277  Dossier - Sécuriser et améliorer les conditions de travail des plaquistes

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En résumé

Le métier de plaquiste comporte des risques à mieux prendre en compte.
Les équipements évoluent et contribuent à améliorer les conditions de travail.

Dossier paru dans PréventionBTP n°277-Octobre 2023-p. 6

« Durant sa journée de travail, le plaquiste manipule des matériaux lourds et encombrants et réalise des tâches répétitives, avec déplacement notamment en montée-descente. Dans les différentes étapes de son travail, les risques sont multiples: troubles musculo-squelettiques, chute de hauteur, de plain-pied ou exposition à la poussière… ». Pour Valérie Tournier, responsable du domaine enveloppe second œuvre au sein de la direction technique de l’OPPBTP, le constat est clair : des problématiques de prévention se posent pour ce métier.
Afin d'améliorer la situation, les professionnels se mobilisent autour des enjeux de prévention et de formation. En coconstruction avec les organisations professionnelles, l’OPPBTP et sa direction technique travaillent actuellement à l’amélioration des conditions de travail des plaquistes, avec notamment deux études en cours : l’une consacrée aux travaux en construction neuve (publication du rapport ce mois-ci sur preventionbtp.fr), l’autre aux chantiers de rénovation.
Ces dernières années, les principales évolutions portent sur les matériaux utilisés. En effet, les maîtres d’ouvrage et les futurs occupants des bâtiments demandent des performances toujours plus grandes, en lien notamment avec la réglementation RE2020, une meilleure isolation acoustique et thermique, ainsi qu’une maîtrise des coûts de construction. Ces changements, favorables dans un contexte de lutte contre le changement climatique et de résilience des bâtiments, ont pour conséquence des matériaux plus lourds à manipuler. « Une palette entière de produits à base de plaques de plâtre, dont chacune fait plus de 25 kg, voire jusqu’à 65 kg, conduit les opérateurs à des efforts physiques soutenus dans les phases d’approvisionnement et de manutention jusqu’au lieu de pose », détaille Pascal Girardot, responsable du domaine prévention de l’usure professionnelle à l’OPPBTP. Par ailleurs, l’évolution du contexte constructif impacte l’activité professionnelle des plaquistes, comme l’explique Valérie Tournier : « En construction neuve de logements, l’optimisation des coûts est une préoccupation qui peut orienter les choix de matériaux vers des produits moins qualitatifs et plus lourds, par exemple en choisissant des produits préfabriqués plus lourds, de type cloisons alvéolaires, ou complexes de doublage, ce qui augmente la pénibilité du travail. » Les matériaux accentuent l’exposition au risque de troubles musculo-squelettiques.

Plaquistes : le risque TMS amplifié par la répétitivité des tâches

Or lorsque l'on parle risque physique, on pense en premier lieu aux facteurs biomécaniques, par exemple l’amplitude articulaire des mouvements, les efforts et la répétition. On voit que les plaquistes sont très exposés. « Quand il travaille sur une cloison verticale, le plaquiste va poser environ vingt-cinq vis pour chaque plaque de 2,5 mètres de haut: il fait donc face à des amplitudes extrêmes vers le bas et vers le haut. Si l'on considère qu’il va poser 30 à 40 m2 à la journée, on visualise immédiatement le caractère répétitif des efforts à fournir! », détaille Pascal Girardot. En termes d'organisation, les plaquistes opèrent presque systématiquement dans un temps contraint, pour des raisons de délai et de coactivité, et ils peuvent être structurellement incités à travailler rapidement et à forte intensité.

De nouveaux matériels pour améliorer les conditions de travail

Afin d’alléger l’exposition aux risques TMS et réduire la pénibilité, les entreprises recourent à plusieurs matériels. L’utilisation d’un lève-plaque pour la réalisation des plafonds et des rampants (plafonds sous pente de toit) réduit les ports de charge et les postures contraignantes, avec sursollicitations du corps. Les rallonges fixées aux appareils électroportatifs pour les opérations de vissage – essentiellement pour les plafonds – évitent de monter, descendre et réduit ainsi le risque de chute. Autre innovation, qui concerne par ailleurs les matériaux, les plaques à bords amincis, plus légères et conçues pour faciliter la réalisation des joints après la pose.

Les enjeux logistiques

Si ces équipements contribuent à limiter les risques, l’organisation du chantier peut être déterminante pour la qualité de travail des plaquistes. « Toute la logistique autour du chantier est très importante: les conditions de livraison et d’implantation des stocks sont déterminantes pour faciliter l’activité d’un plaquiste », souligne Valérie Tournier. Pascal Girardot abonde : « Le stockage à un endroit optimal, à proximité de la zone de préparation (découpes) et de la zone de pose, représente un confort de travail, tout comme le recours, lors du déchargement d'une livraison, à un retourneur de palette, pour présenter les plaques, verticalement plutôt qu’horizontalement. Chacune de ces petites dispositions organisationnelles et techniques contribue à diminuer la pénibilité. »

Le défi de la formation

Aujourd’hui, la formation des plaquistes est essentielle, car elle les sensibilise aux problématiques de prévention et à l’utilisation élargie des matériels et matériaux permettant d’améliorer les conditions de travail. « Il est nécessaire de faire monter en compétences les entreprises sur l’exposition aux risques des opérateurs de chantier, en vue de développer la recherche de solutions de prévention, la prise en compte des évolutions technologiques et des innovations qui sont mises sur le marché, et l’utilisation de ces solutions sur le terrain », explique Valérie Tournier. C’est tout l’objet des travaux engagés par la profession avec l’OPPBTP.

Les conditions de livraison et d’implantation des stocks sont déterminantes pour faciliter l’activité d’un plaquiste.

Valérie Tournier, OPPBTP.

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