Deux PME du BTP, ATD et Fougeray, racontent comment elles changent leur culture sécurité
Date de mise à jour : 4 août 2022 - Auteur : Armelle Gegaden
©DR
1 Le vouloir vraiment
Le vouloir vraiment est une condition première de la transformation culturelle. L'impulsion doit venir du plus haut niveau de l'entreprise, s'inscrire dans le long terme et dans la stratégie de l'entreprise à tous les étages. Au sein de l'entreprise Fougeray Décoration (130 salariés), la jeune direction aux commandes souhaite développer une politique de qualité de vie au travail fortement attendue par les jeunes générations. Accidents et arrêts de travail sur des causes identiques l'ont conduite à s'associer au programme de l'Icsi et de l'OPPBTP. « Quand ça arrive une fois, c'est une bêtise. Ne rien faire est une erreur », estime Gabriel Rives, 35 ans, responsable de production de cette société implantée à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
2 Regarder les choses en face
La démarche engage à regarder les choses en face et à accepter de libérer la parole. Le programme de l'OPPBTP et de l'Icsi démarre par un diagnostic de sécurité, avec différentes analyses et un questionnaire envoyé à l'ensemble des salariés. Il est validé quand au moins 90 % des collaborateurs ont répondu. Les résultats sont parfois surprenants. « Cela nous paraissait évident qu'un désamianteur était conscient du risque lié à l'amiante. En fait, ça n'est pas le cas. Disposer d'un bon matériel, avoir suivi les formations requises et travailler chez ATD, lui font croire que rien ne peut lui arriver. C'est une force, mais aussi une faiblesse », concède Benoît Lanfry directeur général d'ATD spécialisée en démolition et désamiantage.
3 Associer les équipes
Développer une perception partagée des risques suppose une démarche éminemment participative, pour enrichir les axes de travail majeurs déterminés par le comité de direction (Codir), une fois le diagnostic réalisé. Ensuite, il convient de constituer des groupes de travail mixtes pour s'emparer des sujets. « Nous avons constitué quatre groupes intermétiers et interstatuts de neuf personnes, pour travailler sur nos enjeux majeurs. Ils vont se retrouver tous les deux mois pendant un an », détaille Benoît Lanfry.
4 Se donner du temps
Faire évoluer sa culture sécurité est une longue marche, de plusieurs années. Choisir ses combats permet de se donner des objectifs resserrés et réalisables, et donc de rester motivé. « Sur la culture sécurité, les sujets sont très nombreux dans une entreprise de bâtiment. Il a fallu faire des choix. Au lieu d'aller sur tous les terrains, nous nous sommes concentrés sur trois sujets clés : le risque électrique, les chutes en hauteur, le port de charges lourdes », témoigne Gabriel Rives de Fougeray Décoration. Quant à Benoît Lanfry d'ATD, il a discerné le plus important : que tous les salariés aient conscience des risques graves et y veillent de façon intransigeante.
Dans un projet de long terme, les Quick Win sont toujours intéressants. Dès la restitution du diagnostic, les dirigeants de Fougeray Décoration ont détecté des points faciles à faire évoluer rapidement. « Nous avons initié des formations au risque électrique pour les personnes qui travaillent chez les particuliers, rapporte Gabriel Rives. Nos salariés sont désormais habilités à couper les disjoncteurs, pour décoller du papier peint en toute sécurité. »