Accident vasculaire cérébral sur un chantier, il faut agir vite !
Une prise en charge optimale des accidents vasculaires cérébraux (AVC) permet d'éviter les séquelles motrices. La reprise de travail reste néanmoins complexe. Conseils pour prévenir les AVC et savoir y réagir.
Date de mise à jour : 13 févr. 2024 - Auteur : Cendrine Barruyer
- Connaître les signes d'un AVC est essentiel pour contacter au plus vite le 15.
- Les séquelles doivent être bien évaluées pour accompagner la reprise.
Article paru dans PréventionBTP n° 271-Mars 2023-p. 30.
Pas une minute à perdre ! C’est le fil rouge des campagnes de sensibilisation à l’accident vasculaire cérébral (AVC). Il constitue une véritable urgence médicale, et un sur quatre survient avant 65 ans*. Dû, dans la grande majorité des cas (85 %), à l’obstruction d’un vaisseau dans le cerveau, l’AVC peut entraîner très rapidement des lésions irréversibles du tissu cérébral. Plus court sera le temps entre les premiers symptômes et la prise en charge par les urgences, moins graves seront les séquelles. Encore faut-il savoir repérer à temps les symptômes d’un AVC.
Des signes d’alerte à connaître
Sur un chantier, les collègues de travail peuvent observer des signes évocateurs d’une souffrance cérébrale : déformation de la bouche, sourire asymétrique, faiblesse dans une jambe ou un bras, troubles de l’équilibre, difficultés d’élocution ou de compréhension… La victime peut aussi se plaindre de maux de tête inhabituels, de troubles visuels (vision double, cécité d’un côté…), d’engourdissement. Si cela se produit, il faut appeler immédiatement le 15 (Samu) afin que l’AVC soit traité sur-le-champ. Au-delà de quatre heures, les lésions du cerveau risquent d’être irréversibles.
Fatigue et lenteur, deux effets méconnus
« Les progrès de la prise en charge et la rééducation permettent des récupérations motrices exceptionnelles », constate le Pr Alexis d’Escatha, praticien hospitalier en médecine et santé au travail (CHU d'Angers) et auteur d’une étude qui fait référence sur les liens entre AVC et travail (lire encadré). Autrement dit, le patient retrouve sa mobilité et sa gestuelle. En revanche, après un AVC, une lenteur et une fatigabilité persistent durablement. Ce handicap est d’autant plus difficile à comprendre par l’entourage qu’il est invisible.
Accompagner le retour vers l’emploi
Le médecin du travail peut sensibiliser l’entreprise à ces difficultés. « Il peut expliquer à l’encadrement et aux compagnons les difficultés impactant le travail de leur collègue (manque d’attention, de concentration, troubles de la mémoire et de l’humeur, fatigabilité au cours de la journée…). Mais c’est un exercice périlleux du fait du secret médical… » explique le Dr Jean-Louis Zylberberg, médecin du travail APST-BTP RP qui a lui-même accompagné de telles reprises. Comme ce maçon qui, grâce à l’intervention de nombreux acteurs et notamment ceux de la Maison départementale pour les personnes handicapées, a pu bénéficier d’une formation de soudeur en centre de rééducation professionnelle (CRP). « Ce cas est exceptionnel, note le médecin, car dans les TPE , qui représentent 80 % des entreprises du BTP, les reconversions post-AVC sont très difficiles et ces accidents entraînent le plus souvent une invalidité. » Dans le cadre de l'approche globale de la santé des travailleurs, le médecin du travail peut interroger le salarié sur son hygiène de vie (alimentation, tabac, stress, sommeil…), le sensibiliser à son risque cardiovasculaire et l'aider à prévenir la survenue d'un tel accident. Il peut également sensibiliser à ce sujet lors de la visite de mi-carrière.
* Source : ministère de la Santé, Drees.
Minute Prévention : Reconnaitre un AVC
L'excès de travail, facteur de risque d'AVC
L’excès de travail (à partir de 55 heures par semaine) est un facteur de risque d’AVC. C’est ce que révèle une revue systématique de la littérature pilotée par le Pr d’Escatha à la demande de l’OMS. Ce risque est d’autant plus marqué que la durée d’exposition est longue. Le suivi de la cohorte Constances confirme ces données : les personnes travaillant plus de dix heures par jour pendant au moins 50 jours par an s'exposent à un risque d'AVC plus important de 29 %. Pour les travailleurs qui tiennent ce rythme durant dix ans, le risque de survenue d'AVC est 45 % plus élevé que dans le reste de la population « Les raisons de cette augmentation sont mal connues. Il est probable que la surcharge de travail favorise une hygiène de vie déplorable », indique le Pr d’Escatha.
4 recommandations en cas d'AVC
Appeler le Samu au moindre doute
Une faiblesse d'un côté du corps, des pertes d’équilibre, des fourmillements au visage ou dans les membres, des troubles visuels, une difficulté à parler, des maux de têtes inhabituels, sont autant de signes d’alerte. Que faire ? Appeler immédiatement le 15.
Prendre au sérieux les « petits AVC » ou AIT
Certains AVC régressent spontanément car l’artère obstruée s’est débouchée spontanément. Ces AIT (accidents ischémiques transitoires) ne doivent pas être négligés. Le risque de faire un AVC est de 13 % dans les cinq ans. Après un AIT, un bilan cardiovasculaire complet est nécessaire.
Gérer les séquelles de l’AVC
L’AVC entraîne des séquelles visibles (difficultés à parler, marcher, effectuer certains gestes…). Même lorsque ces signes disparaissent après une longue rééducation, la fatigue et la lenteur persistent durablement. La visite de préreprise peut aider à anticiper l’adaptation du poste (ou la reconversion).
Sensibiliser à une bonne hygiène de vie
Une mauvaise hygiène de vie (sédentarité, alimentation déséquilibrée, stress, tabac…) est un facteur de risque majeur d’AVC. Les apnées du sommeil également. Il faut donc sensibiliser le salarié.