Digital : la prévention à la puissance BIM
Par sa capacité à déplacer en amont l’effort de conception, par son caractère collaboratif, mais aussi par ses composantes visuelles et informatives, le BIM est un formidable outil de prévention. C’est ce que démontre un rapport de synthèse que l’OPPBTP vient de publier.
Date de mise à jour : 28 oct. 2019
Auteur : Olivier Baumann
©©Maxiphoto via Getty Images
Depuis une dizaine d’années, la maquette numérique (ou BIM) transforme progressivement et en profondeur l’ensemble de la chaîne de la construction. Cet avatar virtuel de l’ouvrage à construire contient non seulement ses propriétés géométriques, ce qui permet de le visualiser sous la forme d’une maquette en trois dimensions, mais également toutes les données techniques attachées aux objets qui le constituent (matériaux, propriétés techniques…).
Reflet de la mobilisation générale des acteurs de la construction qui le portent, le BIM est l’objet de nombreuses publications, conférences et communications. Elles louent généralement son apport à la productivité du chantier, à la qualité technique et à la gestion du cycle de vie de l’ouvrage. « Mais les contributions du BIM à l’amélioration de la prévention et à la santé-sécurité des travailleurs sont quasi absentes des débats, alors qu’elles sont pourtant considérables », note Erwan Bidan, responsable d’opérations Méthodes Constructives à l’OPPBTP. Pour rétablir l’équilibre, l’OPPBTP vient de publier un rapport intitulé : « Le BIM, un outil prometteur pour la prévention » . Ce document de synthèse a pour objectif de « valoriser l’ensemble des opportunités que la maquette numérique offre en la matière », souligne-t-il.La prévention dans l’ADN du BIM
Au sommaire :
- Qu’est-ce que le BIM : objectifs, logiciels BIM et leurs fonctionnalités, les objets BIM, les avantages du BIM.
- Les opportunités du BIM pour la prévention
- Le BIM et les acteurs de la construction
À découvrir sur le stand de l'OPPBTP au salon Batimat (stand 6-K030).
La prévention dans l’ADN du BIM
La première d’entre elles tient dans le concept même de BIM qui, en déplaçant par essence l’effort de conception en amont du projet, contribue intrinsèquement à une meilleure prévention des risques : « Lorsque les équipes travaux prennent possession du chantier, l’organisation de celui-ci a ainsi été pensée au préalable, et les adaptations à apporter sur le terrain seront en principe limitées », illustre ainsi Erwan Bidan.
La composante visuelle du BIM constitue ensuite un élément essentiel de sa dimension préventive. Grâce à la représentation 3D de l’ouvrage et de son environnement, les acteurs du projet peuvent s’y déplacer virtuellement et s’y projeter avant même sa réalisation. Elle autorise toutes les manipulations : visualisation de coupes, suppression de niveaux, zooms sur des parties d’ouvrage, positionnement des différents secteurs (base vie, zones de stockage, d’approvisionnement…). « Cette représentation paramétrique permet une meilleure compréhension de l’organisation générale du chantier, et est plus propice aux échanges entre les parties prenantes pour bien préparer les interventions », précise-t-il.
Choisir le matériel le plus adapté en amont du chantier
Les implications liées à la deuxième composante fondamentale du BIM, les données contenues dans les objets modélisés, sont aussi très fortes. Quelle que soit leur nature – produits de construction, équipements de travail ou de sécurité – les « briques élémentaires » que sont les objets BIM se voient attribuer un ensemble d’informations utiles. « On peut tout à fait cibler celles qui peuvent avoir un impact sur la prévention », explique Erwan Bidan. Ainsi, « l’objet » chariot élévateur va, par exemple, être caractérisé par ses dimensions mais aussi par sa capacité de chargement. « En fonction de la charge à lever, on pourra visualiser l’ensemble des points que le chariot pourra atteindre ou non. Le cas échéant, cela permettra de choisir en amont un engin de capacité adaptée ; ce qui contribue à l’examen d’adéquation. »
Aujourd’hui, de nombreux fournisseurs d’équipements de production et d’équipements de sécurité proposent des gammes d’objets BIM. « Le catalogue continue de s’étoffer rapidement, et bientôt on pourra prévoir, de manière très précise, les conséquences des choix de matériels sur l’organisation des différentes séquences opératoires. »
Le BIM sera bien présent à Batimat , du 4 au 8 novembre prochain à Paris-Nord Villepinte. Dans le hall 6, les visiteurs pourront essayer les applications digitales proposées par Cobaty (Fédération internationale de la construction, de l'urbanisme et de l'environnement), dont l'une est dédiée au contrôle qualité sur chantier.
Centraliser les données pour améliorer la phase exploitation
Le caractère collaboratif du BIM offre aussi des opportunités intéressantes. Tous les acteurs d’un projet alimentent en effet la maquette avec leurs données, centralisées en un point unique. « Cette centralisation peut être utilisée à des fins de prévention », expose Erwan Bidan, qui prend l’exemple de l’amiante. Ainsi, dix ans après la réalisation d’un diagnostic amiante – et pourvu que les informations qu’il contient aient été intégrées – il sera possible non seulement de réinterroger la maquette pour savoir si l’ouvrage contient de l’amiante, mais « on pourra aussi géolocaliser précisément les éléments amiantés, offrant une représentation complémentaire des seules informations écrites contenues dans le diagnostic », poursuit le responsable d'opérations.
Mais l’un des aspects les plus prometteurs du BIM vis-à-vis de la prévention est peut-être la notion de 4D. En ajoutant la dimension temporelle aux trois dimensions spatiales, le BIM offre la possibilité de visualiser la chronologie des travaux, « ce qui offre notamment la possibilité d’identifier les coactivités de manière automatisée, et donc de prévenir les risques qui y sont liés », détaille Erwan Bidan.
Le rapport de l’OPPBTP explicite tous ces éléments et bien d’autres encore. Il démontre aussi que tous les acteurs du projet – des entreprises de travaux au maître d’ouvrage en passant par le maître d’œuvre et le CSPS – peuvent, chacun à leur niveau de responsabilité, mettre à profit le BIM pour répondre à leurs obligations en termes de sécurité et de santé, et ce à toutes les phases de la vie du projet, y compris pendant l’exploitation. On le perçoit, la publication de ce rapport s’inscrit dans une dynamique nouvelle, symbolisée notamment par le lancement par l’État du plan BIM 2022 . Force de proposition par les travaux qu’il mène, l’OPPBTP compte bien l’accompagner, au service de tous.