La Solideo remet des trophées sécurité aux entreprises des JO Paris 2024
Comment sensibiliser aux enjeux de sécurité les entreprises des chantiers des JO de Paris 2024 ? La Solideo*, superviseur des projets, a lancé un challenge et des trophées sécurité, avec le concours de l’OPPBTP. Une opération audacieuse qui s’inspire du jeu « 100 minutes pour la vie ».
Date de mise à jour : 3 mai 2023
Auteur : Fabienne Leroy
Un nouveau trophée sécurité, destiné aux entreprises mobilisées sur les chantiers des JOP 2024 (Jeux olympiques de Paris), a vu le jour cette année. La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), aménageur et superviseur chargé de livrer les bâtiments et équipements, a accepté le défi proposé par l’OPPBTP.
Rappelons l'importance des enjeux avec la construction de nombreux ouvrages, dont les chantiers emblématiques du Cluster des médias, à Dugny, près de l’aéroport du Bourget, ou encore le village des Athlètes, tous deux situés en Seine-Saint-Denis.
Une convention de partenariat signée avec la Solideo et l’OPPBTP a constitué le point de départ de la réflexion pour lancer l’opération. « L’un des dix points de la charte porte sur la sensibilisation des salariés des entreprises du bâtiment aux risques, à travers, soit de nouvelles techniques, soit des éléments ludiques », rappelle Yann Le Duff, consultant à la Direction des grandes entreprises (DGE) de l’OPPBTP.
Une déclinaison de l’appli « 100 minutes pour la vie » pour les chantiers
L’équipe en charge du projet a eu l’idée de s’inspirer d’un programme existant, le jeu « 100 minutes pour la vie », destiné aux apprentis et formateurs des CFA. Ce jeu déployé auprès des centres de formation des apprentis s’appuie sur une appli ludique et téléchargeable sur mobile. Elle remporte chaque année un large succès auprès des apprentis. Une nouvelle déclinaison du logiciel a donc été mise au point à l’intention, non pas des apprentis, mais des salariés des chantiers… puis testée.
Proposée à la Solideo et plusieurs maîtres d’ouvrage présents sur les chantiers des JO, cette appli en version test a retenu l’intérêt de l’un d’eux, la SAS Manifesto (groupement Ametis/Ideom/Gaïa), acteur sur le Cluster des médias à Dugny. Le représentant de ce maître d’ouvrage, Laurent Dekeyne, était pourtant un peu sceptique au départ (lire son témoignage ci-dessous). Les compagnons allaient-ils jouer le jeu (au propre comme au figuré), et les langues étrangères parlées sur le chantier, ne constitueraient-elles pas un obstacle ?
Persuadé que les bonnes pratiques sauvent des vies sur les chantiers, Laurent Dekeyne n’a pas hésité à proposer ce challenge à onze entreprises co-traitantes (1) « Trente participants se sont inscrits au jeu dès le premier jour, ce qui m’a vite convaincu », explique-t-il. Autre facteur déterminant pour cet assistant au maître d’ouvrage : la Solideo, très impliquée dans la sécurité, via sa démarche HSE, (lire le témoignage de Nathalie Poncin ci-dessous) a accepté de financer l’utilisation du logiciel sur le chantier du Cluster des médias. L’aventure a donc pu démarrer dès le mois d’avril.
Une nouvelle appli ludique dédiée au Cluster des médias
Le challenge s’est déroulé en deux phases dès le 3 avril et ce, pendant trois semaines. La première phase, le jeu via l’appli mobile, a duré dix jours. Les quarante participants répartis en onze équipes (correspondant aux onze entreprises sur le chantier) ont répondu individuellement sur leur smartphone à trois questions par jour, sur leurs temps de pause (3 à 4 minutes). Les joueurs ont découvert les jeux, QCM, quiz et « battles » relatifs, chaque jour, à un thème de risque différent. La nouvelle application dédiée au Cluster des médias reprend un panel de questions choisies sur l’appli « 100 minutes pour la vie ».
La deuxième partie du challenge a mobilisé les services de l’OPPBTP, qui ont visité les entreprises sur le chantier. Quatre critères, relatifs au poste de travail, ont été examinés « afin de coller au vécu des opérateurs » : rangement du poste de travail ; état du matériel utilisé ; port des EPI et, enfin, connaissance de la procédure d’appel en cas d’accident.
Ces critères ont été évalués selon quatre notations : très bon, bon, moyennement bon, pas bon. « Nous avons consolidé nos résultats lors d’une réunion », précise Yann le Duff. Un classement individuel et collectif a pu être établi, ce qui a permis à Solideo de remettre les prix aux salariés et entreprises récompensés (voir les résultats ci-dessous), le 28 avril, Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail.
À noter que tous les participants ont reçu des goodies Solideo et les meilleurs ont été récompensés par des cadeaux distincts plus importants. « À ce jour, c’est un succès et nous souhaitons le faire savoir, pour que ce trophée soit déployé plus massivement auprès des entreprises. Nous sommes dans une autre dimension de la formation à la sécurité. Je recommande cette approche comme je recommanderais une formation classique », conclut Marc Girard, responsable conseil grandes entreprises à l’OPPBTP.
- Espaces verts, maçonnerie-gros œuvre, plomberie, électricité, poseurs de façade briques, étancheurs, cloisons-doublages, ascensoristes, menuiseries intérieures et serrurerie.
Classement par équipe (par entreprise)
- 1er : Sovides (Ascenseurs)
- 2e : UEC (Gros œuvre)
- 3e : Dulipecc (Plomberie)
(De gauche à droite) : Marc Girard (OPPBTP), deux représentants de l’entreprise Sovides, Nathalie Poncin et Laura Schrapff (Solideo)
Classement individuel
- 1er : Ricardo Duarte
- 2e : Ilhan Baltaci
- 3e : Mike Estèves
Pour ces premiers trophées de la sécurité Solideo, les organisateurs relèvent que :
(De gauche à droite) : Nathalie Poncin et Laura Schrapff (Solideo), Ricardo Duarte (vainqueur du 1er prix en individuel) et Marc Girard (OPPBTP)
- 83 % des participants proviennent des petites entreprises de second œuvre ;
- 70 % des participants sont des opérateurs ;
- 74 % des participants ont continué à jouer en se lançant des défis individuels après la fin officielle de la compétition.
Laurent Dekeyne, assistant à maîtrise d’ouvrage, a testé le nouveau jeu de l’OPPBTP auprès de quarante compagnons provenant de onze entreprises (PPDS Group). Une expérience réussie qu’il est prêt à renouveler…
Laurence Dekeyne, assistant à maîtrise d'ouvrage sur les JOP 2024
a accepté de tester l'appli mobile auprès de 40 compagnons.
« Bien après la phase de jeu, on a continué de s’envoyer des duels sur smartphone avec Marcio, un compagnon de l’entreprise UEC (gros œuvre). Cela a créé une bonne ambiance sur le chantier et de nouveaux liens », résume Laurent Dekeyne. Représentant la maîtrise d’ouvrage Manifesto (groupement Ametis/Ideom/Gaïa) sur le chantier du Cluster des médias, Laurent Dekeyne a été contacté par la Solideo et l’OPPBTP. Objectif : tester le nouveau jeu pour sensibiliser les entreprises, travaillant en coactivité, sur les risques sur les chantiers. « On gère 180 personnes en moyenne avec des nationalités différentes pour livrer 519 logements au total. L’idée de passer par le portable des compagnons pour les sensibiliser à la sécurité m’a semblé ludique et intéressante », témoigne-t-il.
« Ce jeu m’a fait monter en compétences sur les questions de prévention »
Pourquoi cet intérêt ? « On se veut exemplaire sur ce chantier en termes de sécurité mais on veut aussi éviter l’aspect donneur de leçons. Or, ce jeu nous a semblé intéressant pour toucher directement les compagnons et susciter une émulation dans les équipes, valoriser et récompenser les bonnes pratiques », poursuit l’assistant à maîtrise d’ouvrage. Outre la dynamique amicale créée avec ce jeu, Laurent Dekeyne reconnaît avoir appris beaucoup de choses sur la prévention et la sécurité, notamment en ce qui concerne le risque chimique. « Cela m’a fait monter en compétence sur la sécurité, et je regrette aujourd’hui de ne pas avoir envoyé ce jeu à mon agence DJAMO (NDLR : maître d’œuvre) pour partager avec les collègues sur les sujets, ô combien importants, de la sécurité de nos compagnons », conclut Laurent Dekeyne, qui espère bien que ce challenge se poursuivra après les JO…
Nathalie Poncin, référente HSE
et directrice du Cluster des médias
à la Solideo.
Nathalie Poncin a fait de la sécurité une priorité des chantiers des JOP 2024. Selon elle, le challenge proposé par l’OPPBTP complète les actions déjà mises en place* et, surtout, implique chacun des acteurs du chantier.
Depuis deux ans, une démarche HSE a été lancée par la Solideo, en partenariat avec l’OPPBTP : elle s’est traduite par la signature d’une charte avec un plan d’actions destiné à promouvoir une culture de sécurité commune avec tous les maîtres d’ouvrage des ouvrages olympiques. « Ce nouveau jeu est venu compléter certaines de nos actions, comme les Olympiades de la Prévention, dont nous organisons la deuxième édition cette année. Ce sont des temps forts et d’arrêts avec les compagnons qui portent sur différents sujets liés aux risques présents sur les chantiers, et proposés sous forme d’ateliers sur le travail sur les échafaudages, la sécurité routière ou encore le risque électrique », souligne Nathalie Poncin. C’est d’ailleurs à l’occasion de cette journée des Olympiades que les Trophées de la sécurité Solideo ont été remis le 28 avril.
« Un engagement collectif capital sur les chantiers »
Nathalie Poncin et Laura Schrapff, chargée de mission HSE, ont vite été convaincues de l’intérêt de tester, avec le soutien des maîtres d’ouvrage, le jeu proposé par l’OPPBTP sur les chantiers des JOP 2024. « C’est une approche différente de nos actions. Elle crée de l’émulation dans les équipes et apporte une reconnaissance pour les participants. Cet engagement collectif est capital, il fait comprendre à quel point le rôle de chacun des acteurs est important sur le chantier », soulignent-elles.
En soutenant et finançant l’utilisation de l’application, la Solideo a facilité le déploiement de ce nouveau challenge sur le chantier du Cluster des médias. « Le groupement SAS Manifesto a répondu tout de suite présent pour tester ce jeu. On les a donc épaulés pour les inciter à poursuivre cette action », reprend Nathalie Poncin. Les responsables de la mission HSE ont d’ailleurs l’intention de faire un Rex (retour d’expérience) sur ce qui a été tenté avec le concours de l’OPPBTP sur le village des Médias. Objectif : promouvoir et poursuivre ces temps forts où l’on parle sécurité sur les chantiers.
*Les actions déployées avec les maîtres d’ouvrage ont notamment concerné des visites croisées pour une vigilance terrain partagée afin de valoriser les bonnes pratiques, l’accueil des nouveaux arrivants au poste de travail en situation de coactivité, avec la production de livrets d’accueil remis en plusieurs langues, et de quiz.
Benoît Foulon, chargé de projet chez Sparted, a participé à la mise au point de la version test de l’application dédiée au Cluster des médias. Elle a séduit et embarqué quarante compagnons pendant deux semaines…
Benoît Foulon, chargé de projet
chez Sparted, a repris et adapté le programme de prévention du jeu « 100 minutes pour la vie »
Former, sensibiliser, animer des équipes issues de divers univers professionnels : tel est l’objectif de l’appli initiale développée par Sparted il y a quelques années. Pour ce faire, elle s’appuie sur une approche ludique, sur mobile, en 3 minutes par jour : jeux, QCM, questions ouvertes, carte à glisser ou encore battles. Contactée par l’OPPBTP, il y a quelques années, la start-up a développé l’appli « 100 minutes pour la vie » destinée aux apprentis du BTP. La troisième édition de l’opération en 2023 confirme son succès, avec presque 20 000 utilisateurs actifs : « Quand nous avons été sollicités pour ce nouveau challenge sur le chantier du Cluster des médias, nous avons repris le programme de prévention existant et les questions associées, en optant pour un format plus court », détaille Benoît Foulon.
Une appli disponible en 34 langues
Au lieu de durer deux mois et demi, le jeu s’est en effet déroulé sur dix jours avec trois questions par jour. « Avec un taux de 90 % de participation de l’appli sur deux semaines, nous avons constaté un véritable engouement pour le challenge », relève Benoît Foulon. Avantages pour les quarante compagnons participants : ils jouent tout en se formant sur les bonnes pratiques de prévention. « Ce sont aussi des piqûres de rappel quotidiennes sur la sécurité, comme une sorte de formation continue qui sauve des vies », reprend le chargé de projet. Autre précision : l’appli est disponible en 34 langues aujourd’hui « et donc, rien n'empêche une traduction des contenus pour tenir compte de la présence des travailleurs étrangers sur les chantiers » , conclut Benoît Foulon.