Le Clech TP : des investissements et formations au bénéfice des salariés
La PME a fait de la prévention une priorité. Au-delà de mieux prendre en compte la santé et le bien-être des compagnons, c’est également un atout concurrentiel.
Date de mise à jour : 29 mars 2023 - Auteur : Thierry Beaurepère
Des investissements qui améliorent aussi l’image de sérieux.
Une politique de prévention renforcée, avec l’accompagnement de l’OPPBTP.
Article paru dans PréventionBTP n° 271-Mars 2023-p. 24.
Photo : 271 Entreprise TPL Ouverture
Crédit photo : Frédéric Vielcanet
Si l'entreprise Travaux Publics Le Clech (TPL) est installée dans une zone artisanale d’Arçonnay (Sarthe), la frontière avec l’Orne est toute proche, à 500 mètres. Et sa capitale Alençon n’est pas beaucoup plus loin… Pour passer des Pays de Loire à la Normandie, quelques minutes suffisent. Pratique pour élargir sa zone de chalandise aux deux régions ! Spécialisée dans les réseaux d’eau, l’entreprise creuse des tranchées, remplace des canalisations ou pose des raccordements. Mais elle va plus loin et réalise également les enrobés. « Nous maîtrisons ainsi l’intégralité du chantier. Ces compétences globales rassurent nos clients », explique Gaël Le Clech ,le dirigeant. Dans la même logique, il aime diversifier ses donneurs d’ordres. Historiquement sous-traitant pour les géants du secteur, TPL vole, chaque année, davantage de ses propres ailes en travaillant directement avec les syndicats des eaux et les communautés de communes. « C’est mon père, alors responsable des travaux à la Lyonnaise des Eaux, qui a cocréé l’entreprise en 1995. En toute logique, il a démarré par de la sous-traitance. Je l’ai rejoint en 1999, avant de prendre la gérance en 2008. L’entreprise est passée de 20 à 32 salariés, tout en prenant un virage. Nous avions un réel savoir-faire. Autant minimiser cette sous-traitance pour devenir davantage maître de notre destin. Elle ne représente plus que 15 % de notre activité », poursuit-il.
Agir sur les TMS
Cette stratégie a obligé l’entreprise à mieux se structurer. Sa femme Émilie, qu’il a rencontrée sur les bancs de l’école d’ingénieur, répond aux appels d’offres et réalise les dossiers techniques – quatre à cinq par mois – qui peuvent atteindre quatre-vingt-dix pages. Il a également fallu investir dans des matériels, tout à la fois pour gagner en productivité et en sécurité. En parallèle, Gaël Le Clech s’est fortement impliqué dans la prévention, avec l’accompagnement du conseiller local de l’OPPBTP. Dès 2015, il s’est ainsi engagé dans une démarche Adapt-BTP, une « formation-action » visant à agir sur les risques à effets différés, en particulier les troubles musculo-squelettiques. « Des photos et vidéos réalisées sur les chantiers ont permis d’identifier les pratiques et postures et d’échanger ensuite collectivement avec les compagnons sur les pistes d’amélioration des conditions de travail, avec l’œil extérieur de notre conseiller en prévention Christophe Labbe et la mise en place d’un plan d’action continu », détaille le dirigeant.
Investir pour renforcer l'attractivité
Fort de cette première initiative, une dizaine de salariés a suivi une formation spécifique sur les risques d’éboulement en 2020. « En ce qui nous concerne, les risques les plus importants sont liés à la circulation et à l’enfouissement », explique-t-il. Et récemment, une formation sur la signalisation temporaire lors des travaux sous circulation a été organisée pour l’ensemble du personnel (y compris les encadrants). À chaque fois, un contrat d’accompagnement sur plusieurs mois a été signé avec l’OPPBTP, afin de monter en compétences et de suivre les progrès. « Ce ne sont pas des formations sèches dans le simple but de respecter les réglementations. Elles incluent un suivi qui engage l’entreprise à long terme, avec l’envie de progresser », rappelle Gaël Le Clech. Ces modules d’une journée ont été effectués directement au siège, qui regroupe les bureaux, l’atelier, un vestiaire et une salle où les salariés peuvent prendre leur repas, ainsi qu’un vaste parking où sont entreposés les matériels. « Depuis le Covid, nous avons également investi dans six roulottes, pour un meilleur confort des compagnons. Elles sont utilisées à chaque fois qu’un chantier est distant de plus de dix kilomètres du siège. » Coût : 6 000 à 10 000 euros par roulotte, avec une aide de la Carsat de 50 %. L’investissement n’a rien d’anecdotique. TPL gère une dizaine de chantiers quotidiens dans un rayon de 60 kilomètres autour d’Alençon, qui oscillent entre une demi-journée et jusqu’à trois mois de travail, pour des équipes de deux à six salariés. À une époque où il devient difficile de recruter, Gaël Le Clech est persuadé que le bien-être au travail et la prévention deviennent des éléments essentiels pour attirer les talents, mais aussi aller chercher de nouveaux clients. Déjà, il envisage une nouvelle formation en 2024, cette fois-ci sur les arrimages de charges.
Les véhicules utilitaires sont aménagés pour faciliter le transport et la manutention des matériels : barrières de chantier, panneaux, dameuses…
À côté des bureaux, engins et matériels sont entreposés avec soin pour un meilleur entretien et pour gagner du temps.
Parmi les nombreux matériels, l’entreprise s’est équipée d’un gravillonneur démontable, qui s’installe à la place de la benne d’un camion.
Grâce à une formation spécifique, les compagnons ont pu améliorer leurs pratiques pour la mise en place d’une signalisation temporaire lors des travaux sur voirie.
Le travail commence en bureau, avec la réalisation de visuels simulant la pose des panneaux de signalisation protégeant le chantier.
Pour les petites surfaces, l’étalage de l’enrobé se fait à la main. Pour les longs linéaires de tranchées, l’entreprise a investi dans un épandeur latéral Helpenrob.
Depuis deux ans, lors des appels d’offres, TPL complète les notes techniques par un chapitre sur la prévention. Il précise les efforts réalisés par l’entreprise, les matériels dont elle dispose incluent des visuels simulant les panneaux de signalisation qui seront mis en place sur le chantier et suggère des déviations, en recourant à Google Map. Ces éléments permettent à TLP de rassurer les clients potentiels.
Focus
L’entreprise investit régulièrement dans le renouvellement de ses matériels pour gagner en performance tout en améliorant la sécurité.
En reprenant l’entreprise familiale, Gaël Le Clech a fait le choix de mécaniser les tâches autant que possible, et d’acheter ses matériels plutôt que de les louer. Il fait le point sur cette stratégie, gagnante pour l’entreprise comme pour les salariés.
Quel est votre parc de matériels ?
Il est composé de quatre pelles, dont l’une à chenilles de 15 tonnes, pour les gros travaux. Il faut y ajouter six minipelles compactes utilisées notamment pour les interventions dans les espaces étroits, un gravillonneur, des aspiratrices excavatrices, du matériel de damage, un épandeur latéral d’enrobés Helpenrob, plusieurs camions, des véhicules légers équipés de matériels de signalisation pour sécuriser les chantiers… Nous remplaçons ces matériels tous les six à dix ans. Cela renvoie une image de qualité et de sérieux pour nos clients. C’est également une source de motivation pour les compagnons.
Cela nécessite des moyens importants…
Effectivement ! Nous avons fait le choix de détenir en propre nos matériels pour gagner en efficacité, rassurer nos clients… Ils appartiennent à TPL ou à Terra-Néo, une entreprise que j’ai créée en 2011. Elle propose des engins en location, pour notre propre usage dans 20 % des cas et à des entreprises extérieures. Cela permet de mieux amortir des équipements coûteux.
En quoi cette politique est-elle vertueuse ?
Les aspiratrices excavatrices peuvent, par exemple, terrasser 30 m3 en une journée, au lieu d’une semaine, tout en prévenant les risques d’endommagement des réseaux et en améliorant les conditions de travail. Autre exemple avec l’épandeur latéral d’enrobés, mis en place à la suite de la démarche Adapt. Il s’installe sur une minipelle et permet d’étaler l’enrobé dans les linéaires de tranchées, plutôt qu’à la main. Le gain est appréciable, en temps comme en pénibilité.
Nous remplaçons les matériels tous les six à dix ans.
Gaël Le Clech, gérant de l’entreprise
Né à Alençon, Gaël Le Clech (46 ans) est, de formation, ingénieur en techniques de soudage et d’assemblage. Arrivé dans l’entreprise familiale à la fin de ses études en 1995, il en a pris les commandes en 2008. Avec sa femme Émilie, qui occupe les fonctions de directrice administrative et financière, il a fait grossir la PME, devenue un partenaire privilégié des syndicats des eaux et communes de la région.
Photo : 271 Entreprise TPL_Gael Le Clech
Crédit photo : Frédéric Vielcanet
● Un matériel récent et entretenu est un prérequis pour améliorer la sécurité. Chaque engin est affecté à un compagnon à l’année, pour un meilleur suivi. Cette image de sérieux et de qualité rassure les clients. C’est aussi un moyen d’attirer du personnel qualifié et motivé, dans un contexte tendu sur le front de l’emploi.● La prévention et la sécurité sont devenues des priorités, avec un budget revu à la hausse depuis deux ans. Avec l’accompagnement de l’OPPBTP, des formations sont régulièrement réalisées, avec un suivi dans le temps pour valider leur efficacité. L’entreprise souhaiterait pouvoir en organiser une par an.● L’organisation « prévention » de l’entreprise est précisée dans tous les appels d’offres, des demandes de fermeture de routes et déviations sont systématiquement ajoutées au dossier technique, pour une meilleure protection des compagnons. Dans 80 % des cas, elles sont acceptées.