273 Dossier Cannabis reportage CLMTP

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Un chantier de 88 heures en continu pour remplacer un pont de 800 tonnes sur la ligne de chemin de fer Vierzon-Tours. Ce type d’opération coup de poing, comme les désigne la PME familiale CLMTP (Sablé-sur-Sarthe), ne laisse aucune place à l’erreur. «Mes équipes bossent H24 dans un milieu extrêmement contraint. Pour être en état de circuler le long des rails, elles ne peuvent en aucun cas être imprégnées à l’alcool ou aux psychotropes», explique Romain Ragouilliaux, directeur administratif et juridique de la société. Jusqu’en 2018, la PME se sentait démunie face au risque cannabis, quand son principal donneur d’ordres, la SNCF, lui impose de signer une charte de dix engagements parmi lesquels : «Je ne travaille jamais en ayant consommé de l'alcool ou un produit stupéfiant». La PME se rapproche du pôle prévention du géant du rail, inscrit l’interdiction dans son règlement intérieur, et met en place une politique de contrôle par tests salivaires.

1. Favoriser le dialogue

En cas de résultat positif, le professionnel est « sorti du chantier » et mis à pied à titre conservatoire. Il est rarement possible de confirmer le test positif en laboratoire par une prise de sang, en raison des horaires de nuit ou de lieux d’intervention souvent trop éloignés d’un laboratoire. Le directeur et son préventeur rapatrient alors le salarié concerné à son domicile, puis le convoquent pour un entretien disciplinaire quelques jours plus tard. En cas de récidive, l’employeur procède à un licenciement pour faute. Rapidement, la PME constate que le tout-répressif a des limites. « En 2021, après plusieurs mises à pied et licenciements pour faute, on s’est dit qu’il fallait être davantage dans la prévention et le dialogue », souligne le directeur. Il décide alors d’introduire un module addictologie, animé par un formateur extérieur dans le cadre de la semaine annuelle dédiée à la sécurité. Lui-même n’y assiste pas pour que les salariés se sentent plus libres de prendre la parole. « Nous en attendions une prise de conscience à la fois professionnelle et personnelle. Avec le recul, nous constatons une modification du comportement pour ne pas être détecté au niveau des tests. Certains ont encore une consommation à l'extérieur qu'ils aménagent pour qu’elle ne soit pas rédhibitoire pour leur travail. »

2. Repérer les signaux faibles

L’employeur prête aussi attention aux signaux faibles : « Si un compagnon refuse de travailler aux côtés d’un autre sans raison apparente, je m’interroge sur le fait qu’il pourrait y avoir un risque addiction, et je procède à des contrôles inopinés. » Au cours de l’entretien disciplinaire qui suit un test positif, le salarié est orienté vers le médecin du travail ou son médecin traitant. Il ne peut revenir qu’avec l'avis du médecin du travail assurant qu’il peut occuper son poste avec ou sans aménagement.

Après plusieurs mises à pied et licenciements, on s’est dit qu’il fallait être davantage dans la prévention.

CLMTP

CLMTP est une entreprise familiale de 220 salariés créée en 1994. Basée à Sablé-sur-Sarthe, elle mène des travaux ferroviaires dans l’ouest de la France, majoritairement pour la SNCF. Création, entretien, renouvellement, démantèlement de voies et génie civil ferroviaire, toutes ces opérations sont minutées et potentiellement à risque, d’où la généralisation des contrôles inopinés et une vigilance renforcée.

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