272 dossier - Des travaux techniques encadrés par des entreprises spécialisées

©IATST

En création de réseaux comme en réhabilitation, les entreprises qui se spécialisent dans les travaux sans tranchée se démarquent de la concurrence. Les techniques, peu invasives et performantes, déportent le risque sur d’autres points de vigilance. La préparation de chantier détermine son bon déroulement, tant d'un point de vue technique que prévention ou financier.

1. Adapter la prévention aux contraintes du chantier

Directeur adjoint de Sade Travaux Spéciaux, Philippe Lagubeau préside également DPSM, filiale d’une vingtaine de personnes spécialisée en réhabilitation sans tranchée des réseaux d’assainissement. Il maîtrise donc aussi bien les problématiques de fonçage que de chemisage. « La mise en œuvre du microtunnelier répond aux contraintes spécifiques des travaux souterrains en atmosphère confinée, mais, dans les deux cas, le pilotage se fait depuis la surface et les dispositifs de prévention sont assez équivalents» Moins perturbant pour son environnement que la tranchée ouverte, le recours au microtunnelier s’avère parfois la seule option. Comme sur ce chantier parisien où Sade Travaux Spéciaux réalise une conduite d’eau souterraine entre les deux rives de la Seine (de la Salpêtrière jusqu’à l’Institut médico-légal). « Nous adaptons la technique aux diverses contraintes du chantier, tout en prenant en compte les risques associés comme la chute de hauteur, le risque électrique ou les travaux en hyperbare », témoigne Philippe Lagubeau.

2. Une très faible emprise au sol

« Nous n’avons jamais eu autant de travail, surtout des travaux spéciaux, de petits forages ou sur terrain dur. » Spécialisée dans la pose de conduite en forage dirigé, IATST (Indre) intervient comme sous-traitant de grands groupes (Bouygues, Engie, Sade, Veolia) ou de PME qui font appel à ses services (douze personnes aux travaux). Sa particularité ? Être aussi concepteur, fabricant et distributeur de microforeuses aux propriétés (compacité, maniabilité) appréciées des donneurs d’ordre comme des entreprises utilisatrices. « Le modèle Excalibur permet de travailler sur de faibles emprises au sol, explique Patrick Ferrand, le dirigeant d’IATST. Greffée au balancier d’une pelle de 5tonnes, il suffit à la microforeuse d’une fouille de départ d’environ 2mètres sur 1,5mètre. » L’équipement sert aussi bien à passer sous une voie routière qu'à intervenir sur quelques mètres en milieu urbain. Obtention de la DT/DICT, marquage piquetage au sol et sondage en présence d'une conduite de gaz sont les préalables à tous travaux. « Pour gérer le trafic routier, sur les nationales ou les grandes départementales, nous préférons installer la signalisation par alternats. » Un autre atout est l’autonomie du camion et de son caisson plateau qui embarque non seulement la foreuse mais aussi le groupe électrogène, la pompe hydraulique, la réserve d’eau et même de petits 4x4 diesel pour déplacer le matériel et éviter la manutention.

3. Des chantiers bien balisés contre le risque routier

« Pour nos clients responsables de la gestion des réseaux d’eau, le choix de la technique se fait avec le maître d’œuvre, selon la profondeur de la canalisation et les fuites constatées, explique Jean-Jacques Rousset, ingénieur d’affaires chez RCR (Réhabilitation et Chemisage de Réseaux). En plus de la réduction des nuisances, ce qui emporte l’adhésion pour les travaux sans tranchée, c’est la rapidité» Comptez moins de dix jours pour réhabiliter une section de 500 mètres de long, contre vingt-cinq à trente jours en tranchée ouverte.
Filiale du groupe Etchart, RCR est spécialisée dans le chemisage de réseaux non visitables. Son effectif n’est constitué que de six personnes dont un conducteur et un directeur de travaux. Des travaux moins longs, moins coûteux, moins perturbants, avec moins de personnel. L’investissement, lui, est conséquent. « Il faut compter entre 800 000 et un million d’euros pour l’acquisition des robots de découpe des canalisations, du matériel d’inspection par caméra et des équipements de polymérisation, soit à la vapeur, soit aux UV. » La technicité n’exclut pas la prévention. « L’intervention dans les regards nécessite des mesures de prévention, protections collectives et individuelles, contre le risque de chute ou d’asphyxie, rappelle Jean-Jacques Rousset, qui insiste aussi sur le risque routier. En l’absence de camions et de pelles, ces chantiers peu visibles demandent à être bien préparés, bien balisés pour protéger les intervenants du trafic routier. »

4. Investir dans la formation et les compétences

SMCE Réha intervient en création de canalisations neuves, réhabilitation (chemisage et pose de coques) et maintenance des réseaux d'eaux usées et pluviales

Quand, au début des années 1990, Laurent Gerber s’est lancé dans les travaux sans tranchée, il faisait figure de précurseur. Il a confirmé ce choix en 2000 en créant SMCE Réha (30 salariés), qui intervient aussi bien dans la création de canalisations neuves (par microtunnelier) qu’en réhabilitation (chemisage et pose de coques) ou en maintenance (nettoyage et diagnostic) des réseaux d’eaux usées et pluviales. Affiliée au syndicat des Canalisateurs, l’entreprise travaille à 100 % pour des communautés de communes ou d’agglomérations. « Pour une PME, intervenir sans tranchée est un moyen de se démarquer des grands groupes, de répondre à une demande sur la protection du milieu naturel et de proposer des solutions innovantes, explique le dirigeant. Ces techniques génèrent des gains de temps et d’énergie, elles limitent les nuisances pour les riverains, l’utilisation de gros camions et de grosses pelles, le traitement des déblais et le recyclage de l’eau utilisée sur le chantier. » Lors du chemisage d’une canalisation, l’atelier mobile est autonome, l’opération est dirigée à partir d’une unité extérieure, ce qui limite l’accès des personnes au réseau. « C’est plutôt dans la préparation du chantier qu’intervient la prévention, nous investissons beaucoup dans la certification des personnes, AIPR, Catec, SST, B0/H0*, témoigne Laurent Gerber. Nos salariés sont aussi formés au remplissage des groupes électrogènes, au risque incendie, aux gestes et postures et globalement à anticiper les dangers comme la chute d’objet dans les regards. »

*AIPR (autorisation d’intervention à proximité des réseaux), Catec (certificat d'aptitude à travailler en espaces confinés), SST (sauveteur secouriste du travail), B0/H0 (habilitation d’accès aux locaux électriques).

« En plus de la réduction des nuisances, c’est la rapidité qui emporte l’adhésion. »

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