets pédagogiques innovants à destination des organismes de formation en apprentissage.