Exosquelettes : les freins à lever dans le BTP pour les adopter
Date de mise à jour : 3 nov. 2022 - Auteur : Jeremy Debreu
©Colas
Chaque constructeur innove pour produire les dispositifs mécaniques ou textiles (ergosquelette, exosquelette) les mieux adaptés aux situations de travail génératrices de TMS : aide pour les interventions bras au-dessus de la tête, gant bionique pour soulager les efforts de la main et du poignet… Les exosquelettes se bousculent pour disrupter les métiers du BTP. Mais les saisons passent et leur usage reste encore limité. Trop cher, trop lourd, pas assez efficace… Comment lever les freins ?
Usage des exosquelettes : combattre les idées reçues
Comme toute solution de mécanisation, l'exosquelette ne règle pas tous les problèmes. Y compris celui des TMS : « Son fonctionnement par transfert d'appui fait qu'on reporte la charge ailleurs et cela entraîne d'autres pathologies », rappelle le Christian Derock, médecin du travail à l'APST BTP. « De plus, on parle de métiers où on enchaîne beaucoup d'activités dans des temps courts, et l'exosquelette ne répond pas toujours à cette diversité. » L'exosquelette n'est pas l'arme absolue du travailleur.
Bien évaluer les besoins
Pour éviter les investissements décevants, Jean-Jacques Atain-Kouadio, ergonome à l'INRS recommande que « le recours à ces aides s'intègre dans une véritable démarche de prévention. » Plus précisément, l'ergonome détaille : « D'abord, il faut savoir à quelle tâche spécifique il répond et quels sont précisément les besoins d'assistance physique de l'opérateur. Par ailleurs, il est nécessaire que l'exosquelette soit intégré à une approche globale en prenant en compte les autres séquences d'activité de l'opérateur, la présence de ses collègues et son environnement de travail. Enfin, il est indispensable d'englober l'exosquelette dans l'analyse des risques du poste de travail. »
Co-construire la démarche
« On porte au moins autant d'attention à la manière d'intégrer les équipements qu'à la qualité de leur adéquation aux besoins réels des opérateurs », confirme Pascal Girardot, responsable prévention de l'usure professionnelle à l'OPPBTP. « L'intégration de toutes les parties prenantes est cruciale, en particulier l'encadrement de proximité. Nous suivons l'expérimentation d'un exosquelette par une entreprise du BTP. L'appareil correspond à 100 % au cahier des charges, mais elle ne parvient pas à obtenir le taux d'utilisation. Parmi les conditions de réussite identifiées, l'engagement de l'encadrement dans la démarche est incontournable. » Une forme d'avertissement applicable à toute démarche de prévention.
Le BTP présente deux particularités qui rendent complexe l’adoption d’un exosquelette : la grande variété des tâches et le caractère très dynamique de l’activité. Jean-Jacques Atain-Kouadio, ergonome à l'INRS
Maquette numérique, drone, exosquelette, impression 3D… Le secteur du BTP redouble d’énergie pour innover et alléger les conditions de travail souvent difficiles de ses compagnons. À l’aune des enjeux de recrutement pour les entreprises, gageons que les innovations au service de la prévention et de la réduction des risques contribuent à séduire les nouvelles générations de professionnels du BTP !