La chaleur, un risque à multiples impacts sur la santé
Quels sont les réflexes à adopter quand le thermomètre monte ? Comment inciter les salariés à mieux écouter leur corps ? Éléments de réponse avec la médecin du travail Françoise Arque.
Date de mise à jour : 5 juil. 2023 - Auteur : Jeremy Debreu
©Lipsum
Au SRAS Santé au travail, basé à Toulouse (Occitanie), on est habitué à la chaleur et à ses conséquences sur les travailleurs du BTP. La docteure Françoise Arque rappelle ses effets sur un corps en activité : « Les vaisseaux sanguins et le cœur s’adaptent par la vasodilatation des extrémités, sans quoi la température corporelle monte rapidement. Le seul moyen d’évacuer la chaleur est la sudation, dont l'évaporation va permettre de maintenir le corps autour de 37 degrés. »
Risque accru d’accident de travail
D’où l’importance de bien s’hydrater pour ne pas bloquer la transpiration. « Sous l’effet de la chaleur, précise la docteure, les vaisseaux cutanés se dilatent et le sang se répartit vers les extrémités. Le cœur est alors obligé de pomper davantage, augmentant ainsi le rythme cardiaque de 10 à 15 pulsations/minute de plus, même au repos. C'est cela qui coûte au cœur. » Les conséquences peuvent être d'autant plus graves que les salariés sont porteurs de pathologies rénales, cardiorespiratoires, et/ou prennent des traitements impactants. C’est pour cela que l’INRS contre-indique le travail à la chaleur au-delà de 30 degrés. Mais aussi car d'autres effets sont accidentogènes : augmentation du temps de réaction, hypotension, crampes musculaires, fatigue supplémentaire… « La chaleur à des effets clairs et immédiats sur le risque d’accident du travail », insiste le Dr Arque.
Organisation du travail et sensibilisation des salariés
Or, supprimer l’exposition est difficile. Françoise Arque décline une série de recommandations à destination des entreprises : « Adapter les horaires de travail lorsque c’est possible, augmenter les roulements du personnel et la fréquence des pauses sur le chantier, reporter le travail de manutention lourde à des périodes plus fraîches, mécaniser certaines tâches, prévoir des points d’eau fraîche ou encore éviter le travail isolé – en cas de malaise… » Globalement, il s’agit de travailler moins vite. Et les travailleurs peuvent aussi mieux écouter leur corps. « Les solutions individuelles sont importantes : porter des vêtements clairs, ne pas attendre la soif pour s’hydrater ou encore alléger les repas, avec moins de viande ou d’aliments gras et plus de fruits et légumes riches en eau et faciles à digérer. »