Interventions ultérieures sur ouvrage : être le plus documenté possible
Bien connaître le bâtiment, son organisation et les moyens de prévention intégrés est la condition d’une intervention ultérieure en sécurité.
Date de mise à jour : 11 juil. 2024 - Auteur : Loïc Féron
©Frédéric Vielcanet
- Une nécessaire concertation entre les acteurs.
- Le DIUO, un support précieux de documentation.
Dossier paru dans PréventionBTP n°285-Mai 2024-p. 6
Comment accéder en sécurité aux organes de ventilation disposés en toiture d’un immeuble ? Comment remplacer un éclairage au-dessus du bassin d’une piscine ? Ces deux cas d’école, l’un commun, l’autre moins, relèvent des interventions ultérieures sur ouvrage (IUO). Soit, toute intervention, tous lots confondus concernant l’exploitation de l’ouvrage (entretien, réparation et maintenance). Le périmètre est large. De l’enveloppe du bâtiment aux sols et murs intérieurs en passant par les réseaux (électricité, chauffage, climatisation, plomberie…) et autres conduits (cheminée, ascenseurs…) : l’intégralité des corps d’état est concernée.
Des interventions régulières ou inhabituelles
« Une fuite sur une terrasse, un carreau cassé ou un ascenseur en panne sont autant de dégradations du bâtiment qui nécessitent d’intervenir ponctuellement, explique Sébastien Terrier, responsable d'opérations Enveloppe, second œuvre à la direction technique de l’OPPBTP. Les intervenants peuvent être des entreprises ayant participé à la construction qui reviennent faire de petits travaux, d’autres spécialisés dans le nettoyage et la maintenance ou encore des artisans appelés pour régler un problème urgent. » À tous ces professionnels, la même question s’impose : quels sont les risques liés à mon intervention et quels sont les moyens à demeure pour les prévenir ? La chute de hauteur est la première concernée, lors des accès au poste de travail et des circulations sur les toits terrasse, lors du nettoyage des façades rideaux, des parois vitrées ou des verrières. Certains risques sont liés aux installations elles-mêmes (risque électrique) ou aux matériaux utilisés (risque chimique), voire aux utilisateurs en site occupé. « Sur un immeuble de logements sociaux, le bailleur passe des contrats d’entretien et de maintenance pour des interventions régulières, précise Sébastien Terrier. Mais pour tout le reste, les entreprises qui ne sont pas habituées au site doivent également pouvoir prévoir leurs interventions en sécurité. Le DIUO (dossier d’interventions ultérieures sur ouvrage, NDLR) a alors encore plus de valeur. »
Pas de DIUO sans CSPS
Entré en vigueur au milieu des années 1990, en même temps que la mission de coordination SPS, le DIUO a pour vocation d’intégrer, dès la conception, la prévention des risques liés aux interventions ultérieures. « Le DIUO est un document obligatoire établi par le coordonnateur SPS sous la responsabilité du maître d’ouvrage, rappelle Frédéric Fize, responsable du domaine Coordination SPS à la direction technique de l’OPPBTP. Dès la phase de conception et tout au long de l'exécution des travaux, le CSPS doit s’assurer que les dispositions de sécurité permettant de faciliter les interventions ultérieures ont été intégrées à l’ouvrage. » Nuance importante, le DIUO, « mode d’emploi » du bâtiment, ne concerne que « les opérations normalement prévisibles », autrement dit l’entretien et la maintenance, pas les interventions d’urgence. « Du point de vue des entreprises, le DIUO fournit des indices pour entretenir ce qui a été fait », résume Sébastien Terrier. La qualité d’une intervention ultérieure dépend du degré de concertation, en conception et réalisation, entre le maître d’œuvre, le maître d’ouvrage et son CSPS, puis entre l’exploitant et les entreprises missionnées en phase d’exploitation.
Gérer la coactivité avec les occupants
Une chose est sûre : en plus de faciliter les accès et de sécuriser le poste de travail, la présence de moyens prévus en conception minimise le coût de l’intervention ultérieure. « Ceci vaut aussi et surtout pour les visites d’inspection, observe Sébastien Terrier. Quand une protection collective existe à demeure, l’entreprise peut intervenir sereinement dès le repérage, sans avoir à installer sa propre sécurité. » À l’exception des immeubles de bureau entièrement vitrés, équipés de nacelles en terrasse, les moyens à demeure en façade sont plus difficiles à mettre en place. À l’entreprise, en concertation avec l’exploitant, de prévoir ses propres équipements. Quant aux interventions à l’intérieur de locaux occupés (par des résidents, des travailleurs…), elles imposent de gérer la coactivité. Ne serait-ce qu’une intervention en plafond dans le couloir d’une résidence étudiante, qui nécessite d’installer un échafaudage roulant pour déposer les faux plafonds et de canaliser les circulations.
Du point de vue des entreprises, le DIUO fournit des indices pour entretenir ce qui a été fait.