Risque de heurts engin-piéton : les remontées d'information au cœur de la prévention
Date de mise à jour : 14 juin 2022 - Auteur : Jérémy Debreu
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Christophe Ruas dirige SRC, une entreprise de canalisation, eau et assainissement, dans le nord du Gard. Dès sa création, il y a plus de 20 ans, l'accent a été porté sur la qualité et la sécurité. Pour une PME, « le pari peut sembler risqué au premier abord, mais s'avère rentable économiquement ». Les sommes en jeu sont pourtant significatives, ne serait-ce que sur les postes concernant la QSE dans l'entreprise. Le dirigeant détaille comment ces investissements sont amortis : « En privilégiant la sécurité et le bien-être au travail, on observe directement une diminution des arrêts de travail liés à la maladie ou à un accident. Nous sommes ainsi passés de 361 journées de travail perdues en 2019 à 193 en 2021, ce qui représente une économie très significative. »
Le défi : favoriser une organisation basée sur la confiance
Pour parvenir à ce résultat, il a fallu construire une confiance au sein des équipes, pour libérer la parole par rapport aux situations de danger. « Nous avons communiqué sur le droit à l'erreur, afin d'avoir un maximum de remontées d'informations de situations de non-conformité. Une phase d'analyse que nous intégrons au management de l'entreprise ».
Plus de 300 situations sont signalées chaque année, dont 90 directement liées à la sécurité. « Depuis deux ans, nous constatons une forte montée des problématiques engin-piéton. Nous avons alors mis en place des mesures, comme les quarts d'heure sécurité spécifiques, pour l'ensemble des salariés. Plusieurs fois par an, nous bloquons des créneaux en début de journée pour des projections de films de l'OPPBTP ou des démonstrations de conduite d'engins. Ces dernières ont permis de montrer à tous les collaborateurs que le risque de collision à cause des angles morts est important. »
La contrepartie : une exigence envers la direction
Résultat, les remontées d'information sont plus systématiques et l'accidentologie diminue. « Il faut créer la prise de conscience et un cadre de sécurité suffisant pour inciter les collaborateurs à partager l'information. Et la pression tend même à s'inverser : je reçois des remarques si jamais une remontée d'information n'a pas été traitée dans des délais raisonnables ! »
Ce travail important n'exclut pas les investissements de matériel. « Notre priorité est toujours de limiter les risques au maximum », assure Christophe Ruas, également président de la commission prévention des Canalisateurs de France. « Nous privilégions le renouvellement régulier du parc d'engins plutôt qu'une course au produit innovant, qui peut induire les salariés dans une fausse situation de sécurité. » Les remontées d'informations constituent aussi une base précieuse pour la révision du document unique et les ajustements des niveaux de risque et des plans de prévention de SRC.