273 Dossier Addictions CFA BTP de Blanquefort

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À Blanquefort, les professionnels du centre de formation des apprentis du bâtiment et des travaux publics (CFA BTP) se sentaient impuissants face à la consommation régulière de cannabis des élèves. « On voyait des apprentis dès le matin qui sentaient le cannabis à dix kilomètres à la ronde, mais on n’avait pas d’autres leviers que de les exclure pour une semaine ! », explique David Duprat, animateur socio-éducatif à l’origine du projet. Le CFA s’interroge et se dote progressivement d'une politique de prévention impliquant la direction, les formateurs et animateurs, les apprentis et leurs entreprises. Une psychologue du pôle addictologie de Bordeaux, secondée par l'association Addictions France, met en place les premières actions de sensibilisation. Une nécessité, car le produit est tellement banalisé que certains apprentis redécouvrent que la consommation est interdite partout et qu’il ne s’agit pas d'une lubie de leur employeur ou de leur CFA. Depuis, plus de sept cents apprentis ont été sensibilisés. L’idée que la substance provoque du plaisir et de la détente est battue en brèche par les effets à court et moyen terme : le sommeil est moins réparateur, la vigilance baisse.

Un protocole précis

Les personnels aussi améliorent leurs connaissances pour appréhender les jeunes. Les signaux d’alerte sont mieux connus : changement d’humeur soudain, état anormal, absences répétées, endormissement pendant la formation théorique. Désormais, le CFA dispose d’un protocole précis. Quand un formateur sent que l’élève n’est pas dans son état normal, il l’isole dans l’atelier et le met en sécurité, puis le dirige vers le service socio-éducatif pour un premier entretien. « Je l’oriente ensuite vers un centre de consultation pour les jeunes consommateurs, qui décidera s’il est nécessaire de mettre en place un accompagnement en toute confidentialité », souligne le conseiller. Malgré les difficultés des TPE-PME à dégager du temps, en raison des contraintes liées aux chantiers, les maîtres d’apprentissage ont participé à des séances de formation menées en partenariat avec la médecine du travail, la Capeb, la FFB, la Fondation BTP+ et la Carsat. Lors de son bilan 2022, le CFA a même observé une baisse de la consommation. « On ne peut, pour autant, pas parler d'arrêt mais plutôt de gestion de la consommation. On a levé un tabou, et chacun sait désormais mieux quelles sont ses responsabilités et quelle procédure suivre. C’est un grand pas en avant », ajoute David Duprat. Le comité de pilotage fait progresser le projet, espérant qu’il fasse des émules ailleurs en France.

Le cannabis est tellement banalisé que certains apprentis redécouvrent que la consommation est interdite.

Une attestation pour reprendre les cours

Après une alerte liée à la consommation de substances psychoactives, l’apprenti ne peut reprendre ses cours au CFA que si le centre de consultation en addictologie lui donne une « attestation », une sorte d’équivalent de l’avis d’aptitude. Le CFA prévient également les responsables légaux, les parents, l’employeur, « pour ouvrir la discussion » et assurer le primat de l’éducatif sur le répressif.

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