En résumé
    • Les effets des poussières peuvent se manifester longtemps après les expositions.
    • Le suivi professionnel et post-professionnel est essentiel.

    « Je ne connais plus une seule menuiserie sans aspiration à la source. » Médecin du travail au SPSTI-BTP-BFC à Dijon, le Dr Florence Chapelier constate que les campagnes de prévention du risque des poussières de bois ont porté leurs fruits. Aujourd’hui, les publics concernés sont informés et des mesures sont déployées pour protéger les équipes. Conséquence de ces actions : les maladies professionnelles liées aux poussières de bois (tableau 47) sont en baisse. Entre 300 000 et 400 000 personnes sont exposées aux poussières de bois en France, selon la dernière enquête Sumer (2017). Parmi elles, un bon tiers exerce dans le secteur de la construction. Ces poussières peuvent entraîner des eczémas, des allergies voire des fibroses pulmonaires. Mais le principal danger consiste en la survenue d’un cancer des fosses nasales ou des sinus. « Dix-sept cas de maladies professionnelles liées aux poussières de bois ont été décomptés dans la construction en 2019, 21 en 2020 et 12 en 2021 », indique Isabelle Monnerais, responsable du domaine risque chimique à l’OPPBTP. Les tumeurs naso-sinusiennes surviennent des décennies après les premières expositions. Le suivi médical professionnel et post-professionnel des salariés ayant inhalé des poussières de bois au cours de leur carrière est donc essentiel. Tous les travailleurs du bois (menuisiers, charpentiers, poseurs de planchers…) sont exposés aux poussières de bois, mais pas seulement. « Les maçons qui mettent en œuvre des banches ou des coffrages le sont aussi », note le Dr Chapelier. Le risque dépend de la quantité de poussières émises. Des activités comme le ponçage ou l’usinage sont particulièrement émissives. En atelier, l’encoffrement, l’isolement des machines concernées, la limitation des accès à certaines zones, l’aspiration centralisée des machines fixes, dont l'efficacité doit être contrôlée annuellement ou tous les six mois si recyclage, et l’attention portée à la gestion des déchets (port de masques adaptés, utilisation d’aspirateurs adaptés, encapsulage des sacs contenant la poussière de bois…) permettent de réduire efficacement l’exposition des salariés. « Sur un chantier, on ne peut pas relier l’outillage portatif à une aspiration centralisée comme dans un atelier. Il est important de relier les équipements portatifs à un aspirateur a minima de classe M pour réduire les émissions de poussières au plus bas que techniquement possible en les captant à la source », », indique Isabelle Monnerais.

    Suivi individuel renforcé

    L’exposition aux poussières de bois implique un suivi individuel renforcé (SIR) du salarié tous les deux ans. L’examen peut comporter en fonction de l’évaluation de l’exposition : une spirométrie (mesure du souffle), et, pour les salariés dont la première exposition date de plus de trente ans, un bilan ORL complet, incluant une nasofibroscopie. Par ailleurs, en cas de signes tels que le nez bouché, qui coule, qui saigne, des troubles de l’odorat, il faut consulter en urgence un ORL, même si le travail du bois a été arrêté depuis de nombreuses années. Ces signes – en particulier lorsqu’ils ne touchent qu’une seule narine – peuvent évoquer un cancer naso-sinusien. 

    Les nouvelles dispositions légales

    Un décret du 4 avril 2024, applicable depuis le 5 juillet, prévoit une nouvelle obligation de traçabilité de l'exposition des travailleurs aux agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR), dont font partie les poussières de bois. Les employeurs devront établir une liste actualisée des travailleurs susceptibles d'y être exposés. Elle doit préciser, pour chaque travailleur, les substances auxquelles il est susceptible d'être exposé ainsi que les informations sur la nature, la durée et le degré de son exposition. Cette liste, anonymisée, est mise à disposition des salariés et des membres du CSE. Elle est aussi communiquée aux services de prévention et de santé au travail.

    4 moyens de protéger ses équipes contre les poussières de bois

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    Choisir les bons outils pour nettoyer

    Le nettoyage des zones souillées par des poussières de bois se fait exclusivement par aspiration (aspirateur de type M ou H) ou à l’humide. Pas question d’utiliser un balai ou une soufflette qui remettent les particules en suspension dans l’air ! Durant les phases de nettoyage, le port d’un masque protecteur, a minima P2, est requis, de même lorsqu’on nettoie le filtre de l’aspirateur ou qu’on vide son sac.

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    Évaluer le risque

    L’OPPBTP et le FCBA proposent un simulateur en ligne (www. simulateur.preventionbtp.fr) qui permet aux entreprises d’auto-évaluer leur exposition au risque poussières de bois. Il permet de cartographier un atelier, d’identifier les postes à risque, de prendre des mesures correctrices et d’accéder à des ressources documentaires.

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    Des règles d’hygiène sont à respecter

    Des règles d’hygiène sont à respecter comme : ne pas manger, boire ou fumer sur le lieu de travail, manger dans des lieux propres réservés à cet usage, se laver les mains au savon avant chaque pause, se doucher en fin d’activité, faire nettoyer régulièrement les vêtements de travail.

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    Entretenir les installations

    Les systèmes d’aspiration des poussières de bois doivent être entretenus régulièrement afin de s’assurer de leur efficacité, et sont soumis à un contrôle périodique dont les modalités et les résultats sont consignés dans le dossier d’installation. En atelier ou sur un chantier, l’entretien de l’outillage est également indispensable : usé, il est plus émissif qu’un matériel en bon état.

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