Témoignage Covid-19: une semaine pour redémarrer l'activité dans l'entreprise Baudoux
Suite à l'annonce du confinement, le 17 mars dernier, l'entreprise Baudoux a d'abord stoppé toute activité. Le temps pour l'équipe dirigeante de formaliser des consignes de sécurité adaptées à la situation, elle a repris rapidement le chemin des chantiers.
Date de mise à jour : 16 avr. 2020
Auteur : Isabelle Condou
©Frédéric Vielcanet
C’est un dirigeant d’entreprise soulagé d’avoir pu reprendre l’activité que nous avons interviewé mercredi 8 avril. Stéphane Chartier, PDG de l’entreprise de charpente métallique Baudoux, installée dans l’Aisne, a décidé de rependre le chemin des chantiers dès le 6 avril. « Suite à l’annonce du confinement, nous avons tout d’abord mis l’intégralité de notre activité à l’arrêt, après avoir sécurisé nos chantiers. Puis rapidement, nous nous sommes réunis avec l’équipe dirigeante pour évaluer la situation et organiser une reprise rapide », confie le dirigeant qui ne minimise pas pour autant la réalité de la situation. « C’est un événement exceptionnel évidemment, mais notre entreprise aura, outre un rôle économique et social, un vrai rôle sociétal à jouer lorsque le pays devra se relever. Il était important pour nous de redémarrer rapidement. »
Formaliser les consignes
Dès début avril, l’entreprise, accompagnée par l’OPPBTP et son service de santé au travail, a formalisé un document établissant les consignes de sécurité adaptées à la situation. Respect des gestes barrière, règles de déplacement (une personne par véhicule sauf si ce dernier est équipé d’une double banquette), achat de savon, de jerricanes d’eau, location de trois bases vie supplémentaires, tout a été prévu pour que l’activité puisse reprendre dans des conditions optimales de sécurité avec une forte mobilisation des salariés.
« Notre typologie de clientèle - industrielle et agricole - fait que nous sommes en contact direct avec elle. De plus, nos chantiers ne sont pas soumis à coordo SPS car nous n’intervenons pas en co-activité. Tout cela nous a facilité la reprise. Pour notre atelier également, cela n’a pas été trop difficile à organiser. Nous avons juste dû adapter notre vestiaire qui ne peut désormais accueillir plus de 3 personnes à la fois. » Les salariés utilisent leurs véhicules personnels pour se rendre sur les chantiers si les VUL ne sont pas équipés pour permettre l’éloignement nécessaire des personnes, un coût important pour l’entreprise.
Un prolongement de la culture prévention
Aujourd’hui, les deux tiers des effectifs (68 personnes) de l’entreprise ont repris le travail, y compris le bureau d’études dont l’activité peut s’exercer en télétravail. « Nous sommes à environ 50-60 % de notre activité habituelle, avec une perte de 55 % de notre chiffre d’affaires en mars, mais ce n’est rien comparé à un arrêt total », concède le dirigeant. Les conducteurs de travaux passent sur les chantiers tous les deux jours et l’encadrement appelle les opérateurs quotidiennement pour s’assurer que tout le monde va bien. Des salariés qui, le chef d’entreprise l’assure, étaient dans leur grande majorité volontaires pour reprendre l’activité. « Nous avons déjà une politique de sécurité très ancrée dans l’entreprise. On l’adapte à cette nouvelle situation mais sur le fond ce n’est pas différent. C’est aussi une question d’état d’esprit. Il y aura un après, c’est certain, mais ça n’a pas changé nos habitudes de sécurité. »
Il nous a fallu une semaine pour réorganiser notre activité.
Pour l’heure, la seule difficulté que le dirigeant admet rencontrer est l’approvisionnement en matériel qui est plus compliqué, les loueurs de la région n’étant pas encore tous organisés pour faire face à la situation. Mais, globalement, Stéphane Chartier se veut confiant. Et rassurant : « Nous nous sommes assurés que tout le monde pouvait reprendre le travail dans les meilleures conditions de sécurité possibles. Je n’ai pas l’impression de mettre plus mes salariés en danger que lorsqu’ils vont faire leurs courses ! ».
*Les informations au sujet de l’épidémie de Covid-19 évoluent rapidement. Ces propos ont été recueillis le le 8 avril 2020.