Des protections auditives qui donnent l’alerte

Donner à voir le risque bruit : c’est le sens de l’expérimentation menée en 2023 par Eiffage Construction sur un chantier pilote. « Le risque bruit fait l’objet d’une sensibilisation systématique auprès de nos équipes, mais il reste dur de faire adhérer tout le monde et de s’assurer du port permanent des protections auditives. Nous avons cherché une solution innovante qui aide les salariés à mieux prendre conscience de la permanence du risque », explique Aurélien Boyé, directeur de la Prévention d’Eiffage Construction France.

Des signaux d’alerte visuels et auditifs

L’expérimentation a concerné l’ensemble des compagnons mobilisés pour la construction d’un bâtiment à Montpellier – soit vingt salariés, dont quatorze ouvriers et trois chefs d’équipe. Pendant six mois, ils ont été équipés de bouchons d’oreille sur-mesure intégrant le système d’alerte EarPad Securit d’EarSonics : dès que les seuils étaient dépassés – soit 87 dB(A), avec une atténuation de 19 dB(A) grâce à la protection des bouchons limitant le ressenti utilisateur à 68 dB(A) – les salariés recevaient une série de trois bips les encourageant à s’équiper d’une seconde protection auditive type coquille antibruit. À cela s’ajoutait une série de trois flashs lumineux émis par un boîtier porté par le chef de chantier. Le boîtier a aussi relevé en temps réel les niveaux d’exposition au bruit après atténuation – le micro étant positionné dans la protection auditive. « Le dispositif a permis de donner du sens à nos discours de prévention : les salariés ont pu s’apercevoir que le niveau de bruit restait important toute la journée, même quand ils n’effectuaient pas les tâches les plus bruyantes, comme le vibrage du béton ou le sciage des panneaux bois », constate Aurélien Boyé.

Exploiter la data

L’expérimentation ne s’arrête pas là : en partenariat avec la médecine du travail, Eiffage Construction va réaliser ces prochains mois une étude comparative, pour déterminer si le port plus systématique des protections auditives sur ce chantier a permis de maintenir l’audition à un niveau plus satisfaisant que pour la moyenne des équipes. La société a aussi prévu d’exploiter les données enregistrées par le boîtier en se rapportant au planning du chantier. « L’exploitation de la data doit permettre à l’entreprise d’agir en prévention, en évaluant plus précisément le niveau d’exposition au bruit des salariés en fonction des différentes tâches effectuées », explique Christophe Tharaud, directeur commercial EarSonics.