Port du masque obligatoire chez Rabot Dutilleul

    ©Rabot Dutilleul

    « Pour assurer la reprise de nos chantiers, il a fallu, au préalable, cocher toutes les cases du guide de l’OPPBTP pour préserver la santé de nos salariés et traiter deux sujets incontournables : l’accord de la maîtrise d’ouvrage et des coordonnateurs SPS et la fourniture de masques aux compagnons », affirme Xavier Huou, directeur général adjoint de Rabot-Dutilleul Construction (730 salariés, dont 250 au siège de Wasquehal, dans les Hauts-de-France). « Nous avons réussi, à force de réunions en visioconférence, à finaliser des conditions satisfaisantes avec plusieurs acteurs et nous avons eu de bons retours de coordonnateurs SPS qui ont apprécié les documents que nous leur soumettions. »

    La soixantaine de chantiers de l’entreprise, qui intervient en entreprise générale, conception-réalisation, gros œuvre ou montage immobilier s’étaient arrêtés net le 17 mars. Les services support et administratifs passant, eux, en télétravail. Mais depuis le 14 avril, Rabot Dutilleul Construction s’est fixé pour objectif de relancer trois opérations par territoire avant la fin du mois d’avril. Parmi les sites concernés figurent les chantiers des Grands moulins de Paris, le lycée Jean Macé à Lille (Nord), un chantier de logements pour Nexity à Massy (Essonne), une opération de réhabilitation d’anciens hôpitaux en logements à Nancy (Meurthe-et-Moselle), et la réhabilitation de chambres du Crous de Strasbourg (Bas-Rhin). Nouvel objectif pour le mois de mai : la réouverture progressive de 100 % des chantiers. Et reste à trouver les solutions pour intervenir sur les opérations de réhabilitation en site occupé.

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    Disposer de suffisamment de masques

    Pour reprendre dans de bonnes conditions, outre l’accord de la maîtrise d’ouvrage, l’entreprise devait disposer de suffisamment de masques. Face à la pénurie, elle avait anticipé dès la fin mars, en passant commande auprès d’un fabricant de masques en tissu des Hauts-de-France. « Nous avons bien fait d’aller au bout de cette démarche, se félicite le directeur général adjoint, car l’approvisionnement en masques chirurgicaux ne s’est amélioré qu’à partir du mois de mai. »

    Ces deux préalables levés, l’entreprise a organisé un dispositif complet afin de prévenir le risque Covid-19 sur les chantiers. Xavier Huou, également référent Covid de l’entreprise, le DRH et le directeur Sécurité Qualité Environnement font partie de la cellule Covid-19 chargée de travailler sur ce sujet. « Nous avons élaboré avec quelques collaborateurs de l’entreprise, et en nous appuyant sur le guide de l’OPPBTP et la médecine du travail, notre propre guide Covid Rabot Dutilleul Construction », rappelle Xavier Huou. De nombreux documents, affiches, fiches pratiques, check-list, fiche de poste « chargé de prévention Covid » ont été créés et présentés en CSE et mis à la disposition de tous. « À la suite de ces présentations, les représentants du personnel ont également fait le tour des installations avant la reprise et ont apprécié nos solutions. »

    Zoom sur

    Livraison expresse pour l’hôpital Henri-Mondor

    « Quatre-vingt-cinq lits en plus pour accueillir nos malades du Covid-19. Merci à toutes celles et ceux qui ont accompli l'exploit d'ouvrir le bâtiment réanimation de l'hôpital Henri-Mondor avec 5 mois d'avance ». C’est un message qui n’est pas passé inaperçu. Celui du président de la République, sur les réseaux sociaux, pour rendre hommage à l’exploit réalisé par les équipes de Rabot Dutilleul Construction.

    L’entreprise est en effet chargée de construire un nouveau bâtiment réanimation, bloc et interventionnels pour l’hôpital Henri Mondor de Créteil (Val-de-Marne) : 21 salles d’opération, 55 lits de réanimation et 30 lits de surveillance continue. « Nous devions finir le chantier en septembre 2020, rappelle Xavier Huou, mais le 20 mars, le maître d’ouvrage, l’AP-HP, nous a envoyé un ordre de service nous demandant de livrer une partie de l’ouvrage le plus vite possible. » À ce stade, seuls les travaux de sous-traitants devaient être réalisés, « il a fallu motiver plusieurs corps de métiers, et nous sommes vite montés jusqu’à 130 personnes sur site. »

    Le centre hospitalier a fourni des masques chirurgicaux et du gel hydroalcoolique. Cyril Soares, animateur QSE, a piloté la mise en place de toutes les mesures indispensables à la bonne exécution du chantier dans le contexte de l’épidémie : repérage des vestiaires, organisation des réfectoires, présence d’une société de nettoyage en permanence, gardiennage pour gérer les flux dans la base vie et sur le chantier.

    « Nous avons réalisé un livret d’accueil qui nous a servis pour la reprise d’autres chantiers », souligne le directeur général adjoint. L’équipe d’encadrement de huit conducteurs de travaux a été renforcée de trois personnes pour organiser les pics d’activité et la prévention sanitaire
    liée à la pandémie. Grâce à cette mobilisation exceptionnelle, possible car les autres chantiers étaient à l’arrêt, le 10 avril, les patients atteints du Covid-19 ont pu être accueillis. Les travaux des derniers étages reprendront sans doute en septembre.

    Fiche Accueil Covid-19

    Une fiche Accueil Covid-19 a aussi été conçue, grâce à l’outil de suivi de chantier Resolving, tant pour les collaborateurs que pour tous les sous-traitants, les bureaux de contrôle ou les livreurs. Cette procédure spécifique inclut le questionnaire de santé élaboré par l’OPPBTP, auto-déclaratif. « De plus, précise Xavier Huou, à la demande des délégués du personnel, nous avons instauré la prise de température à l’entrée des chantiers, au moyen de thermomètres frontaux. »

    Et ce sont les chargés de prévention Covid (terme préféré par l’entreprise à celui de « référent Covid ») qui s’assurent que tout intervenant sur un chantier a bien suivi la procédure. Ils sont aussi bien des animateurs QSE, des conducteurs de travaux, des chefs d’équipe, la condition étant qu’ils sachent encadrer et réguler. Mais ils ne se substituent pas à la hiérarchie.

    Organisation de la base vie

    Autre tâche essentielle du chargé de prévention Covid : la validation de l’organisation de la base vie. Il s’agit par exemple de s’assurer de l’étalement des arrivées, de la régulation de l’accès aux vestiaires, du passage par petites équipes au réfectoire, de l’accès à des points de lavage des mains, du contrôle du nettoyage et de sa fréquence, une société de nettoyage étant présente à temps plein sur les grands chantiers. Pour la prise de repas, l’entreprise a utilisé le retour d’expérience de l’opération menée à l’hôpital Henri Mondor (lire l’encadré ci-dessous).

    Le vendredi après-midi, « notre cellule de direction Covid anime des retours d’expérience avec les chargés de prévention Covid pour faire éventuellement évoluer nos règles. » Parmi ces changements issus des retours du terrain, l’intégration, dans la fiche d’accueil, de la possibilité de faire appel à des prestataires pour réaliser l’accueil, sous la responsabilité et le contrôle des chargés de prévention Covid.

    Le guide interne a également évolué pour prendre en compte les nouvelles règles concernant le transport du personnel. Mais ce n’est pas tout : « Des PIC dynamiques magnétiques sont maintenant utilisés pour présenter l’évolution des installations de chantier sans les réimprimer à chaque fois, et nous avons partagé les “astuces des chantiers”, notamment sur la mise en place de kitchenettes Covid au plus près des postes de travail sur les chantiers », détaille Xavier Huou. Un partage d’astuces utile à tous, et qui n’est probablement pas fini.

    *Propos recueillis le 20 avril, complétés début mai 2020

    Témoignage

    Lionel Dehondt, chef de chantier principal Grands Moulins de Paris

    Le chantier est suffisamment grand pour que l’on puisse respecter facilement la distance minimale d’un mètre entre deux personnes.
    En amont de la reprise, « j’ai contacté les compagnons de mon équipe par téléphone, explique Lionel Dehondt, chef de chantier principal Grands Moulins de Paris (réhabilitation de 240 logements), envoyé la liste des personnes à risque, ainsi que des photos de toutes les mesures prises, pour les rassurer. »

    Le jour de la reprise de chacun, au cours de la nouvelle procédure d’accueil, « nous faisons le tour de la base vie, nous parlons du poste de travail, et nous prenons le temps du dialogue avec les compagnons. ». « Sur ce chantier, les postes de travail sont indépendants et le chantier est suffisamment grand pour que l’on puisse respecter facilement la distance minimale d’un mètre entre deux personnes, indique le chef de chantier. De plus, nous avons privilégié l’organisation de binômes, une sorte de “confinement interne“, puisque les compagnons qui travaillent ensemble sont aussi ceux qui font la route ensemble. Dans le respect des règles : disposition en quinconce et port du masque. »

    Afin d’assurer le lavage des masques en tissu, l’entreprise a installé des machines à laver et des sèche-linge sur les chantiers de grandes opérations. « Nous plaçons les masques dans un sachet pour linge délicat, avec les initiales de chaque personne et nous marquons aussi le nombre de lavages avec un feutre indélébile », explique Lionel Dehondt. Chaque jour, quatre masques sont nécessaires : deux sur le chantier et deux pour les trajets.

    Comme sur d’autres chantiers, le problème de la buée sur les lunettes fait l’objet de recherche pour trouver le bon système… « Nous avons acheté des masques d’électricien avec visière intégrée, pour les tester, ce qui est plus confortable », précise-t-il. Autre astuce anti-Covid, le plan d’installation de chantier est placé sous un plexiglas lavable.

    Fin avril, Lionel Dehondt ne cachait pas avoir observé « un relâchement sur le port des masques. Car après deux semaines, les habitudes de production reprennent et on se sent moins en danger. De plus, le Covid-19 est un risque qui ne se voit pas, ce n’est pas comme un garde-corps qu’on oublie, alors nous répétons sans cesse les consignes. D’autant que nous sommes peut-être partis pour travailler comme cela jusqu’à la fin de l’année. »

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