Avec le Mase, des gains en sécurité, en qualité, en efficacité

Impliqué de longue date dans l’association Mase, David Marion en est le Président France et International depuis novembre 2023. Il décrit les principes de ce système de management et ses particularités, avec à la clé des résultats significatifs en sécurité et en performance globale des entreprises engagées.

Pouvez-vous nous rappeler quels sont les objectifs de la certification Mase ?
Le Mase, manuel d’amélioration de la sécurité des entreprises, est un système de management de la sécurité, santé, environnement. Son objectif est d’aider les adhérents à améliorer de façon continue leurs performances en la matière, en se focalisant sur les moyens concrets déployés par l’entreprise. C’est un système pratico-pratique adapté à tout type d’entreprise, de tout secteur et de toute taille. Il permet, à travers son association et l’ensemble des personnes-ressources salariées du Mase, de faire vivre ce système. Les certifications sont faites via des comités de pilotage incluant des interlocuteurs métiers – maintenance, sécurité – et pas seulement par des auditeurs. C’est ce qui donne de la crédibilité au système.

Combien d’entreprises sont certifiées Mase aujourd’hui ? Quelle dynamique de progression observez-vous ?
Notre réseau Mase comprend près de 6 500 adhérents : 400 entreprises utilisatrices et 5 000 entreprises intervenantes certifiées, auxquelles s’ajoutent 1 100 entreprises adhérentes en cours de démarche. Historiquement, la pétrochimie, le raffinage, créateurs du système, dominaient mais aujourd'hui, c'est le BTP qui est notre premier métier certifié. Il représente entre 33 % et 40 % de nos adhérents. Globalement, le nombre d’adhérents progresse de 5 % chaque année. D’autres types de métier nous rejoignent dans l’énergie, et nous accueillons également les grands maîtres d’ouvrage, ports, aéroports, la SNCF Réseau.

Un nouveau référentiel a été publié au mois d’août 2024. Qu'est-ce qui le distingue du précédent ?
C'est bien une évolution, pas une révolution, le Mase reste ce qu’il est. Ce qui a été demandé, c’est de bien illustrer les facteurs organisationnels et humains, afin d’ancrer la culture sécurité dans ce référentiel. Pour cela, nous aidons nos adhérents en leur proposant des outils comme la Mase Académie, créée en partenariat avec l’Icsi (Institut pour une culture de la sécurité industrielle, NDLR). C’est une plate-forme dédiée à la culture de sécurité intégrée proposant des ressources numériques pour développer le leadership en sécurité des encadrants et mettre en œuvre la vigilance partagée. Nous avons également renforcé les axes santé, environnement et l’analyse des risques en introduisant dans le référentiel la « mise au travail », parfois appelé « préjob briefing ». Un calendrier de déploiement est prévu, car les entreprises en cours de certification depuis plusieurs mois peuvent évidemment toujours utiliser le référentiel de 2014, d’autant qu’une démarche de certification peut prendre jusqu'à dix-huit mois. On va donc laisser aux entreprises environ dix-huit mois pour basculer de l’ancien référentiel au nouveau.

Quels sont les atouts de Mase qui attirent les entreprises ?
Les entreprises masées voient des évolutions significatives de leurs résultats en santé sécurité année après année. En moyenne, elles réduisent leurs accidents d’un facteur 2 à 3, que ce soit en fréquence ou gravité. Et cela est d’autant plus vrai pour les entreprises certifiées de longue date. Selon les dernières données Cnam connues, le taux de gravité des entreprises en France est de 1,5, toutes entreprises confondues, industrie, tertiaire… Comparativement, nos adhérents, qui sont souvent issus de métiers à risques mais qui, par exemple, ont enchaîné trois certifications de trois ans consécutives, voient leur taux de gravité diminuer à 0,78. Une entreprise masée peut donc avoir la perspective d’avoir moins d’accidents et en plus ses accidents sont moins graves. Autre atout spécifique du Mase, l’appartenance à un réseau. Des discussions entre entreprises intervenantes et utilisatrices se nouent facilement et cela permet de bénéficier de retours d’expérience des entreprises face avec des accidents graves et des décès par exemple. Le Mase permet également aux entreprises intervenantes de mieux répondre aux exigences de certains marchés particulièrement exigeants comme le nucléaire. De plus, l’appartenance à l’association fait bénéficier les entreprises de supports de communication conçus par le Mase, qui peuvent être repris aux couleurs de l’entreprise.

Fin 2021, une enquête a été menée afin de mesurer l’impact de la certification Mase sur la performance de l’entreprise. Quels principaux enseignements avez-vous retenus ?
Quand on développe une culture sécurité santé environnement, on développe des méthodes, des engagements, une organisation, une rigueur, une traçabilité qui ne sont pas valables que pour la sécurité. On gagne en sécurité, on gagne aussi en qualité, en efficacité. Si je résume, on gagne de l’argent. C’est vrai pour tous les systèmes de management, et bien entendu pour le Mase. Mais comme le Mase est facile d’accès et qu’il est rapide de se l’approprier, les bénéfices sur la sécurité et sur l’ensemble des activités de l’entreprise sont rapides. À l’occasion de cette enquête, nous avons constaté un taux de satisfaction de 96 % des entreprises certifiées au regard du service à la performance de l’entreprise. Cela conforte les chefs d’entreprise sur leurs indicateurs de performance, la satisfaction de la clientèle, l’image de l’entreprise et la fidélisation des salariés.

Comment le partenariat du Mase avec l’OPPBTP se concrétise-t-il sur le terrain ?
L’OPPBTP dispose d’une expertise reconnue avec un réseau de conseillers et il fédère beaucoup d’entreprises de petite taille. Le partenariat avec
l’OPPBTP assure une promotion croisée de nos outils, actions… Le Mase fait référence aux formations Prév’Action dans son référentiel, fait la promotion des outils comme check chantier, des e-learnings D-clic… De nombreux ateliers et des conférences sont également animés par les conseillers OPPBTP pour les adhérents du Mase, par exemple sur les risques liés aux travaux en hauteur, aux travaux à proximité des réseaux électriques… La mise en place d’un réseau de
correspondants Mase-OPPBTP conduit à avoir des interlocuteurs privilégiés pour répondre à toutes les questions des entreprises sur tout le territoire. Nous sommes ainsi complémentaires dans la promotion du référentiel. Je veux souligner que l’OPPBTP et la Fédération française du bâtiment ont proposé un accompagnement collectif des entreprises d’Occitanie à partir de septembre, qui est très apprécié. Il a pour objectif de faire un retour d’expérience à la branche du BTP.

La mobilisation du personnel autour du Mase semble être une difficulté des chefs d’entreprise. Comment travaillez-vous sur ce sujet ?
C’est en effet l'un des points d’amélioration sur lequel nous travaillons. Nous proposons des petits-déjeuners, des rencontres sur des sujets variés, y compris techniques, qui sont ouverts à tous. Cela permet aux entreprises d’intégrer différentes personnes dans ce cercle de discussions. La Mase Académie accueille également autant de collaborateurs que les entreprises souhaitent inscrire : ils se connectent pour suivre des tutos, des e-learnings, des vidéos, lire des documentations… De plus, les Mase Awards, concours organisé tous les deux ans afin de promouvoir les bonnes pratiques sécurité, santé, environnement des entreprises, sont également un bon moyen de faire connaître le Mase aux équipes et de valoriser le travail collectif à travers la préparation des dossiers. À l’assemblée générale des 20 ans du Mase Rhône-Alpes cette année, une entreprise du BTP (BCS, Bleu ciel services, cordistes, NDLR) a présenté un système d’accrochage d’un marteau à la ceinture (photo ci-contre) et en plus ils commercialisent ce système. Non seulement c’est bon pour les conditions de travail et l’image de l’entreprise mais en plus c’est du chiffre d’affaires supplémentaire.

Quels sont les projets à venir de l’association ?
Au-delà de la diffusion du nouveau référentiel et d’une meilleure intégration des facteurs organisationnels et humains, nous travaillons au développement de nouveaux adhérents et nouveaux types de métiers notamment avec l’intégration de SNCF Réseau. Nous souhaitons également étendre la couverture géographique du réseau à d’autres pays francophones, notamment en Afrique.