Chantier parc éolien en mer de Fécamp ou comment produire des méga-ouvrages en série
Date de mise à jour : 23 août 2022 - Auteur : Loïc Féron
- Un chantier gigantesque pour une production industrielle.
- Des équipes spécialisées, mobiles d'une fondation à l'autre.
- Un encadrement renforcé et structuré.
Photo : 260 Chantier parc éolien Fécamp
Crédit photo : Frédéric Vielcanet
Gros œuvre
Pour réaliser les fondations où viendront s'ancrer les 71 éoliennes du parc en cours de construction en mer de Fécamp, Bouygues Travaux Publics rationalise l'organisation. Afin de limiter les manœuvres ultérieures en mer et atteindre un niveau élevé de performance, les modes opératoires et les risques qui en découlent sont analysés. sur chantier avec les équipes travaux.
À l'approche du terre-plein de Bougainville, dans l'enceinte du grand port maritime du Havre (GPMH), le visiteur se retrouve plongé dans un univers futuriste. Sur un terrain de 26 hectares, 71 structures en béton sont en cours de construction. Pas moins de 16 grues à tour sont à l'ouvrage. Une fois immergées, les Gravity Based Structure (GBS), ces embases de 50 mètres de haut pour 5 000 tonnes, serviront de fondations gravitaires aux éoliennes du parc installé au large de Fécamp. En plus des phases de béton (un radier de 31 mètres de diamètre et 6 levées successives), de précontrainte et de mise en peinture (jaune) des éléments immergés, le cahier des charges prévoit la pose des équipements définitifs (échelle d'accès, plate-forme technique, intégration électrique).
Les travaux à terre sont de fait maximisés pour limiter les manœuvres ultérieures en mer. Chaque construction de GBS est en soi un chantier… à reproduire à 71 reprises. « À l'inverse d'une chaîne d’assemblage, ce sont ici les différents corps de métier spécialisés qui se déplacent par équipe pour travailler consécutivement d'une GBS à une autre », explique Quentin Fily, responsable prévention santé-sécurité chez Bouygues TP.
Quatre voies de grues pour quatre lignes de production
Les travaux s'organisent de part et d'autre des quatre voies de grues, de quatre grues chacune, qui sont autant de lignes de fabrication. Si chaque ligne dispose de moyens propres – échafaudages, grues, coffrages –, un parc de préfabrication, dans l'enceinte du site, alimente la totalité du chantier en cages d’armatures. Circulations, stockages, ergonomie des coffrages, levage (grues fixes et mobiles), accès (par monte-charges), éclairages (fixes et mobiles) ou installations d'hygiène (W.-C. répartis sur le site), l'ensemble du dispositif organisationnel et matériel concourt à la prévention.
« Pour autant, compte tenu du gigantisme du site et des opérations, chaque intervenant a reçu une semaine de formation spécifique à l'outil de travail et à la sécurité », souligne Quentin Fily. D'ici à l'été prochain, des chariots multiroues se chargeront de translater les fondations gravitaires achevées jusqu'à des barges, remorquées jusqu'au site du parc éolien en mer où un navire de levage lourd les posera sur le fond marin.
❛❛ Les différents corps de métier spécialisés se déplacent par équipe pour travailler consécutivement d'une GBS à une autre. ❜❜
Un chantier qui monte en puissance
« La montée en puissance est l'un des enjeux de ce chantier ».
Jean-Luc Bouchet, directeur de projet Bouygues Travaux Publics pour le chantier Parc éolien en mer de Fécamp, ne cache pas le défi que représente l'augmentation des ressources humaines sur le site, de 400 à 700, puis à plus de 1 000 personnes. Alors même que la crise sanitaire prive le chantier de nombreux compagnons, le recours au travail temporaire a dû être intensifié. Une vigilance accrue s'impose vis-à-vis de cette population à risque. « Les faux mouvements et efforts excessifs représentent 28 % des accidents déclarés sur le chantier et les chutes de plain-pied 25 %. »
« Circulations, stockage, ergonomie des coffrages, levages ou protections collectives, l'ensemble des mesures participe à la sécurité des intervenants et à la performance globale du chantier », commente Dominique Marienne, adjoint au directeur d'agence Normandie de l'OPPBTP, à l'issue d'une visite. Le dispositif repose sur l'encadrement par les ingénieurs travaux, l'appui de l'équipe HSE et la coordination des chefs de chantiers gérée par le chef de groupe maîtrise.
La production en série des GBS recèle par ailleurs un fort potentiel de productivité.
« Nous capitalisons sur les points positifs pour nous améliorer en continu », explique Quentin Fily, responsable prévention santé-sécurité chez Bouygues Travaux Publics. Entretenue par des formations au poste de travail, la spécialisation progressive des équipes sur telle ou telle levée est une particularité du chantier. « L'apprentissage et la compréhension de l'outil passent aussi par une sensibilisation à notre culture sécurité », insiste Jean-Luc Bouchet.