274 Dossier – Coup de chaud sur les chantiers

©OPPBTP

Malika Benamar de la direction technique de l’OPPBTP nous présente ce nouveau guide : les effets du changement climatique sur l’homme, les enjeux de prévention et de performance de l’entreprise, les modalités organisationnelles à mettre en œuvre…


Le premier intérêt de ce guide est d’aider la profession à s’organiser face aux effets du changement climatique…
En effet, le réchauffement s'accélère. En 2022, nous avons atteint des niveaux de chaleur jamais vus en France. Dans notre pays, le réchauffement est déjà de 1,7 °C à ce jour, et il est attendu à +3,9 °C en 2100. On constate bien l’intensification de la durée et de la fréquence des fortes chaleurs.


Travailler durant de fortes chaleurs peut générer des accidents. Comment mieux sensibiliser les salariés du BTP, très concernés par ce sujet?
Les travailleurs du BTP sont exposés en effet. Les effets sur le corps sont tangibles et peuvent entraîner des accidents graves. La sensibilisation est plus que nécessaire, l’objectif est de faire prendre conscience à tous les publics, et notamment les plus vulnérables ou les personnes sujettes à des troubles cardiaques, de la nécessité d'adopter les bons gestes individuels et de rappeler les mesures de premiers secours. Nous devons aider nos compagnons à être plus à l’écoute de leur corps, que chacun soit en capacité d’être autocritique sur sa tâche pour éviter des accidents de travail et l’effet coup de chaleur. Pour l’entreprise, c'est également un moyen d’assurer la continuité de son activité et de réduire l'absentéisme, par exemple grâce à la mécanisation, à la planification des tâches les moins contraignantes physiquement, ou à l’aménagement des horaires de travail. L’enjeu de prévention est aussi celui de la performance.


Concrètement, comment une entreprise peut-elle progresser sur la prévention de ce risque?
Nous devons sortir du modèle de gestion de crise en anticipant, le plus en amont, un plan d’action dédié. Anticiper, c’est déjà penser aux accords possibles avec ses clients sur l’aménagement des horaires de travail, aux lieux de repos utilisables chez les clients ou à la mise à disposition de bases vie permettant un confort thermique pour la récupération des compagnons lors des fortes chaleurs. C’est aussi intégrer, dans les projets qui se déroulent du mois de mai à fin août, la possibilité de disposer de points d’eau suffisants pour l’hydratation et le rafraîchissement. Le guide comporte une section sur la manière d’agir en cas d’accident du travail et également des indications concernant l'indemnisation des arrêts durant les périodes de canicule.


En termes de solutions innovantes, l’étude a-t-elle permis d’identifier des initiatives intéressantes provenant de l’étranger?
Oui, nous avons identifié un indicateur en vigueur aux États-Unis, au Canada et en Belgique, le WBGT. Il s’agit d’un indice de contrainte thermique prenant en compte la température et l’humidité, et ses impacts sur la santé en cas d’activité. Il permet d’identifier le niveau de criticité du risque en fonction de sa localisation. Je vais, bien sûr, vérifier sa potentielle mise en œuvre en France, mais il semble que s'approprier cet indicateur serait une bonne chose.

Nous devons sortir du modèle de gestion de crise en anticipant le plus en amont un plan d’action dédié.

Malika Benamar

Malika Benamar, responsable d'opérations, direction technique de l'OPPBTP

Après vingt-cinq ans de carrière dans le BTP, Malika Benamar travaille à la direction technique de l'OPPBTP, au sein de l’équipe Organisations, méthodes et équipements (OM&E) depuis plus d’un an, sur les sujets de santé et hygiène liés notamment aux changements climatiques. Elle est en charge également des sujets liés à l’intelligence artificielle et au Lean.

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