Comment bien gérer son diabète sur les chantiers ?
Le diabète, notamment s'il est mal suivi ou mal stabilisé, peut être à l'origine de nombreuses complications ou de malaises et donc avoir des répercussions sur l'activité professionnelle. Savoir l'équilibrer est essentiel. Les diabétiques doivent faire attention à tout ce qui pourrait favoriser la survenue d’une hypoglycémie, surtout lorsqu'ils exercent des métiers à risque. Les traitements actuels, lorsqu'ils sont bien conduits, permettent dans l'immense majorité des cas d'équilibrer le diabète. Nos conseils.
Date de mise à jour : 3 nov. 2023 - Auteur : Cendrine Barruyer
- Le diabète touche un Français sur vingt.
- Cette maladie peut entraîner des inaptitudes.
- Un bon contrôle du diabète est le plus souvent possible avec les traitements actuels.
Article paru dans PréventionBTP n°277 p. 30-Octobre 2023.
Policier, militaire, pilote, pompier… un grand nombre de métiers sont interdits aux personnes diabétiques traitées à l’insuline. Pourquoi ? Tout simplement parce que le diabète – qui se caractérise par une mauvaise régulation du taux de sucre dans le sang – peut exposer à des malaises par hypoglycémie, voire par hyperglycémie. Le salarié risque de se mettre en péril ou de mettre en péril ses collègues. En particulier lorsque ces malaises surviennent sans signe annonciateur. Avec la loi du 6 décembre 2021, relative aux restrictions d'accès à certaines professions en raison de l'état de santé, la situation est en train de changer et, pour les personnes dont le diabète est équilibré, ces restrictions devraient être levées. Et pour les diabétiques traités par d'autres médicaments que l'insuline ? « L’accès à un certain nombre de postes sur les chantiers : poste de sécurité, travaux en hauteur, travailleur isolé, conducteur d’engin, utilisateur de machines dangereuses… peut également être limité si le diabète n’est pas correctement contrôlé », indique le Pr Frédéric Dutheil, chef du service Santé Travail au CHU de Clermont-Ferrand.
Reconnaître les situations à risque
Les diabétiques doivent faire attention à tout ce qui favorise la survenue d’une hypoglycémie : une activité plus intense que d’habitude, un repas trop léger, du stress, de la fatigue, une chaleur excessive… Ils doivent également être vigilants à tous les petits signes indiquant que leur glycémie est trop basse. « Certains patients transpirent, d’autres ont des vertiges, d’autres des fourmillements… », précise le Pr Dutheil. La solution consiste alors à s’arrêter, grignoter et s’hydrater.
L'assurance maladie évalue à quatre millions le nombre de patients traités pour le diabète, sans oublier un million de Français diabétiques sans le savoir. Le diabète de type 2 étant une maladie silencieuse, bien des patients découvrent leur maladie avec plusieurs années de retard.
Simple à détecter
Le médecin du travail peut jouer un rôle essentiel pour dépister un diabète chez un patient qui s’ignore. La maladie se diagnostique par la mesure de la glycémie à jeun. La Haute autorité de santé recommande une prise de sang tous les cinq ans, mais s’il y a des signes d’appel, par exemple une obésité, il est conseillé de suivre plus régulièrement sa glycémie. Plus le diabète est détecté tôt, moins il aura de conséquences sur la santé. En effet, la persistance pendant des années d’une glycémie trop élevée altère les vaisseaux sanguins et favorise de nombreuses maladies (rétinopathie, insuffisance rénale, neuropathies…). Cela accroît par ailleurs le risque d’infarctus et d’AVC et peut entraîner des troubles cognitifs. Les nouveaux traitements, comme les pompes à insuline connectées, sortes de pancréas artificiel, peuvent changer la vie des diabétiques qui ont du mal à contrôler leur maladie. « Un de mes patients est dans l’attente d’une pompe, raconte le Pr Dutheil. Si on arrive à réguler son diabète je vais pouvoir lever son inaptitude et il reprendra son travail. »
La sédentarité ennemi numéro un
Le stress, le travail de nuit, les horaires de travail décalés et la sédentarité sont les quatre principaux facteurs professionnels favorisant la survenue d’un diabète de type 2. Si les métiers administratifs sont sédentaires, ceux de terrain ne sont pas dénués de risques, qu’il s’agisse des conducteurs d’engin, des chauffeurs routiers, ou des grutiers. « Un grutier monte dans sa grue le matin avec son casse-croûte et n’en redescend souvent qu’en fin de journée. Même si c’est un métier en plein air, c’est un métier sédentaire », rappelle le Pr Dutheil. Les personnes ayant un métier sédentaire doivent se lever et bouger régulièrement. Avoir une activité physique dans sa vie personnelle (marcher, faire du sport…) est par ailleurs indispensable.
4 moyens d’éviter le diabète ou ses complications
Faire du sport
Lutter contre la sédentarité est le meilleur moyen de prévenir l’apparition du diabète. Une fois la maladie déclarée, le sport freine l’évolution du diabète. Dans certains cas, il permet même de le faire régresser. Le sport aide aussi à mieux gérer son poids : le surpoids est un facteur de risque important.
Surveiller la santé de ses pieds
Les diabétiques sont sujets aux infections. Par ailleurs, le pied diabétique perd sa sensibilité et le patient peut ne pas sentir une blessure à son pied. Tous les soirs, en enlevant ses chaussures de chantier, il faut vérifier scrupuleusement l’état de la peau, de la plante de pied, des orteils…
Informer une personne de confiance
Lorsque la maladie est équilibrée, il n’est pas nécessaire d’informer son entreprise de son diabète. Il est toutefois souhaitable qu’un collègue de confiance soit averti pour pouvoir réagir en cas de malaise. Quant au médecin du travail, il est recommandé de l’avertir afin qu’il assure le meilleur suivi du salarié.
Bien s'hydrater
Avoir tout le temps soif peut être un signe de diabète. De même, le fait d’être réveillé plusieurs fois par nuit pour aller uriner. Si l’on ressent ces symptômes, une prise de sang s’impose pour mesurer la glycémie à jeun. Chez le diabétique avéré, la déshydratation accentue les troubles de la glycémie.