Mase et ISO 45001 : comment structurer sa politique santé-sécurité avec un système de management ?
Les référentiels de systèmes de management, comme Mase ou ISO 45001, sont de précieux alliés pour structurer une entreprise en santé, sécurité et environnement.
Date de mise à jour : 15 mars 2024 - Auteur : Armelle Gegaden
©OPPBTP
- Les référentiels de systèmes de management offrent une approche proactive de la sécurité.
- Ils aident l’entreprise à se structurer.
Dossier paru dans PréventionBTP n°279-Décembre 2023-Janvier 2024-p. 6
Quand leur entreprise commence à grandir et qu’ils ne peuvent plus être physiquement présents sur tous les chantiers, les dirigeants s’interrogent souvent sur la manière de mieux gérer leurs risques. Ils peuvent alors se tourner vers un système de management, pour mieux anticiper et structurer leur prévention, tout en développant leur performance globale. « Beaucoup de chefs d’entreprise me disent qu’ils sont rassurés grâce au Mase », témoigne Virginie Renard, directrice Prévention & performance et culture de prévention à l’OPPBTP. Le Mase (Manuel d'amélioration sécurité, santé, environnement des entreprises) est un référentiel de système de management, comme il en existe d’autres, à l’image de la norme ISO 45001 relative à la santé et à la sécurité au travail, sortie en 2018.
Entre le Mase et la norme volontaire internationale ISO 45001, il y a certaines différences. Le Mase aborde notamment des questions environnementales. L’ISO 45001 insiste particulièrement sur les questions d’amélioration des performances en santé et sécurité au travail. Le Mase est très détaillé dans ses exigences quand l’ISO laisse plus de marges de manœuvre dans les moyens déployés par les entreprises. Au-delà de leurs différences, ces deux systèmes de management ont en commun d’aider le dirigeant et ses équipes à mieux s’organiser : « Ils permettent d’approcher l’organisation globale de l’entreprise. Ils imposent un principe d’anticipation et de préparation et permettent de s’affranchir de la seule réaction à des événements indésirables », explique Virginie Renard. Ils offrent aux entreprises l’opportunité de progresser à leur rythme sur différents volets, grâce à une méthode cyclique structurée en quatre étapes : le PDCA (Plan, Do, Check, Act). « La norme ISO 45001 permet de remonter les informations du terrain, pas uniquement une fois par an, mais dans une perspective d’amélioration continue », estime Aude Leroy cheffe de produit Qualité, sécurité, santé à l’Afnor.
Une aide utile pour la conformité réglementaire
Ces systèmes de management sont aussi une aide utile pour mieux appréhender les exigences en santé et sécurité du Code du travail. Ils permettent, avec méthode, de passer au peigne fin toute son organisation sur le volet de la SST (santé, sécurité au travail). « La norme volontaire ISO 45001, déployée suivant les recommandations, est un outil pour aller vers la conformité réglementaire », note Aude Leroy.
Les systèmes de management sécurisent, de ce fait, les donneurs d’ordres. Dans le cadre de grands chantiers, l’ISO 45001 ou le Mase peuvent être requis. « On est passé d’un contrôle uniquement des produits à une volonté de s’organiser non seulement pour répondre aux attentes des clients, mais aussi pour améliorer la prévention des pathologies et des accidents », analyse l’experte de l’Afnor. C’est ce besoin d’être rassuré sur les compétences en gestion des risques SST de leurs sous-traitants qui a conduit les donneurs d’ordres industriels de la chimie et de la pétrochimie à créer un réseau associatif dans les années 1990. Le Mase regroupe aujourd’hui 360 donneurs d’ordres, maîtres d’ouvrage et 5 900 entreprises sous-traitantes. « Un tiers de nos adhérents sont issus du BTP », précise Nicolas Chouteau, son secrétaire général. Le modèle associatif du Mase s’appuie sur des audits réalisés par des cabinets indépendants, extérieurs à l’association. Les entreprises y adhèrent pour mettre en place une démarche de prévention, « être carré » sur le volet réglementaire, et souvent à la demande de leur client.
Le groupe Enedis encourage ainsi ses 2 200 entreprises sous-traitantes à se certifier. 40 % d’entre elles le sont ou sont en cours de certification Mase ou ISO 45001. La plupart sont des TPE ou des PME. « Nous introduisons des clauses de mieux-disance en sécurité. Lorsqu’un de nos fournisseurs fait le choix de se certifier, il a un bonus dans nos appels d’offres. Nous ne voulons pas exclure celles qui ne sont pas certifiées, ni mettre en difficulté les petites entreprises, mais simplement les inciter », explique Olivier Terral, directeur prévention et sécurité du gestionnaire du réseau de distribution électrique.
Structurer toute son entreprise
Une certification peut donc ouvrir des portes à une entreprise de toute taille, quand elle s’engage dans une démarche de prévention de long terme. C’est un point d’appui pour son développement et la diffusion d’une culture prévention à tous les étages. François-Yves Jolibois, fondateur du Réseau Jade (150 salariés) spécialisé dans les travaux en hauteur a ainsi basé toute son entreprise sur le modèle du Mase. « Tout ce que nous avons mis en place pour la sécurité de nos collaborateurs et de nos clients nous sert aussi pour remonter des informations au niveau administratif ou commercial. » Les gains en performance sont réels, poursuit le dirigeant, vice-président de Mase international : « Nous n’avons quasiment plus de TMS, ni de turn-over. Cela nous a permis de remporter des marchés dans le secteur industriel qui avait d’importantes exigences. ».
Offre de service OPPBTP et certification MASE : Paroles d’entreprise
Nous introduisons des clauses de mieux-disance en sécurité. Lorsqu’un de nos fournisseurs fait le choix de se certifier, il a un bonus dans nos appels d’offres.
Olivier Terral, Enedis.