Une charpente à solutions multiples pour réhabiliter un pont
La réhabilitation du pont de Groléjac s’appuie sur une structure bipoutre permettant de déconstruire l’ouvrage existant et de structurer le nouveau.
Date de mise à jour : 26 févr. 2024 - Auteur : Loïc Féron
● Un mode de réhabilitation innovant, respectueux de l’environnement.
● Des moyens matériels spécifiques qui réduisent les efforts.
Reportage paru dans PréventionBTP n°281-Février 2024-p. 15.
Photo : 281 Une charpente à solutions multiples pour réhabiliter un pont
Crédit photo : Frédéric Vielcanet
Ouvrage d’art
La réhabilitation du pont de Groléjac s’appuie sur une structure bipoutre permettant de déconstruire l’ouvrage existant et de structurer le nouveau.
Construit en 1932, le pont en arc qui franchit la Dordogne au niveau de Groléjac montrait depuis plusieurs années des signes de faiblesse. D’un seul tenant de 150 mètres de long, sa structure en béton armé souffrait de telles pathologies que son accès était interdit aux véhicules de plus de 12 tonnes. Sous maîtrise d’ouvrage du Conseil départemental de la Dordogne, le programme a été confié en conception-réalisation à un groupement, dont NGE Génie Civil est le mandataire. La capacité portante de l’ouvrage va être de 45 tonnes (et même 70 tonnes pour le franchissement de convois exceptionnels) et un nouveau tablier, plus large, va sécuriser le passage des piétons et cyclistes. Les appuis existants (piles et culées) sont conservés de façon à éviter toute intervention dans le lit de la rivière.
Une technique innovante
Les travaux, qui ont démarré début 2023 – après six mois de conception et préparation –, consistent à déconstruire le tablier, les suspentes et les pylônes existants avant de mettre en place un tablier neuf. Pour réaliser cette opération, les équipes de NGE Génie Civil, secondées par NGE Ingénierie (études méthodes et exécution), ont retenu une technique innovante qui associe rapidité, protection du milieu naturel et prévention des risques. L’été dernier, une charpente métallique bipoutre de 156 mètres de long a été lancée par l'entreprise Matière entre les pylônes du pont. Elle prend appui sur des palées provisoires liaisonnées avec les fûts de piles existants. Cette configuration de 4 mètres de large au-dessus du tablier existant a permis d’entamer sa déconstruction.
Une structure multi-usages
« La charpente métallique a plusieurs fonctions, la première étant de soutenir et stabiliser l'ouvrage à déconstruire », confirme Charlie Sarrazin, directeur du projet pour NGE Génie Civil. Faisant office d’atelier, la structure est dotée d’un pont roulant utilisé pour la déconstruction du tablier. Un chariot avec grue permet par ailleurs d’évacuer les autres éléments du pont. « À l’issue de la déconstruction, la bipoutre va être “délancée” sur une plate-forme dédiée afin d’être reconfigurée dans sa largeur définitive de 6,80 m, explique Charlie Sarrazin. Elle sera alors de nouveau lancée, cette fois sur ses appuis définitifs, pour recevoir les dalles en béton préfabriquées du nouveau tablier. »
La première fonction de la charpente métallique est de stabiliser l'ouvrage à déconstruire.
Un chariot grue pour la manutention des pièces de béton
La déconstruction des pylônes, des arcs et des suspentes fait intervenir un chariot roulant surmonté d’une grue mobile. Cet outil, spécialement conçu et fabriqué pour les besoins de ce chantier, se déplace sur la partie supérieure des poutres constitutives de la charpente. En complément du pont roulant (fixé, lui, sous la charpente), il assure la manutention mécanique et l’évacuation vers les berges des éléments de béton découpés (autres que hourdis).
Sur le plan de la prévention des risques, le grand intérêt de cet outil est d’éviter toute manutention manuelle. Positionnée sur ses patins, la grue mobile vient prendre en charge les pièces de béton (poutres et arcs) après sciage, les pose sur la remorque en partie arrière, avant d’effectuer une translation pour l’évacuation.
Le chariot motorisé et sa grue se déplacent ainsi selon les besoins du chantier sur le chemin de roulement installé au-dessus de la charpente. Un système de treuil installé sur chacune des rives permet de sécuriser les déplacements du chariot (l’un des câbles retient le chariot quand le second le tire) et de le stabiliser à l’arrêt en tenant compte de la courbe du pont et de la pente.